10 mai 1871 : le traité de Francfort
Origine de l'immigration : les optants
Les lois et les décrets qui ont régit l'immigration des Alsaciens Lorrains
Les aides autour des Alsaciens Lorrains
Les mouvements des Alsaciens Lorrains venus peupler l'Algérie

 

 

Au cours de ces quelques pages, nous allons accompagner les Alsaciens Lorrains pendant les années 1871 à 1874.

Il convient de donner quelques précisions préalables pour bien comprendre la situation dans laquelle se sont trouvés ces Français, obligés de choisir entre la nationalité française et la nationalité allemande.

En arrivant en Algérie, ils ne se doutaient pas que 91 ans plus tard, la question se reposerait à leurs descendants presque dans les mêmes termes, eux qui se sont donnés tant de mal à construire une Algérie nouvelle, malgré les soulèvements des populations indigènes, les épidémies, la misère, le climat …..

Beaucoup d’entre eux sont repartis pour la France, trop déçus de ne pas trouver l’asile qu’on leur avait promis.

Cette narration a été faite à partir des courriers échangés entre les diverses administrations de la métropole et de l’Algérie, à partir d’extraits de presse, de pétitions de colons....

Rien n’a été inventé, ni romancé, mais simplement retranscrit.

Pour éclairer le contexte, j’ai mis quelques liens avec des sites qui ont répondu à mon attente, lorsque j’ai eu besoin de précisions.

N’hésitez pas à faire des commentaires, à donner des précisions si vous en avez, ou à m’en demander si vous en manquez. Mais j'attends des critiques constructives.

Chacun de nous est perfectible et un échange est toujours très enrichissant pour les 2 parties.

Les informations qui permettront de mieux comprendre tout ce qui a gravité autour des Alsaciens Lorrains sont les suivantes :

-         d’abord ce qui a été à l’origine de l’immigration massive des Alsaciens Lorrains en 1871: le traité de Francfort.

-    Rester français ou devenir allemand ? les Alsaciens Lorrains doivent opter s'il veulent conserver leur nationalité française. Mais qu'est ce que l'option ?

-         les lois et décrets qui ont régis les choix des immigrants en partance pour l’Algérie, au titre I ou au titre II.

-         les différentes instances qui se sont créées autour des Alsaciens Lorrains afin de leur venir en aide : l’aide du gouvernement et les aides privées.

Enfin, j’ai pensé qu’il serait bon de rappeler la date de création et les limites du département de Meurthe et Moselle.

Puis viendra l'histoire proprement dite de l'émigration massive des Alsaciens Lorrains entre 1871 et 1874.

 

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10 mai 1871 : le traité de Francfort

 

extrait du site : http://www.herodote.net/18710510.htm

 

Traité de Francfort

"Le 10 mai 1871, Jules Favre et Adolphe Thiers signent au nom de la France un traité de paix avec l'Allemagne à l'hôtel du Cygne, à Francfort (Allemagne).

Ce traité met fin à la guerre franco-prussienne enclenchée le 19 juillet 1870 par la sottise de Napoléon III (*).

Pénibles sacrifices

Le 28 janvier 1871, Paris capitule et signe l'armistice (*) pour une durée de quatre semaines.

Une Assemblée nationale est élue dans la foulée. Elle désigne Adolphe Thiers comme "chef du gouvernement exécutif de la République française". Sa première mission est de préparer le traité de paix définitif avec l'empire allemand.

Adolphe Thiers se rend avec Jules Favre au château de Versailles, où réside provisoirement l'empereur allemand Guillaume 1er, pour discuter du futur traité avec von Moltke, son chef d'état-major, et Bismarck, son chancelier.

Pour les Allemands, la cession des deux départements alsaciens est une revendication incontournable, l'Alsace étant une ancienne terre du Saint empire germanique conquise deux siècles plus tôt par Louis XIV.

Les Français se voient réclamer aussi Metz et la Lorraine du nord bien que ces terres de culture française n'aient aucun motif d'appartenir à l'Allemagne. Cette revendication territoriale a surgi dès le début de la guerre. Elle a été voulue par le roi Guillaume 1er comme par l'ensemble des officiers et le chef d'état-major von Moltke, comme une juste compensation pour tous les sacrifices de la guerre !

