en construction

Les orphelinats d'Algérie

On va trouver 2 sortes d'orphelins en Algérie :

- les admissions exceptionnelles d'enfants, venus de France avec leurs parents; Là le père ou la mère et souvent les deux parents, et même des frères et des soeurs ont péri à la suite de maladie, d'épidémies, ou d'insécurité.
Les enfants se  retrouvent dans les rues, seuls, sans soutien autres que des voisins ou l'administration.
Ces orphelins seront pris en charge par l’administration ou par des initiatives privées.
Ils seront quelquefois réclamés par leur famille restée en France.
Quelques unes des lettres adressées à l'Administration ont été retranscrites dans la page : "lettres aux orphelins".

- les admissions des orphelins venus de France pour "coloniser l'Algérie".

Les orphelins sont placés dans les attributions du Ministre de la guerre.
En vertu du décret de décentralisation administrative du 30 décembre 1856, les admissions exceptionnelles se trouvent placées dans les attributions du Gouverneur Général de l’Algérie.

D’après les « instructions au sujet des orphelins admis aux frais de l’Administration dans les orphelinats de l’Algérie », voici la réglementation suivie pour l’admission des orphelins en Algérie :

«Ministère de la guerre
5e Direction

Affaires de l’Algérie

« Paris le 23 juillet 1850

Monsieur le GG, l’administration a encouragé par des concessions gratuites d’immeubles ou des subventions,  l’établissement des maisons d’apprentissage pour les jeunes orphelins, dans chacune des trois provinces de l’Algérie ; elle y entretient des pensionnaires à des conditions déterminées par des traités avec les Directeurs fondateurs de ces établissements.
Pour palier  à des abus et pour établir, d’ailleurs, une marche uniforme dans l’instruction des affaires afférentes au service des orphelins entretenus et élevés aux frais de l’administration dans les maisons dont il s’agit, il m’a paru utile de rappeler quelques principes, et de généraliser les instructions particulières déjà émanées de mon département, à ce sujet :
Les instructions ont pour objet :
1°) le mode d’admission ;
2°) les titres qui donnent droit à l’admission ;
3°) la forme des admissions exceptionnelles
4°) quelques dispositions générales.

§ 1 du mode d’admission

Les orphelins entretenus et élevés aux frais du budget local et municipal, dans l’un des établissements charitables de Ben Aknoun (province d’Alger), Misserghin (province d’Oran), et Medjez Amar (province de Constantine) n’y doivent être admis qu’en vertu d’un arrêté spécial, soit du Préfet, en territoire civil, soit du commandant supérieur de la Division, en territoire militaire. Pour le territoire militaire de la province d’Alger, l’admission devra être prononcée par le Gouverneur Général.
Les demandes d’admission devront être formées ou appuyées par le Maire ou par l’agent qui en remplit les fonctions (Commissaire civil, Commandant de place, Directeur des colonies agricoles).
Cette demande devra être accompagnée :
1°) d’une feuille signalétique de l’enfant, indiquant  ses nom et pré noms, la date et le lieu de naissance, la profession et le dernier domicile de ses parents, l’époque de leur arrivée en Algérie, leur pays d’origine.
2°) et autant que possible,
L’acte de naissance de l’enfant,
Les extraits mortuaires de ses parents,
En l’absence de ces pièces, l’autorité qui présentera la demande d’admission y suppléera par des certificats de notoriété, dressés par elle, sur l’attestation de témoins requis à cet effet, au nombre de trois au moins.
Aucun déplacement de l’enfant ne devra avoir lieu avant la délivrance de l’arrêté d’admission.

§ 2 des enfants admissibles

Le décret du 19 janvier 1811, que le décret présidentiel du 13 juillet 1849 a rendu applicable à l’Algérie n’admet que trois catégories d’enfants susceptibles d’être élevés et entretenus par l’assistance publique, savoir :
- les enfants trouvés
– les enfants abandonnés
– les orphelins pauvres.
La loi ne reconnaît pour Orphelin que l’enfant qui n’a ni père, ni mère.
Les règlements administratifs fondés sur le décret du 15 brumaire an 2, assimilent aux enfants abandonnés, ceux dont les parents sont détenus ou condamnés pour faits criminels ou de police correctionnelle.
L’humanité prescrit d’assimiler à l’orphelin l’enfant qui, ayant perdu l’un de ses parents, se trouverait privé de l’assistance de l’autre par suite de la séquestration de celui-ci pour cause d’aliénation mentale ou de son admission dans un hospice d’incurables.
On doit, dans tous les cas, s’assurer que l’enfant n’a point d’ascendants, dont il puisse réclamer l’assistance aux termes des art 205 et suivants du code civil, et qui soient à même de la prendre à leur charge.
Il résulte des principes qui viennent d’être exposés, que l’assistance publique ne doit  prendre à sa charge que les enfants absolument dénués des soins de la famille ; les autorités chargées de prononcer les admissions dans les orphelinats de l’Algérie devront se conformer scrupuleusement à ces principes.
En conséquence, elles n’admettront que des enfants appartenant à l’une des catégories désignées et définies par le décret du 19 juillet 1811, ou susceptibles, aux termes des règlements en vigueur d’être assimilés soit à des enfants abandonnés, soit à des orphelins. Les circonstances dont résulte cette assimilation feront l’objet d’une vérification sévère, et devront être établies par des pièces justificatives.

§ 3 des admissions exceptionnelles

En dehors des catégories ci-dessus établies, les admissions ne pourront être prononcées que pour des cas tout à fait exceptionnels, dont je me réserve l’examen. Il devra donc m’être adressé des propositions spéciales pour les admissions de cette nature. Et chaque proposition devra être joint un tableau détaillé de la famille du candidat indiquant
1°) le nom du parent décédé
2°) les nom et prénoms du parent survivant, son âge, son domicile, son lieu d’origine, sa profession, la durée de son séjour en Algérie
3°) le nombre et l’âge des frères et sœurs du candidat s’il en existe
4°) s’il a ou non des ascendants
5°) enfin, tous les renseignements propres à éclairer sur la situation de la famille du candidat et sur ses titres à l’admission exceptionnelle que l’on propose en sa faveur.
Toutes les règles qui précèdent seront également observées à l’égard des pauvres orphelins placés aux frais de l’administration dans la maison de Mustapha à Alger ou dans d’autres établissements de charité en Algérie.

 

§ 4  Dispositions générales

Afin que je puisse me rendre un compte exact de la situation et de la marche d’un service si digne d’intérêt et susceptible de prendre une si grande importance, j’invite M.M. les Préfets à me faire parvenir dans le mois qui suivra la réception des présentes instructions, un tableau nominatif général des orphelins, entretenus aux frais de l’administration dans l’établissement placé sous leur juridiction respective.
Il me sera ensuite adressé, à partir du 1er octobre prochain, des états trimestriels de mutations.
Je n’ai pas besoin d’ailleurs d’appeler la sollicitude des administrations de l’Algérie sur les établissements dont il d’agit. Leurs fréquentes visites, en même temps qu’elles témoignent du zèle bienveillant de l’administration pour ces utiles institutions, y seront un motif d’émulation pour les Directeurs et les élèves, et par suite un gage de progrès et de prospérité.
Je désire que la situation des orphelinats fasse désormais un des articles des rapports trimestriels de M.M. les Préfets ;
Je vous prie, Monsieur le Gouverneur Général, de m’accuser réception des présentes instructions et de les notifier à ceux de vos subordonnés qui doivent concourir à leur exécution.