Le chancelier Bismarck, homme d'État avisé, a dû être parfaitement conscient qu'elle empêcherait toute réconciliation entre les deux pays mais lui-même s'est laissé aveugler par sa haine de la France et n'a pas tenté de s'y opposer comme il s'était opposé à toute annexion aux dépens de l'Autriche après la victoire de Sadowa.

Le chancelier ajoute à ces revendications territoriales une indemnité de guerre chiffrée à six milliards de francs de l'époque (une somme colossale). L'indemnité est réduite à cinq milliards (en bon bourgeois, Thiers confiera plus tard qu'il est toujours possible de récupérer des provinces perdues mais que les milliards envolés le sont à jamais !). Il est convenu que les troupes d'occupation se retireront à mesure que sera versée l'indemnité. Au terme d'épuisantes négociations, Thiers obtient que la place forte de Belfort, qui a résisté au-delà de l'armistice, soit conservée à la France en échange du droit pour les Allemands de défiler à Paris à partir du 1er mars 1871 et jusqu'à la ratification du traité par les élus français. Les préliminaires de paix sont signés enfin le 26 février 1871. En France, la consternation le dispute à la résignation et à la révolte.

Sitôt l'accord en poche, Jules Favre et Adolphe Thiers se rendent à Bordeaux et obtiennent de l'Assemblée nationale qu'elle ratifie dans l'urgence le document.

C'est chose faite le dimanche 2 mars, soit un jour tout juste après la date prévue pour le défilé de la victoire des troupes allemandes.

À la grande irritation de l'empereur Guillaume 1er, de von Moltke et de Bismarck, seuls quelques bataillons d'avant-garde ont le temps de défiler dans la capitale endeuillée, devant les statues de la place de la Concorde recouvertes d'un voile noir.

Retour à la normale

Pressé d'en finir avec la guerre, Thiers peut enfin signer le traité le 10 mai 1871. Il a désormais les mains libres pour s'occuper des affaires intérieures.

C'est qu'entre temps, les Parisiens, énervés par un siège épuisant et humiliés par le défilé des troupes allemandes, ont manifesté avec violence leur désespoir.

Celui-ci a débouché le 18 mars sur l'insurrection de la Commune."

 

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Les Optants

 

(tiré de « Chercheurs d'Optants des Départements d'Alsace et de Moselle »)

http://perso.wanadoo.fr/winterhalter/Site Optants/histoptants_versfra.htm 

Le 10 mai 1871, le nouvel empire allemand annexe les quatre départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin (moins Belfort et son Territoire), de la Moselle, du tiers de la Meurthe (Château-Salins et Sarrebourg) et de deux cantons des Vosges (Saales et Schirmeck), soit un total de 1694 communes. Le traité de Francfort-sur-le-Main mettant fin à la guerre de 1870, est signé. Ce nouveau "Land" constitué n'aura pas d'autonomie interne comme les autres 25 "Länder" allemand, il sera directement administré par la Chancellerie d'Etat de Berlin. La population totale de l'Alsace-Lorraine était en 1871 de 1.579.738 habitants.

L'article 2 du traité de Francfort prévoit que les Alsaciens-Lorrains auront la faculté d'opter pour la nationalité française.

"Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront, jusqu'au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l'autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s'y fixer, sans que ce droit puisse être altéré par les lois sur le service militaire, auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue. Ils seront libres de conserver leurs immeubles situés sur le territoire réuni à l'Allemagne. Aucun habitant des territoires cédés ne pourra être poursuivi, inquiété ou recherché, dans sa personne ou dans ses biens, à raison de ses actes politiques ou militaires pendant la guerre."

Le 10 décembre 1871, les deux pays signent une convention additionnelle qui précise dans son article 1er :

"Pour les individus originaires des territoires cédés qui résident hors d'Europe, le terme fixé par l'article 2 du traité de paix pour l'option entre la nationalité française ou la nationalité allemande est étendue jusqu'au premier octobre 1873. L'option en faveur de la nationalité française résultera, pour ceux des individus qui résident hors d'Allemagne, d'une déclaration faite soit aux maires de leur domicile en France, soit dans une chancellerie diplomatique ou consulaire française, ou de leur immatriculation dans une de ces chancelleries. Le gouvernement français notifiera au gouvernement allemand, et par périodes trimestrielles, les listes nominatives qu'il aura fait dresser d'après ces mêmes déclarations."