Recevez…
Le Ministre de la guerre
Signé : D’Hautpoul »

Traités entre les Directeurs des orphelinats et l’administration

 

Des traités sont signés entre les Directeurs des orphelinats et l’administration, pour fixer les conditions d’entretien des orphelins.
Les premiers traités ont été établis en 1845 avec le Directeur de Ben Aknoun.
Il ne reste plus alors qu’à réviser les conventions provisoires signées en 1845 entre l’Administration et le Directeur de Ben Aknoun.
C’est ce qui est fait, comme le montrent les propositions suivantes :

Le 2 juillet 1850, l’Abbé Brumauld envoie un rapport sur son administration au sein de l’orphelinat de Ben Aknoun, afin de procéder à la révision du traité passé avec l’administration.

 

Voici les propositions :
« La première partie de ces propositions se résume en ces termes :
1°) fixation à 25 francs par mois de la pension des enfants au dessous de 15 ans ;

2°) suppression de la première mise de 60 francs qui lui est allouée aujourd’hui, à l’entrée de chaque élève pour fourniture et entretien de son trousseau.

3°) suppression de toute subvention pour le personnel administratif et enseignant de l’établissement.
Par l’abandon de la 1ère mise et de la rétribution du personnel, M. l’Abbé Brumauld entre tout à fait dans les vues de l’administration. Il ne reste plus qu’à s’entendre sur le chiffre de la pension des orphelins qui lui seront confiés.

« J’adopte le chiffre de 25 ctes pour les enfants au dessous de dix ans ».
Suivant les calculs de M. l’Abbé Brumauld, chaque élève lui occasionne une dépense annuelle de 260 francs, y compris 18 francs 25 ctes pour sou de poche.
Il reste donc par tête d’élève un excédent de 40 francs, qu’on peut admettre comme une appréciation raisonnable de la part afférente à chacun dans les frais généraux.
Mais, dès leur dixième année accomplie, les enfants entrent en apprentissage, et deviennent dès lors susceptibles de produire un travail utile dans une exploitation agricole et dans un système d’apprentissage qui embrasse les divers métiers applicables aux besoins directs de l’agriculture.
C’est un fait dont l’administration est obligée de tenir compte, surtout en présence des résultats obtenus en France, dans des établissements analogues à celui de Ben Aknoun, notamment à Mont Bellet (Saône et Loire), où l’on est parvenu à tirer du travail d’enfant dont la moyenne d’âge n’était que de douze ans et demi, un produit supérieur à leur dépense de nourriture et d’entretien.
Quelque minime qu’on suppose le résultat utile du travail produit par des enfants, ce travail doit être rétribué proportionnellement à son utilité.
Ce salaire, si petit qu’il soit, sera pour l’administration la garantie la plus réelle et la plus sûre de la bonne direction donnée à l’éducation professionnelle de ses pupilles, garantie résultant de l’intérêt qu’auront les chefs de l’établissement à faire travailler ces enfants de la manière la plus rationnelle et la plus utile.
Sous le rapport du salaire, les enfants dont il s’agit me paraissent devoir être divisés en deux classes, savoir :

  1. ceux de dix à 12 ans, dont le travail serait rétribué à raison de 15 ctes par jour ouvrable, soit 3,75 par mois :
  2. ceux de 12 à 15 ans, qui recevraient un salaire double, soit 7,50 par mois.

Le tarif de la pension des élèves de Ben Aknoun serait, en conséquence, fixé ainsi qu’il suit, par mois :
Pour les enfants au-dessous de 10 ans          25.00
 -‘’-                      de 10 à 12 ans                    21.25
-‘’-                       de 12 à 15 ans                    17.50
Il est bien entendu que le sou de poche stipulé par le traité actuel en faveur de l’élève, continuerait à être prélevé sur cette rétribution.  

A  partir de 15 ans, les enfants cessent d’être à la charge de l’administration, leur travail couvre les frais d’entretien, et même au-delà. C’est alors que commence pour eux le droit à un pécule, dont le principe est admis par l’Abbé Brumauld, et dont l’accumulation jusqu’à leur majorité ou à leur sortie de la maison d’apprentissage, doit leur constituer une espèce de dot, un petit capital qui facilitera leur établissement.
Il appartient à l’administration de stipuler la quotité de ce pécule et de déterminer les garanties qui doivent l’entourer jusqu’à la mise en possession de l’ayant droit.
Ce pécule devra suivre une progression ascendante d’année en année. Je me borne à l’énonciation de ce principe, laissant à l’autorité locale le soin de le formuler en chiffres précis. Je vous rappellerai, toutefois, que M. le conseiller de préfecture Walwein, dans un rapport du 25 juillet dernier, que vous voudrez bien vous faire communiquer par M. le Préfet a établi à cet égard, des données qui m’ont paru fondées sur une judicieuse appréciation des intérêts qu’il s’agit de sauvegarder. Les chiffres qu’il a posés pourront servir de base à la discussion d’une convention définitive à ce sujet.
Quant à la durée du nouveau traité à établir avec M. l’Abbé Brumauld, je désire qu’elle soit limitée à trois années. Il importe de ne pas engager l’administration pour un trop long terme, afin de n’apporter aucun obstacle à des combinaisons moins onéreuses et plus conformes à ses vues d’avenir, qui pourraient être ultérieurement proposées ou adoptées.
Dans ce même but, il sera convenable de réserver à l’administration la faculté de retirer de Ben Aknoun les enfants qu’elle y aura placés, lorsqu’ils auront atteint leur 12e année.
M. l’Abbé Brumauld propose de se charger, à des conditions spéciales qu’il fera ultérieurement connaître, des enfants infirmes et incurables. Cette proposition mérite d’être prise au sérieux considération, et il devra être invité à formuler immédiatement ses conditions, afin qu’elles puissent être comprises dans le traité à intervenir.

 

 

Le 12 avril 1851 le Préfet d’Alger effectue une nouvelle révision du traité existant.
Dans le projet du nouveau traité, la première obligation, que prennent M.M. les Abbés Reynaud et Brumauld, est celle de consacrer pendant dix ans à partir de la ratification par M. le Ministre de la guerre, les bâtiments d’exploitation, et les terres leur appartenant à Ben Aknoun et à Bouffarik, à l’éducation spéciale c'est-à-dire professionnelle et surtout agricole des jeunes orphelins qui leur seront confiés par l’administration.
Ils fixent ainsi qu’il suit les allocations à payer, savoir :

  1. pour les enfants au dessous de 10 ans : 0,90 f par jour
  2. pour les enfants de 10 à 15 ans : 0,80 f par jour
  3. pour les enfants de 15 à 18 ans : 0,50 f par jour.
  4. Sans aucune première mise pour le trousseau.