Au moment de procéder à la signature de cette convention additionnelle, les plénipotentiaires ont fait la déclaration suivante :

"Tous les militaires et marins français originaires des territoires cédés, actuellement sous les drapeaux et à quelque titre qu'ils y servent, même celui d'engagé volontaire ou de remplaçants, seront libérés en présentant à l'autorité militaire compétente leur déclaration d'option pour la nationalité allemande. Cette déclaration sera reçue, en France, devant le maire de la ville dans laquelle ils se trouvent en garnison ou de passage, et des extraits en seront notifiés au gouvernement allemand, dans la forme prévues par le dernier alinéa de l'article 1er de la convention additionnelle de ce jour."

 

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La question de la colonisation officielle avait été posée devant l'Assemblée Nationale. Dès le 4 mars 1871, sous le coup de l'émotion que provoquait la signature du traité de Francfort, des membres de l'Assemblée avaient proposé « d'attribuer 100.000 hectares des meilleures terres dont l'État disposait en Algérie aux Alsaciens et aux Lorrains habitant les territoires cédés à l'Allemagne, qui voudraient, en gardant la nationalité française, demeurer sur le sol français. » 
Cette proposition fut à l’origine de la loi du 21 juin 1871;

 

 

Dans le Journal Officiel (JO) du 8 mars 1871, sur proposition de M. Belcastel, il est décidé qu'une concession de cent mille hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie sera mise à la disposition des Alsaciens Lorrains désirant rester français et demeurer sur le sol français.
Outre les 100.000 hectares, la gratuité du transport et une indemnité d'installation sont demandés; Pour cela, une commission de quinze membres sera nommée pour mettre en oeuvre ces disposoitions. Ce sont là les 3 articles proposés.
Cette proposition sera prise en considération dans la séance du 19 avril 1971, sans discussion.
(cette phrase n'est pas vérifiée)

Dans le JO du 26 juin 1971   le rapport de Mr LUCET entérine les propositions faites par Mr Belcastel, mais en y apportant des précisions :
L'ancien article 1 disait des Alsaciens Lorrains " qui voudraient, en gardant la nationalité française, demeurer sur le sol français". est retranscrit dans ces termes : " et qui prendraient l'engagement de se rendre en Algérie pour y mettre en valeur et en exploiter les terrains ainsi concédés."
Les anciens articles 2 et 3 sont confondus en un seul article.
Le nouvel article 2 définit le rôle de la commission des quinze membres : nommée par l'Assemblée, la commission devra étudier et préparer l'exécution de la loi, mais également "déterminer la nature, l'importance et le mode de répartition des subsides que l'Etat pourra être appelé à fournir" pour faciliter l'installation des émigrants.
Tout est fait pour venir en aide rapidement et efficacement aux futurs colons.

 

La loi du 21 juin 1871   adopte ce projet de loi avec ses 2 articles.

 

Il faut alors organiser ces commissions, de manière à ce qu'elles soient sur place pour accueillir les immigrants : à Nancy et Belfort pour acueillir tous les Alsaciens Lorrains à leur arrivée en France et d'autres associations dans les 3 provinces d'Algérie pour les accueillir à leur débarquement.

Les commissions de Nancy et de Belfort doivent s'assurer des aptitudes agricoles et de la moralité des futurs colons, ainsi que du montant de leurs ressources pécuniaires qui doivent être de 5.000 francs au moins.
En contrepartie, les colons recevront 1 lot urbain et 1 lot rural, dont l'importance dépendra du nombre de membres dans la famille et des ressources dont ils disposent.

Les centres de population auront, payés par l'état, un accès à l'eau (fontaine ou puits, lavoir et abreuvoir), une mairie, une école, un lieu de culte et des voies de communication.
Les colons seront hébergés par l'état dans des campements, en attendant que leurs maisons soient construites.
Lorsque les villages seront peuplés aux deux tiers, ils seront constitués en commune de plein exercice.
Un crédit sera ouvert au budget "colonisation" pour faire face à toutes ces dépenses.

Ce sera : Le décret du 15 septembre 1871

 

 

Le 16 septembre 1871, un crédit de quatre cent mille francs est ouvert sur l'exercice 1871, sur le budget extraordinaire du gouvernement général de l'Algérie.

Mais l'état veut aller plus loin dans l'implication des futurs colons pour l'exploitation de leurs terres en Algérie.
Outre l'obligation de posséder les 5.000 francs réglementaires, ils devront opter de façon expresse pour la nationalité française. Ils deviendront alors propriétaires, mais devront résider sur leurs terres au moins jusqu'à ce qu'elles mises en valeur.

Ils seront exonérés de tous impôts pendant 3 ans.

Ce sera le du titre Ier du décret.

Le titre II élargit le choix des futurs colons :

Il s'adresse aux familles peu aisées de France, (plus seulement aux Alsaciens Lorrains) et les Français d’origine Européenne.
Il est décidé qu'elles pourront accéder à la propriété, après une location de 9 ans à un prix de un franc par an.
Le nombre de personnes qui composent la famille déterminera la surface du lot : entre 3 et 10 hectares par personne européenne.
A la fin des 9 ans, le bail sera transformé en titre définitif de propriété, à condition que l'obligation de résidence ait été respectée. Dans le cas où cette obligation n'aurait pas été respectée, la résiliation sera éxecutée de plein droit, et l'Etat redeviendrait possesseur des terres.
Mais après 2 ans de résidence, le locataire pourra céder son droit au bail.
Le titre définitif sera délivré au dernier locataire.


Ce sera : Le décret du 16 octobre 1871

 

 

Pour donner toutes ses chances au nouveau colon, il faut lui donner les moyens d'assurer son exploitation et de l'améliorer.
Le colon peut céder son droit au bail ou le donner en garantie d'un pret qui lui permettra de construire sa maison, ou d'acheter des semences, du cheptel, selon un certain formalisme mentionné dans l'article 1 de la nouvelle loi.
La loi est sévère dans le cas où le colon ne remplirait pas ses obligations envers le créancier bénéficiaire du transfert du droit au bail. Et cela peut aller jusqu'à la mise aux enchères publiques.

Ce sera Le décret du 10 octobre 1872

 

 

 

Journal officiel du mercredi 8 mars 1871

M. le président. M. de Belcastel a la parole pour le dépôt d'une proposition.

M. de Belcastel. Messieurs, voici la proposition que j'ai l'honneur de vous soumettre :

"L'Assemblée nationale, attachée par des liens de coeur indissolubles aux patriotiques populations de l'Alsace et de la Lorraine, dont elle a cédé avec une douleur profonde, sous l'empire de circonstances qu'elle n'a point faites, le territoire matériel, et voulant, autant qu'il est en son pouvoir, garder les âmes et les bras de si vaillantes races.

décrète :

 

Art. 1er- une concession de cent mille hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie est attribuée aux Alsaciens et aux Lorrains habitant les territoires cédés, qui voudraient, en gardant la nationalité française, demeurer sur le sol français.

 

Art. 2- Le transport gratuit aux frais de l'Etat et une indemnité de premier établissement seront accordés aux individus et aux familles déclarant vouloir user du bénéfice qui leur est offert.

 

Art. 3- Une commission de quinze membres sera nommée pour étudier et préparer, dans le plus bref délai possible, la série de mesures qui devront réglementer l'exécution de la présente loi.

Signé :

de Belcastel, Jules Buisson, Boucariste-Leroux


M. le président. La proposition sera renvoyée à la commission d'initiative.

La parole est à M. de Peyramont.

M. de Peyramont. J'ai un mot à dire à l'Assemblée, et il doit provoquer un vote de sa part.
Plusieurs pétitions émanées de cours d'appels et d'autres corps judiciaires ont été adressées à l'Assemblée nationale et renvoyées à votre commission des pétitions.