A partir de l’âge de 18 ans, les Directeurs des deux maisons s’engagent à trouver dans le travail de chaque enfant les moyens de subvenir à son entretien et à le munir au jour de sa sortie par suite de majorité, d’une valeur de 100 francs et plus selon les récompenses qu’il aura obtenues successivement et progressivement par sa bonne conduite et son travail.
Me préoccupant d’abord, au point de vue des intérêts du trésor, des bases sur lesquelles M.M. les Abbés Reynaud et Brumauld ont établi leurs calculs, je me suis assuré que, eu égard aux frais résultant de cette éducation ainsi que de l’entretien et de la nourriture, les allocations qu’ils demandent ne sont point exagérées, et qu’ils ont établi une balance aussi exacte que possible entre la dépenses et la recette, en rendant compte du produit qu’ils pourront retirer du travail des enfants remis à leurs soins proportionnellement à leur âge.
En fut il autrement, Monsieur le GG, qu’il me semblerait d’une sage administration de ne pas marchander, dans les circonstances actuelles, l’établissement d’une institution de cette nature, et que les avantages immenses qu’elle doit procurer au pays compenseront, suivant moi, et bien au-delà, la perte de quelques économies très problématiques.
Il importe, en effet au moment où tous les efforts tendent et doivent tendre vers l’agriculture, d’accueillir avec empressement ce moyen infaillible de préparer, pour un avenir peu éloigné, des hommes qui auront fait sous tous les rapports, leur apprentissage du climat, et qui apporteront sur toutes les parties du territoire, l’exemple pratique de leur aptitude et de leur moralisation, c’est à mon avis le plus puissant élément de colonisation que l’on puisse désirer.

J’ajouterai une dernière observation qui m’a paru d’une justesse remarquable et dont j’emprunte le texte à M. l’Abbé Brumauld, c’est qu’en dehors de l’intérêt des particuliers et de la société, l’institution de l’orphelinat garantit l’intérêt du trésor lui-même, soit par réduction de dépenses pour les sujets qui, dans leur misère et leur vie seraient à la charge d’une manière ou d’une autre pendant leur vie, au lieu de la grever seulement pendant leur première jeunesse, soit par augmentation de recettes quand ces sujets élevés avec soin, seront devenus producteurs de consommateurs qu’ils étaient et qu’ils auront toujours été.
Les autres conventions proposées par M.M. les Abbés Reynaud et Brumauld et qui se rattachent aux détails, me semblent parfaitement conçues et ne donnent   lieu de ma part à aucun commentaire ni objection, si ce n’est celles contenues dans le dernier paragraphe de l’art 10 et dans l’art 11.
Au dernier § de l’art 10, il est dit qu’aux conditions précieusement énoncées, l’administration n’entrave pour rien dans le rapport des frais généraux, y compris même ceux du personnel, sauf la fourniture de remèdes  et la concession de passage de 2e classe pour les Directeurs et Maîtres qui auront à venir de France et d’y rentrer.
Quant à l’allocation des passages, je n’y vois aucune difficulté, mais en ce qui concerne la fourniture des remèdes, elle créerait pour l’administration une dépense dont il serait impossible de prévoir la portée, et qui donnerait lieu d’ailleurs à une complication d’écritures et de comptabilité qu’il parait essentiel de prévenir.
Sous ce rapport, et s’il était reconnu que les remèdes ne doivent pas être compris dans les frais généraux calculés par le Directeur, je considérerais comme infiniment préférable d’ailleurs d’allouer une somme fixe, soit un supplément de journée pour ne pas imposer cet embarras à l’administration.
La seconde objection est relative à l’art 11 : partant qu’il sera passé un traité spécial pour les enfants infirmes dont le travail ne pourrait, en aucun temps, couvrir la dépense..
Cette clause aurait pour premier inconvénient de laisser en arrière un supplément de traité à conclure, et constituerait en outre une situation anormale en détournant l’établissement de sa véritable destination.
Vous pensez sans doute, comme moi, M. le GG, qu’il y a lieu de la supprimer et que, dans le cas où un enfant se trouverait dans un état d’infirmité tel qu’il ne puisse en aucun temps se livrer au travail, il y aura lieu de le placer dans un hospice.

 

Voir les vues caom 28.02.07 vues 1101 à 1121 : règlements de la maison d’apprentissage de Ben Aknoun

le 17 septembre 1851
Traité entre l’Administration et M. les Abbés Reynaud et Brumauld pour l’éducation des orphelins pauvres placés à Ben Aknoun et Boufarik

 

Entre le Préfet du département d’Alger au nom de l’Etat d’une part,
Et M.M. les Abbés Lazare Reynaud et Fd Brumauld, Directeurs des maisons d’apprentissage de Ben Aknoun et de Boufarik, d’autre part ;
                            A été arrêté ce qui suit :

M.M. les Abbés Reynaud et Brumauld s’engagent, avec l’agrément de Mr l’Evêque d’Alger, à consacrer pendant un terme de vingt années, les bâtiments d’exploitation et les terres leur appartenant à Ben Aknoun et à Boufarik, à l’éducation spéciale, c'est-à-dire professionnelle et surtout agricole des jeunes orphelins qui leur seront confiés par l’Administration, aux conditions suivantes :
Art 1er : Chaque orphelin sera admis dans l’une ou l’autre des deux maisons et en sortira sur la remise d’un ordre d’entrée ou de sortie délivré par l’autorité administrative.
Art 2e : Les orphelins de père et de mère resteront dans la maison où ils auront été admis jusqu’à leur majorité, ou jusqu’à leur appel sous les drapeaux.
Ils pourront néanmoins, en être retirés avant l’expiration du temps fixé, à la demande d’un membre de leur famille, sur un ordre de l’autorité administrative.
Dans ce cas, le parent qui demandera la sortie d’un orphelin devra préalablement justifier de sa moralité et de la possession de ressources suffisantes pour pouvoirs subvenir aux besoins de l’orphelin et lui procurer un état.
Le dit parent pourra de plus, conformément aux règles en vigueur dans la Métropole, être astreint au remboursement des dépenses faites pour l’enfant par l’administration.
Un orphelin pourra aussi passer de Ben Aknoun à Boufarik et vice versa, dans l’intérêt de sa santé ou de sa moralité, ou pour tout autre raison  à apprécier par les deux Directeurs qui en réfèrent cependant préalablement à l’autorité administrative.
Art 3e : l’Administration se réserve de placer à Ben Aknoun à titre temporaire et jusqu’à ce qu’on ait pu s’enquérir de leur famille, les enfants abandonnés  ou orphelins se trouvant momentanément sans ressources.
Art 4e : Aucun enfant ne sera admis avant l’âge de six ans accomplis.
             Les enfants atteints de maladie contagieuse ne seront reçus qu’après leur complète guérison.
                Le Directeur de la maison pourra, de concert avec l’autorité administrative, écarter après l’admission, les enfants dont le contact moral serait reconnu dangereux pour leurs camarades.
Art 5e : Le Directeur de chaque maison tiendra un registre à l’effet de constater les entrées et les sorties des orphelins.
                        Ce registre contiendra :
Le n° d’entrée de l’orphelin, la date de son admission dans l’établissement, ses noms et prénoms,
La date de sa naissance, le lieu de sa naissance, le lieu du dernier domicile de ses parents ; la date de sa sortie soit par décès soit autrement ; les noms, prénoms, âge, profession des pères et mères ; Enfin dans une colonne d’observation, tous autres renseignements pouvant intéresser l’enfant et servir plus tard à faire établir sa filiation.
Art 6e : l’éducation spéciale qui sera donnée dans chaque maison d’apprentissage pour les orphelins consistera pour tous, dans les soins physiques et moraux que les parents doivent à leurs enfants, et dans l’enseignement ordinaire des écoles primaires. On y joindra, au fur et à mesure que les enfants en deviendront capables, l’enseignement agricole, ou celui d’une profession se rattachant à l’agriculture selon le goût et l’aptitude de chaque sujet.
Art 7e : le régime alimentaire des orphelins sera modelé sur celui des enfants de troupes dans les régiments. Il en sera de même pour le logement, l’ameublement, l’habillement et tout ce qui concerne l’entretien en santé et en maladie.
Art 8e : les heures d’études et la distribution du temps des orphelins seront fixés, ainsi que les autres parties de la police intérieure de l’établissement, par un règlement qui sera approuvé par l’autorité administrative.
Art 9e : le personnel de chaque maison est laissé au choix des Directeurs respectifs et responsables.
Art 10e : le prix de la pension des enfants placés par l’administration dans les maisons de Ben Aknoun et de Boufarik est fixé :
          à quatre vingt dix centimes par jour pour les enfants au dessous de dix ans
           à quatre vingt centimes par jour pour ceux de dix à quinze ans
           à cinquante centimes par jour pour ceux de quinze à dix huit ans
            aucune             ne sera donnée pour le trousseau.
Pour chaque journée de présence à l’infirmerie, l’allocation sera portée à un franc, quelque soit l’âge de l’enfant.
A partir de l’âge de dix huit ans, les Directeurs des deux maisons s’engagent à trouver dans le travail de chaque enfant les moyens de subvenir à son entretien et de le munir au jour de sa sortie par suite de majorité d’une valeur de 100 francs au moins et plus selon les récompenses qu’il aura obtenues successivement et progressivement par sa bonne conduite et son travail, ou d’une somme proportionnelle dans le cas où, par suite de son appel sous les drapeaux, il quitterait la maison avant l’âge de 21 ans révolus.
Quant aux enfants envoyés à Ben Aknoun ou à Boufarik à titre temporaire, conformément aux dispositions du dernier ! de l’art 2 ci-dessus, il sera alloué pour eux au Directeur un francs par jour de présence.
A ces conditions, l’Administration n’aura à entrer pour rien dans le support des frais généraux, y compris même ceux du personnel et sauf le droit au passage gratuit conformément aux règlements, pour les Directeurs en Maîtres qui auront à venir de France ou à y rentrer.
Art 11e : le prix de la pension des orphelins infirmes sera jusqu’à leur sortie, le même que celui des orphelins âgés de moins de dix ans.
Art 12e : les présentes conventions seront exécutoires à partir du 1er novembre 1851.