Cette commission est aujourd'hui dans l'impossibilité de faire un rapport sur des pétitions qui reçoivent satisfaction par le projet de loi déposé hier par M. le garde des sceaux.
Cependant, ce projet de loi, en donnant satisfaction aux pétitionnaires, ne fait pas disparaître les pétitions; elles sont entre les mains de votre commission, qui ne peut s'en déssaisir, et elles appartiennent à la commission chargée d'examiner le projet de loi; elles ne peuvent être envoyées à la commission nouvelle que par une décision de la Chambre; ces pétitions ayant précédé le projet de loi, la commission des pétitions en est saisie et, par mon organe, elle vient vous demander d'ordonner qu'elles soient renvoyées à la commission chargée d'examiner le projet de loi, (Très bien!- Appuyé!)

M. le président. on demande le renvoi des pétitions en question à la commission chargée de l'examen du projet de loi déposé par M. le garde des sceaux; il n'y pas d'opposition?... (Non! non!)
Le renvoi est prononcé.
L'ordre du jour appelle la suite de la vérification des pouvoirs.

Journal officiel de la République Française du 22 juin 1871

Versailles, le 17 juin 1871,


M. le Président : L'ordre du jour appelle la première délibération sur la proposition de MM. de Belcastel et plusieurs de ses collègues, tendant à concéder aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine des terrains en Algérie.
Je place sous les yeux de l'Assemblée le texte du projet :
Art 1er- une concession de 100.000 hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie est attribuée aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui voudraient conserver la nationalité française et qui prendraient l'engagement de se rendre en Algérie pour y mettre en valeur et en exploitant les terrains ainsi concédés.
Art 2- une commission de quinze membres sera nommée par les bureaux de l'Assemblée pour étudier et préparer la série des mesures destinées à réglementer l'exécution de la présente loi et pour déterminer, en outre, dans quelles proportions et de quelle manière l'Etat devra intervenir en dehors de la concession des terres, pour faciliter l'installation des travaux des nouveaux émigrants.

Personne ne demande la parole.

M. Raudot. Je la demande.

 

pour voir la suite des débats autour de cette proposition JO du 22 juin 1871

 

 

 

 

 

Journal officiel de la République Française du lundi 26 juin 1871

Annexe n° 292 (Séance du 2 juin 1871)

RAPPORT fait au nom de la commission chargée d'examiner la proposition de M. de Belcastel et plusieurs de ses collègues, tendant à concéder aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine des terrains en Algérie, par M. Lucet, membre de l'Assemblée nationale.


A la suite de la prise en considération par l'Assemblée de la proposition de MM. Belcastel, Beaucarne-Leroux et Buisson, tendant à concéder aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui voudraient rester français, 100.000 hectares de terres en Algérie, votre commission a été nommée à l'effet d'examiner au fond cette proposition et de faire un rapport sur l'utilité qu'il y aurait de la convertir en loi.
La première commission d'initiative parlementaire, dans l'avis favorable qu'elle a émis, a exposé les motifs qui militent en faveur de la réalisation de ce projet, et, sans entrer dans l'examen des moyens d'exécution que le défaut de documents ne lui permettait pas d'approfondir, elle a déclaré que l'Etat dispose encore en Algérie d'une importante étendue d'excellents terrains de culture, et qu'en mettant à profit les leçons du passé en matière de colonisation, c'est à dire en plaçant les nouveaux immigrants dans les conditions de libre expansion que ne peut manquer de leur assurer le régime civil substitué au régime militaire, il sera facile de procurer à ces victimes de la guerre fatale qui nous a ravi une partie si précieuse de notre territoire, un nouveau foyer pour leur famille, des terres exceptionnellement fécondes pour leur activité, enfin la vie sociale protégée par les lois et les institutions de la mère patrie.
Votre commission, messieurs, partage complètement ces appréciations, qui, à vrai dire, ne sauraient trouver de contradicteurs; toutefois, après avoir examiné de plus près les éléments complexes qui se rattachent à la solution de cet intéressant problème, elle a été amenée à apporter quelques modifications dans les dispositions de la loi proposée par les auteurs du projet.