Le 29 octobre 1852

 

 

 

Création des orphelinats en Algérie

http://alger-roi.fr/Alger/ben_aknoun/textes/orphelinats.htm

« Le 25 mai 1844, le père Ferdinand Brumauld (1798-1863) acquiert, pour 120.000 F une vieille maison située à Ben Aknoun, à 6 km au sud ouest d’Alger. Il achète ensuite des fermes attenantes, portant la propriété à 150 ha de cultures, jardins, prairies et landes. Il y accueille 120 orphelins. Le Maréchal Bugeaud l’aide à surmonter les grosses difficultés financières de cette entreprise.
Les enfants sont accueillis à partir de 6 ans jusqu’à leur majorité. Ils seront

  1. 150 en 1845
  2. 200 en 1846
  3. 250 en 1848
  4. 270 en 1850 

Les  établissements charitables de Ben Aknoun (province d’Alger), Misserghin (province d’Oran), et Medjez Amar (province de Constantine) existaient avant 1851.

Vu dans un dossier des orphelins admis exceptionnellement dans la province d’Oran :
Dossier de DEUDON Julie Rosie pour Sœurs trinitaires d'Oran et Alfred pour Misserghin
« la dépense résultant du séjour de ces enfants dans les ets ci-dessus désignés est imputable sur les crédits du chapitre 35 du budget de la guerre, pour l’exercice 1851 (colonie agricole). Elle serait de 15 francs par mois pour la jeune fille, et de vingt et un francs cinquante ctes aussi par mois pour le jeune garçon »
Dossier DESIRE Jacques
Les orphelins ne sont admis que jusqu’à l’âge de 15 ans dans les ets du gouvernement

En avril 1851 le Gouverneur Général d’Hautpoul confie à 2 religieux : le Père Brumauld au camp d’Erlon près de Boufarik, et le père Abram à Misserghin, le soin de recueillir et d’instruire ces enfants.
Le Père Abram crée la congrégation des Frères de l’Annonciation.

 

Projet d’agrandissement de l’orphelinat de Ben Aknoun

 

Le 2 juillet 1850, l’Abbé Brumauld envoie un rapport sur son administration au sein de l’orphelinat de Ben Aknoun, afin de procéder à la révision du traité passé avec l’administration.
Lors de la lecture de ce rapport, le Ministre de la guerre s’inquiète de « l’anomalie que présente l’incorporation d’une institution publique comme celle des orphelins, à une propriété privée et des inconvénients de plus d’un genre attachés à cette incorporation. »

En septembre 1850, il propose donc de racheter l’établissement aux conditions proposées par l’Abbé Brumauld.

Le père Brumauld riposte vivement.
En effet, cette situation se retrouve souvent dans les orphelinats en France, et les Abbés Abram à Misserghin  et Landmann à Medjez Amar sont eux aussi propriétaires de leurs concessions, et n’ont pas été interpellés.
Quant aux « inconvénients de plus d’un genre attachés à cette incorporation », l’Abbé Brumauld demande qu’on veuille bien lui en signaler quelques uns déjà reconnus par l’expérience. 
Il menace même de quitter la direction de l’orphelinat si on l’oblige à vendre sa concession. Le Ministre renonce à son projet, le trouvant d’ailleurs trop onéreux pour les finances de l’Algérie.
Mais l’Abbé Brumauld, dans son mémoire du 2 juillet 1850 demande :

1°) la concession gratuite de la partie disponible du domaine de la Rassauta, pour lui et ses collaborateurs ;
2°) une avance ou plutôt une subvention en argent, à titre de premiers frais d’installation, etc…

Mais la réponse du Ministre de la guerre est négative.
Pour le premier point, le domaine de la Rassauta n’est pas disponible.
Quant à la question de la concession, elle est plus complexe qu’elle n’y parait : en effet,  l’Abbé Brumauld n’est en Algérie que le fondé de pouvoir de la société de Jésus, et il n’est que « le propriétaire nominal de Ben Aknoun ».
La propriété irait au profit de l’association religieuse dont il est membre ;
Dans le courrier du Ministre de la guerre au GG du 7 décembre 1850, il est dit :

« Ben Aknoun possède déjà 100 hectares de terres. Cette étendue doit fournir une exploitation suffisante au jeu de l’établissement, et à l’entretien de son personnel. Je ne pense pas que le nombre des enfants susceptibles d’être entretenus dans l’orphelinat de Ben Aknoun, doive jamais dépasser le chiffre actuel de 250. Par suite des fondations qui viennent d’être faites dans chacune des provinces de l’est et de l’ouest, cet établissement sera exclusivement assigné aux orphelins de la province d’Alger ; à mesure que la population coloniale s’affermit et que la famille se développe sur le sol algérien, que ce sol lui-même s’assainisse par la culture et les travaux de l’industrie, les causes de l’orphelinat diminuent ; et d’ailleurs, il y a eu, dans le passé, beaucoup d’admissions abusives qui ne pourront plus se renouveler. J’estime donc et j’espère que le nombre de pensionnaires de l’administration à Ben Aknoun ira toujours en décroissant.
J’en conclus qu’au point de vue des services que l’administration tire de cet établissement, il n’y a pas nécessité d’accroître son domaine rural. Il est vrai que M. l’Abbé Brumauld porte ses vues plus loin ; mais dans ses rapports avec Ben Aknoun, l’administration n’a à se préoccuper que de l’intérêt du service de ses orphelinats, et nullement d’un système particulier de colonisation.
En second lieu, M. l’Abbé Brumauld demande une subvention en argent, pour frais de première installation, construction et défrichement sur le sol qui lui serait concédé.
La concession étant écartée, les motifs allégués pour la subvention disparaissent. Toutefois, comme l’administration a plus d’une raison de se montrer bienveillante envers le fondateur de Ben Aknoun, et comme il paraît établi que l’immeuble est grevé d’une rente assez forte, représentant l’intérêt d’une partie du prix d’acquisition, je ne repousse pas d’une manière absolue le principe d’une subvention. Je vous laisse, Monsieur le GG, le soin d’apprécier ce qu’il serait juste et raisonnable de faire à cet égard, et de me soumettre des propositions que j’examinerai avec intérêt, et sur lesquelles je statuerai dans la mesure des ressources de la caisse locale et municipale. » 

 

 

L’orphelinat de Boufarik

 

Le 16 août 1851, l’abbé Brumauld entre en possession des bâtiments de l’ancien camp d’Erlon à Boufarik : pour une superficie de 7 ha 37 a et 72 c.
Il prend possession également des terrains situés à l’extérieur, qui dépendent de ce camp d’Erlon et qui servaient au parcage des troupeaux de l’administration de la guerre, ainsi qu’une pépinière pour une superficie de 31 ha 26 a.
Enfin, il devient propriétaire d’un lot de 86 ha à prendre sur l’Haouch Ber ??
La superficie totale est de 124 ha 64 a 70 c.
Ces terres sont abandonnées à l’Abbé Brumauld, à condition qu’il les consacre pendant 20 ans à une maison d’apprentissage agricole des jeunes orphelins ou autres enfants qui pourront, en vertu de traités spéciaux, lui être confiés par l’administration.
Si au bout de ces vingt ans l’Abbé Brumauld veut utiliser ces terres pour un autre motif que l’orphelinat, il devra verser une somme de 40.253,94 francs représentant la valeur des immeubles et terrains.
Au cas où l’Abbé Brumauld ne respecte pas les termes des traités passés avec l’Administration pendant les vingt ans, les immeubles et terrains reviendront à l’état.

Par délibération du 27 avril 1851, l’ancien camp d’Erlon devient la propriété de l’Abbé Brumauld :

 

Au nom du Peuple Français,
Le Président de la République
Vu l’ordonnance du 9 novembre
Les avis du Conseil de Gouvernement,
Le Comité consultatif de l’Algérie
Sur le rapport du Ministre de la Guerre

 

Décrète

Article 1er

Il est fait abandon en toute propriété à M. l’Abbé Brumauld, fondateur et Directeur de l’établissement d’orphelins de Ben Aknoun les immeubles ci après désignés :
1°) les bâtiments de l’ancien camp d’Erlon, sis à Bouffarik, ensemble les enclos, cours etc., d’une contenance de  7 ha 37 a 72 c

 

2°) les terrains extérieurs dépendant du dit camp, lesquels terrains étaient affectés autrefois au parcage des troupeaux de l’administration de la guerre, et une pépinière ; superficie  31 ha 26 a
Lesdits bâtiments, enclos, terrains sont désignés aux plans ci joints, n° 1

3°) Un lot de 86 ha à prendre sur l’Haouch Berv Abed ?? (district de Bouffarik)

Ledit lot désigné au plan ci-joint n°2

Total                                          124 ha 64 a 70 c

Article 2

Cet abandon a lieu à la condition expresse que M. l’Abbé Brumauld, pendant une période de 20 ans, consacre les immeubles sus désignés, à une maison d’apprentissage agricole des jeunes orphelins ou autres enfants qui pourront en vertu de traités spéciaux, lui être confiés par l’administration.

Article 3

Si, par la suite ou la volonté de l’administration ou de M. l’Abbé Brumauld, les immeubles abandonnés cessent, après un temps de vingt années à partir de ce jour d’être affectés à un orphelinat ou à tout autre établissement de même nature, agréé par l’Etat, Mr l’Abbé Brumauld versera à la caisse du receveur des Domaines de Blidah, la somme de quarante mille deux cent cinquante trois francs quatre vingt quatorze centimes représentant la valeur desdits immeubles, suivant procès verbal d’expertise en date du 27 mars 1851.
Le paiement se fera par tiers, d’année en année à partir du jour de la notification sera faite à Mr l’Abbé Brumauld ou à ses ayants droits, d’avoir à se libérer ;

Article 4

En cas d’inexécution des traités passés avec Mr l’Abbé Brumauld pour l’éducation des orphelins de l’Etat et pour l’établissement de jeunes détenus pendant la période de vingt années, les immeubles abandonnés feront purement et simplement retour à l’Etat. Mr l’Abbé Brumauld ne pourra démolir les bâtiments actuellement existants sans en avoir obtenu l’agrément de l’autorité.

Article 5

Mr l’abbé Brumauld supportera les contributions de toutes les servitudes ou services fonciers dérivants, soit de la situation des lieux, soit des obligations imposées par les lois, ou celles qui seront ultérieurement établies, par l’administration, dans l’intérêt des exploitations agricoles et pour les services des terrains voisins.

Aticle 6

L’administration se réserve expressément la propriété des sources et cours d’eau connus ou inconnus, existant sur les terrains abandonnés et Mr l’Abbé Brumauld sera tenu de se conformer à cet égard, à tous les règlements existants ou à intervenir.
L’usage de ces eaux sera réglé ultérieurement par l’administration et jusque là, Mr l’Abbé Brumauld aura le droit d’en jouir, à charge pour lui, dans les cas où il voudrait exécuter des constructions ou faire des travaux se rattachant à cette jouissance, à en référer à l’Administration, qui statuera en dernier ressort, dans le délai de trois mois.

Article 7

Mr l’Abbé Brumauld sera tenu, pendant un délai de dix années, de livrer sans indemnités à l’Etat, tous les terrains qui lui seraient nécessaires pour l’établissement des routes, chemins, aqueducs et cours d’eau, avec des servitudes ordinaires de francs bords, sauf le cas où ces établissements causeraient des dommages aux constructions pré existantes.
Il acquittera les impôts qui pourront être établis sur la propriété en Algérie.

Article 8

Le Ministre de la guerre est chargé de l’exécution au présent décret.

Fait à l’Elysée Nationale le 16 août 1851

 

Collationné :
Le Chef des bureaux
Des Secrétariats et
Des Lois et

Signé : Bonaparte

Le Ministre de la guerre
Signé : Random
Pour ampliation
Le Secrétaire Général

 

Une subvention de 40.000 francs avait été prévue, pour les travaux d’installation de l’orphelinat ainsi que d’une colonie pénitentiaire

La somme est ramenée à 20.000 francs pour l’orphelinat, sachant que le projet pour  l’établissement pénitentiaire n’est pas encore résolu.

Cette somme est imputable, moitié sur le budget local et municipal, moitié sur les fonds dont je me suis réservé l’emploi, au titre du chapitre 35 du budget de la guerre (exercice 1851).

Par décision en date du 29 août 1851, le Ministre de la guerre affine les résolutions prises le 22 avril 1851 :
« Les seules modifications que j’ai cru devoir apporter à la rédaction proposée par le conseil consistent :
1°) dans l’application aux orphelins qui seraient appelés sous les drapeaux avant d’être arrivés à leur majorité, de la disposition qui assure un pécule aux enfants sortant de la maison après l’âge de 21 ans accomplis.
Cette addition se justifie d’elle-même et n’a pas besoin d’être expliquée.
 2°) dans la fixation d’un prix spécial pour la journée d’enfant malade qui sera payée à raison d’un franc, quelque soit l’âge de l’enfant.
Les réclamations faites par Mr l’abbé Brumauld dans le but d’obtenir que les médicaments dont il aura besoin pour le service des orphelins lui fussent fournis gratuitement étaient inadmissibles et j’ai adopté à cet égard les propositions du Conseil du Gouvernement ; mais en examinant attentivement cette question, mon département a du reconnaître que, évidemment les enfants doivent coûter davantage dans l’état de maladie, et qu’il y aurait lieu de tenir compte aux Directeurs de ce service de dépense : c’est dans ce but que, sur l’avis du comité consultatif de l’Algérie, j’ai accepté pour la journée de présence à l’infirmerie le prix de un franc. »

Le décret présidentiel en date du 16 août 1851 sanctionne la cession des immeubles domaniaux sis à Boufarik au profit de l’Abbé Brumauld pour l’installation de l’orphelinat de la province d’Alger 

 

 

Viviers de l’ancien hôpital militaire de Boufarik

Viviers et lavoir

 

L’Abbé Brumauld par un courrier du 1er mai 1851, reprend tout ce que l’administration lui  refusé et lui a soustrait.
Il demande un allègement de ses remboursements et une exonération de 20.000 francs qu’il doit au trésor pour « le mobilier et la pharmacie du petit hôpital militaire de Bouffarick que j’ai acheté. Toute cette acquisition est déjà absorbée par l’installation de notre infirmerie et du personnel préparé. »

 

Le 16 août 1851, en vertu d’un décret présidentiel, les locaux de l’hôpital militaire de Bouffarik construit sur l’ancien camp d’Erlon, passent aux mains de l’administration civile pour être remis à l’Abbé Brumauld.
Une polémique se fait jour à propos des viviers à sangsues et du lavoir qui faisaient partie des locaux remis.
Ces viviers contiennent des annélides qui se reproduisent et fournissent les sangsues. A VERIFIER
Ces sangsues sont vendues et le prix de leur vente remplit les caisses du trésor.

Or, l’Abbé Brumauld considère que les viviers sont compris dans les terres dont il a la propriété, et propose de racheter les sangsues au prix de 0.20 centimes pièce.

Il s’avère qu’au départ, les viviers et lavoir devaient être remis au Domaine pour passer en toute propriété à la communauté dirigée par l’Abbé Brumauld.
Mais l’Intendant militaire de la division d’Alger estime que les sangsues, élevées dans les viviers de Bouffarik pourraient, ajoutées à celles d’Alger faire économiser beaucoup d’argent en approvisionnant les hôpitaux de le division et plus tard les hôpitaux de toute l’Algérie.

 

Des ordres provenant du Gouverneur Général de l’Algérie au Commandant supérieur du Génie, sont donnés pour que les viviers construits à Bouffarik aux frais de l’administration de la guerre, ne soient pas compris dans la remise faite à l’Abbé Brumauld.

Extrait d’une lettre de M. l’abbé Brumauld au Ministre de la Guerre, en date du 27 mai 1852

4° dans les dépendances du camp se trouvent compris, quoique éloignés, le vivier des sangsues et le lavoir de l’hôpital.
Ayant été mis de prime abord en possession de l’un et de l’autre, je renonçais ensuite provisoirement au vivier sur lequel M. l’Intendant désira conserver les droits ; mais la clef du lavoir me fut laissée et je l’ai encore entre les mains des sœurs de Bouffarik sans qu’elle me soit réclamée.
Comme cependant des difficultés pouvaient survenir, parce que cette partie de l’immeuble ne figure pas au plan, je demande que l’omission soit réparée, et en vous faisant cette demande, Mr le Ministres, je vous fais aussi connaître que mon intention ultérieure est d’affecter la jouissance du lavoir et du vivier, quand il me sera revenu, à un établissement de jeunes filles, destinées à devenir femmes de mes enfants. C’est dans cette pensée que j’ai déjà confié la clef du lavoir aux sœurs de Bouffarik. »

 

La pépinière de L’Haouch de Sidi Bel Abbes

 

 

Par délibération du 20 décembre 1850, le Conseil du Gouvernement a décidé de réserver une surface de 113 hectares de l’Haouch de Sidi Bel Abbes, destinés à la construction d’une pépinière dans le secteur particulier.
Sur ces 113 hectares, les orphelins de l’Abbé Brumauld ont été installés.
Trois autres pépinières particulières ont été créées par décision ministérielle du 28 mai 1851 et 10 juin 1851, dans la colonie agricole.
Mais le Ministre de la guerre, ne veut pas entendre parler des pépinières exploitées par des particuliers ; il veut des pépinières entretenues par l’Etat, mais sans trop penser à étendre ces exploitations.
La pépinière de 113 hectares lui semble trop importante, surtout au regard des besoins des villages environnants.
Il demande donc que soient soustraits 15 ou 20 hectares des 113 hectares proposés.
Il émet l’hypothèse que cette pépinière réduite serait plus avantageuse si elle était située sur l’Haouch Cheurfa ??, à quelques kilomètres de Boufarik.
Mais cela sera possible uniquement si les travaux déjà engagés à Sidi Bel Abbès se soient pas trop avancés.
C’est sans compter sur une pétition de 80 habitants de Boufarik qui veulent un lot de terre qui leur a été promis.

La pépinière de Sidi Bel Abbes est réduite de 20 hectares, et les colons de Boufarik  auront leur lot de terre.
Ces 20 ha devront être boisés dans un délai de 3 ans, et c’est à cette condition que 15 ha seront concédés à l’Abbé Brumauld

Mais, alors qu’il n’a pas encore le titre de propriété, il a déjà semé, planté et bâti sur cette terre, bien avant que cette parcelle ait été destinée à la réserve pour une pépinière.
L’affaire avait été suspendue du fait du voyage de l’Abbé Brumauld à Paris, en ???????? 1852.
Le ????????? le titre définitif de ces 15 ha est signé.
Mais un autre problème se profile : l’administration a fait construire une baraque sur cette parcelle, d’un coût de 3.000 francs. Il est question de refacturer cette somme à l’Abbé Brumauld.
Mais ce dernier ne peut accepter ces conditions « « attendu qu’elles lui paraissent contraires aux intentions de Mr le Ministre de la guerre et aux vôtres. »
Plusieurs solutions sont envisagées :

 

  1. versement des arrhes jusqu’au remboursement complet des 3.000 francs

-     convertir ladite somme de 3.000 francs en livraison d’arbres à prendre pour les services publics dans sa pépinière de Bouffarik jusqu’à concurrence de sa dette.

Suite ??....

Histoire des orphelins trouvés en France et amenés en Algérie

C’est vers la fin de l’année 1850, que le Ministère de la guerre travaille sur une idée : la colonisation de l’Algérie par les enfants tombés à la charge de l’assistance publique.
Ce projet nécessitera un grand nombre d’établissements suivant les mêmes règles et surveillés par l’administration.
Ce qui n’exclura pas les établissements comme ceux dirigés actuellement par les religieux.
« Mais le but de l’administration, aussi bien que l’intérêt du pays sont que, des établissements dont il s’agit sortent, avec le temps, des villages français fécondés et enrichis par le travail et non des espèces de communautés qui rappelleront les missions du Paraguay. »
Il faut donc, « éviter de leur donner un développement exagéré, aux dépens même du domaine ; car ce serait peut être se créer des entraves et des embarras pour l’avenir. »
(Extrait d’un courrier du Ministre de la guerre, datée de Paris le 7 décembre 1850 et adressé au GGA)

 

 

Mais dès 1852, le problème des enfants trouvés devient une  préoccupation de plus en plus urgente.

L’Algérie possède des ressources qui pourraient être exploitées par des enfants orphelins de France.
Des études sont conduites pour savoir comment mener à bien ce projet.
Mais en attendant, avant de généraliser la procédure, il conviendrait de se mettre en relation avec les départements disposés à accorder les plus fortes subventions.
Et il faut également établir un état actuel des établissements déjà existants en Algérie et qui pourraient accueillir ces enfants rapidement ou après quelques aménagements.
Et enfin, des traités devront être signés entre l’Etat et les départements pour évaluer la quotité de la subvention nécessaire pour l’entretien des orphelins.

 

Le Ministre de la guerre s’inquiète de connaître la capacité d’accueil des orphelinats d’Algérie.
Il est évident que l’état devra donner des subventions pour l’entretien de chaque orphelin. Ces subventions devront être fixées par un traité passé avec les Directeurs des orphelinats.
La réponse arrive rapidement.
L’établissement de Ben Aknoun a un effectif de 275 enfants,
Bouffarik pourrait recevoir                            750 enfants
Misserghin                                                     500 enfants
Medjez Amar                                                800 à 1.000 enfants

Pour les orphelinats de filles, la maison des Sœurs de St Vincent de Paul à Mustapha près d’Alger est la seule à pourvoir accueillir des jeunes filles, mais qu’il pourrait y en avoir d’autres grâce à des ressources et avec l’aide des femmes établies en Algérie.
Mais il serait bon que les frais actuellement à la charge du département de la guerre, soient également partagés entre les départements, les hospices de France et l’état.
Mais quelle sera la quotité de la subvention annuelle à accorder aux orphelinats, pour chaque enfant et jusqu’à quel âge ?
« la dépense résultant du séjour de ces enfants dans les établissements ci-dessus désignés est imputable sur les crédits du chapitre 35 du budget de la guerre, pour l’exercice 1851 (colonie agricole). Elle serait de 15 francs par mois pour la jeune fille, et de vingt et un francs cinquante centimes aussi par mois pour le jeune garçon »
Les orphelins ne sont admis que jusqu’à l’âge de 15 ans dans les établissements du gouvernement.
(Vu dans un dossier des orphelins admis exceptionnellement dans la province d’Oran :
Dossier de DEUDON Julie Rosie pour Sœurs trinitaires d'Oran et Alfred pour Misserghin
« la dépense résultant du séjour de ces enfants dans les ets ci-dessus désignés est imputable sur les crédits du chapitre 35 du budget de la guerre, pour l’exercice 1851 (colonie agricole). Elle serait de 15 francs par mois pour la jeune fille, et de vingt et un francs cinquante ctes aussi par mois pour le jeune garçon »
Dossier DESIRE Jacques
Les orphelins ne sont admis que jusqu’à l’âge de 15 ans dans les ets du gouvernement)

En juin 1852, l’abbé Brumauld Directeur de l’orphelinat de Boufarik se rend à Paris. Il signe un traité avec la ville de Paris : 200 orphelins vont partir dans la province d’Alger et devenir apprentis dans un premier temps à partir de 13 ans, et des futurs colons. Il obtient un grand succès.

Parmi ces 200 orphelins, certains ont été retrouvés dans les dossiers des archives du « Centre d’Archive d’Outremer », soit dans les demandes de passage gratuit pour la France, soit dans les dossiers des orphelins.
De ces documents, il ressort que :
Les orphelins réclamés par leurs parents et qui retournent en France ont droit :

  1. au passage gratuit de leur port d’embarquement en Algérie jusqu’à Marseille.

Les enfants sont recommandés auprès du Capitaine du bord et du Préfet des Bouches du Rhône à l’arrivée à Marseille

  1. à une somme de 50 francs par enfant rapatrié ; cette somme est imputée sur les fonds du Chapitre 2, article 5 du budget local et municipal.

Cette somme est destinée à faire face aux frais de voyage du port de débarquement à la ville de destination.
Elle est aussi appelée « passeport d’indigent »

Voici le tableau des enfants que j’ai pu retrouver au fil de mes recherches.
Le premier numéro est un numéro d’ordre ;
Les astérisques ** signifient que je possède des documents un peu plus élaborés concernant ces orphelins.

 

ENFANTS PLACES A BOUFARIK PAR LE DEPARTEMENT DE LA SEINE EN 1852, ET RAPPELES PAR LEUR FAMILLES EN France

 

 

NOM

Prénoms

admis comme

date du document

observations

1

**

ALLARD

François

admission sous condition

février 1858

réclamé par son oncle, Baptiste ALLARD 

2

**

ALLARD

Pierre

admission sous condition

février 1858

réclamé par son oncle, Baptiste ALLARD 

3

**

ALLARD

Elisa

admission sous condition

février 1858

réclamée par son oncle, Baptiste ALLARD 

4

**

AUSSENAC

Augustin

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

rappelé par sa mère, demeurant 121 rue Courtine Paris

5

**

BOINARD ou BOISNARD

Jean

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par son père

6

**

BOIZOT

Charles

boursier du Ministère de l'Intérieur

juin 1855

réclamés par leur mère; à St Denis

7

**

BOIZOT

Antony

boursier du Ministère de l'Intérieur

juin 1855

réclamés par leur mère; à St Denis

8

**

BRUNEL

Théophile

placement par département de la Seine

juillet 1853

réclamé par ses parents à Paris

9

 

BUTEL

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

10

**

CARON

Edouard

boursier du Ministère de l'Intérieur

juillet 1856

réclamé par sa mère, employée à la crêche St Pierre;

11

 

CHATY

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

 

12

**

CORNU

Charles

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

17 ans,  réclamé par sa mère demeurant 48 rue Mouffetard à Paris

13

**

COULOMB

Louis

boursier du Ministère de l'Intérieur

avril 1856

réclamé par sa mère, à Paris

14

**

DARCY

François  

boursier du Ministère de l'Intérieur

juillet 1856

réclamé par son père, à Paris

15

**

DELACOURT

Louis

pas d'information sur son arrivée en Algérie

1854

réclamés par leur père, à paris

16

**

DELACOURT

Edouard

pas d'information sur son arrivée en Algérie

1854

réclamés par leur père, à paris

17

 

DELONG

Alphonse  

 

11 ans

orphelin de père et de mère

18

**

DENIS

Adolphe

placement par département de la Seine

novembre 1856

 

19

 

EPAILLY

Félix

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

réclamé par sa mère, veuve, employée à la salpétrière

20

 

FLAMMAN

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/07/1857

 

21

 

GALLOT

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

22

 

GREGEOIS

Félix

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

23

 

GREGEOIS

Désiré

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

24

**

GRENET

Jean Baptiste

boursier du Ministère de l'Intérieur

août 1856

réclamé par son beau père, sieur NIENTIN, porteur aux pompes funèbres. Le jeune Grent ne pouvant, par suite d'une blessure être employé aux travaux agricoles…

25

 

GROSJEAN

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

26

**

HASSEN FRATZ

Joseph

boursier du Ministère de l'Intérieur

août 1856

réclamé par son père à Belleville

27

**

HURT

 

placement par département de la Seine

novembre 1857

réclamé par son père, à Arcueil

28

 

JARDINIER

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

29

 

JARDINIER

Benjamin

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

réclamé par son père, domicilié à Paris, 2 rue de Nemours

30

 

KAIZER

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

31

**

LEFEBVRE

Adolphe Flavien

pas d'information sur son arrivée en Algérie

avril 1853

réclamé par son père à Paris

32

 

LEGUAY

Adolphe

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par sa mère, veuve. L'abbé Brumauld affirme que le jeune LEGUAY peut venir en aide à sa mère sur le compte de laquelle les meilleurs renseignements m'ont été donnés.

33

 

LHOSTE

Charles

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par son père, employé dans une fabrique d'équipement militaire

34

**

LORRIERE

Adrien

boursier du Ministère de l'Intérieur

août 1856

réclamé par sa mère à Paris

35

**

MAUGUET

Joseph

boursier du Ministère de l'Intérieur

août 1856

réclamé par sa mère, à Paris

36

 

PIERROT

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

 

37

 

PONELLE

Clovis

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par sa mère, veuve

38

 

PONELLE

Eugène

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par sa mère, veuve

39

**

PONNEL

Eugène

pas d'information sur son arrivée en Algérie

mai 1854

réclamé par sa mère

40

**

PONNEL

Alphonse

pas d'information sur son arrivée en Algérie

mai 1854

réclamé par sa mère

41

 

RAMEAU

Léon

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

réclamé par son père, domicilié à Paris, 132, rue Menilmontant

42

 

ROCHE

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

43

 

ROGER

Jules

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

réclamé par son père, domicilié à Belleville n° 11 rue des partants?

44

**

SCHNEIDER

Félix

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

réclamé par sa mère demeurant 8 près le Gobelins Paris

45

 

SERRE

Eugène

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par son père, demeurant 32 Boulevard l'Hôpital

46

**

STERLINGOT

Ferdinand Auguste

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par ses parents, domiciliés rue Pérée à Paris

47

**

TISSERAND

Pierre

boursier du Ministère de l'Intérieur

août 1856

réclamé par son père, à Paris

48

**

TISSERAND

 

placement par département de la Seine

juin 1856

réclamé par son père le 1er juin 1856, demeurant 5 rue Marcadet Paris

49

 

VALCOME

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

 

50

**

VASSEUR

Louis François

boursier du Ministère de l'Intérieur

12/07/1856

réclamé par sa mère, FRIAND, domiciliée 99 Bd de l'Hôpital Paris

51

**

VAUTRIN

Louis

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

demande de permission de convalescence

52

 

VELESME

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

 

 

53

**

VIGER

François

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par sa mère, demeurant 40 rue de la Bienfaisance Paris

54

 

VOLLARD

Nicolas

boursier du Ministère de l'Intérieur

16/09/1856

réclamé par sa mère, la veuve LECLERC; âgée de 61 ans, elle demeure avec sa fille et toutes deux vivent du faible produit de leur travail. Le jeune VOLLARD a la promesse d'être placé, aussitôt après son arrivée en France, à la compagnie du gaz.

55

 

WELCOME

 

boursier du Ministère de l'Intérieur

02/04/1857

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis, en juillet 1852 c’est au tour de l’abbé Abram, Directeur de l’orphelinat de Misserghin de se rendre à Paris, pour conclure le même traité.

Le 7 août 1852, le ministre de l’intérieur envoie à tous les Préfets de France une lettre contenant des instructions afin d’attirer l’attention et la sollicitude des Conseils Généraux sur les orphelinats de l’Algérie, comme moyen de placement des enfants tombés à la charge de l’assistance publique.

L’année suivante, le 20 août 1853, le Maréchal d France, ministre secrétaire d’Etat de la guerre tire la sonnette d’alarme.
L’appel du 7 août 1852 n’a pas été un succès total : le prix des pensions exigé pour les orphelinats est trop important et la durée d’apprentissage trop long. Les enfants doivent avoir 12 ans minimum, et restent à la charge du budget départemental jusqu’à l’âge de 18 ans.
Coût de l’entretien d’un orphelin :
- 229 francs les trois premières années
- 182 francs pendant les trois autres années,
Soit au total 1.428 francs.

Enfin, il faut noter que ces dépenses seraient faites alors que dans la métropole, l’obligation de pourvoir aux dépenses des orphelins a cessé à partir de la 12e année.
Dans certains départements cette obligation cesse après la 10e année de l’enfant.
Quant au prix de pension, elle varie de 4 francs à 50 francs par mois et par enfant en métropole.
Une réforme est à envisager si l’on veut amener des enfants trouvés de la métropole vers l’Algérie.
L’apprentissage se fait normalement sur 5 ans, sachant que les enfants commencent cet apprentissage à 13 ans et donc peuvent être reçus comme apprenti chez un patron et gagner ainsi leur subsistance, ou au moins une partie de leur subsistance.
Tant que cette réforme ne sera pas faite, les orphelinats d’Algérie risquent de ne recevoir que des orphelins issus de la colonie, et seront une charge et non pas une des ressources de la colonisation.
Le danger pour les pères fondateurs l’Abbé Brumauld et l’Abbé Abram, c’est que des orphelinats s’installent en Algérie, demandent moins de subventions et arrivent à des résultas plus rapides.
L’administration se doit d’être plus sévère dans les traités passés avec les nouveaux venus, et en particulier pour la concession de Medjez Amar.

L’Abbé Brumauld répond à cette requête, mais avec beaucoup de retard. Il est question dans sa lettre d’un don en blé qu’il aurait reçu du gouverneur Général, et des difficultés à nourrir six cent personnes avec les récoltes qui sont faites.

 

 

LES ADMISSIONS EXCEPTIONNELLES

 

Dans un courrier du 23 juillet 1850, § 3 des admissions exceptionnelles :
le Ministre de la guerre Mr D’Hautppoul écrit :

« En dehors des catégories ci-dessus établies, les admissions ne pourront être prononcées que pour des cas tout à fait exceptionnels, dont je me réserve l’examen. Il devra donc m’être adressé des propositions spéciales pour les admissions de cette nature. Et chaque proposition devra être joint un tableau détaillé de la famille du candidat indiquant
1°) le nom du parent décédé
2°) les nom et prénoms du parent survivant, son âge, son domicile, son lieu d’origine, sa profession, la durée de son séjour en Algérie
3°) le nombre et l’âge des frères et sœurs du candidat s’il en existe
4°) s’il a ou non des ascendants
5°) enfin, tous les renseignements propres à éclairer sur la situation de la famille du candidat et sur ses titres à l’admission exceptionnelle que l’on propose en sa faveur.
Toutes les règles qui précèdent seront également observées à l’égard des pauvres orphelins placés aux frais de l’administration dans la maison de Mustapha à Alger ou dans d’autres établissements de charité en Algérie »
Mais dès le mois de mars 1854, le Maréchal de France, Ministre secrétaire d’Etat de la guerre, Mr de St Amaud ????  tire la sonnette d’alarme.
Il a déjà limité l’admission des enfants à une année. Il veut montrer par là que l’administration n’est pas là pour suppléer à la carence d’un des parents, mais pour les aider à passer une mauvaise période. Les parents doivent reprendre les enfants dès que leur situation s’est améliorée.

Il reprend à peu près le même langage que son prédécesseur :

  1. chaque admission devra être entérinée par lui ;
  2. l’admission sera agrée pour l’année en cours sauf dérogation de sa part.
  3. un état devra être fait chaque début d’année ;
  4. cet état devra comprendre un certain nombre de renseignements sur l’identité et la situation des ces enfants.