L'art. 1er- de ce projet est ainsi conçu :

"Une concession de 100.000 hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie est attribuée aux Alsaciens et aux Lorrains habitant les territoires cédés, qui voudraient, en gardant la nationalité française, demeurer sur le sol français."

Il nous a semblé que les derniers mots "demeurer sur le sol français," n'étaient pas assez explicites et pourraient laisser croire que la concession gratuite de terres serait une sorte de prime offerte à ceux des habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui profiteraient de la faculté qui leur est laissée par le traité de paix pour conserver la nationalité française, tandis que cette concession a, en outre, pour objet de procurer à l'Algérie des colons dont elle a un si grand besoin pour assurer sa prospérité. Il importe donc d'exprimer nettement cette pensée, en imposant aux concessionnaires l'obligation d'exploiter eux mêmes les terres qui leur seront données.


L'art 2 stipule le transport gratuit aux frais de l'Etat, et une indemnité de premier établissement en faveur des familles qui déclareront vouloir user du bénéfice qui leur est offert.

Votre commission est aussi d'avis qu'il conviendra de venir en aide aux familles d'émigrants, soit en les déchargeant des frais de transport comme cela s'est toujours pratiqué, soit en leur procurant, à titre d'avance, ou sous forme de crédit, partie des capitaux nécessaires à la mise en valeur des terres concédées; mais elle a regardé au moins comme inutile de prendre à cet égard des engagements à la fois vagues et prématurés; elle a préféré laisser à la commission qui sera chargée d'étudier et de préparer la série des mesures destinées à règlementer l'exécution du projet, le soin de déterminer la nature, l'importance et le mode de répartition des subsides que l'Etat pourra être appelé à fournir, outre la terre de culture, aux bénéficiaires de la mesure projetée.

En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer l'adoption du projet de loi suivant.

Art 1er- une concession de 100.000 hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie est attribuée aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui voudraient conserver la nationalité française et qui prendraient l'engagement de se rendre en Algérie pour y mettre en valeur et en exploiter les terrains ainsi concédés.
Art 2- une commission de quinze membres sera nommée par les bureaux de l'Assemblée pour étudier et préparer la série des mesures destinées à réglementer l'exécution de la présente loi et pour déterminer, en outre, dans quelles proportions et de quelle manière l'Etat devra intervenir en dehors de la concession des terres, pour faciliter l'installation des travaux des nouveaux émigrants.

Loi du 21 juin 1871

 

Art 1er- une concession de 100.000 hectares des meilleures terres dont l'Etat dispose en Algérie est attribuée aux habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui voudraient conserver la nationalité française et qui prendraient l'engagement de se rendre en Algérie pour y mettre en valeur et en exploiter les terrains ainsi concédés.

Art 2- une commission de quinze membres sera nommée par les bureaux de l'Assemblée pour étudier et préparer la série des mesures destinées à réglementer l'exécution de la présente loi et pour déterminer, en outre, dans quelles proportions et de quelle manière l'Etat devra intervenir en dehors de la concession des terres, pour faciliter l'installation des travaux des nouveaux émigrants.

 

 

Journal officiel du 16 septembre 1871

 

M. le président; L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport de la commission chargée, aux termes de l'article 2 de la loi du 21 juin 1871, d'étudier et de préparer la série des mesures destinées à règlementer la concession de 100.000 hectares de terre en Algérie aux émigrants de l'Alsace et de la Lorraine, et de déterminer, en outre, dans quelle proportion et de quelle manière l'Etat devra intervenir pour faciliter l'installation des nouveaux émigrants.

Je consulte l'Assemblée sur la question de savoir si elle entend passer à la discussion des articles.

(L'Assemblée, consultée, déclare qu'elle passe à la discussion des articles.)

art 1er- Il est institué à Belfort et à Nancy des commissions à l'effet de recevoir les demandes des habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui, voulant conserver la nationalité française, prendraient, conformément à l'article 1er de la loi du 21 juin 1871, l'engagement de se rendre en Algérie pour y cultiver et mettre en valeur les terres dont la concession leur serait faite par l'Etat, à titre gratuit.
Ces commissions seront chargées de constater la moralité des émigrants et leur aptitude à faire des colons agricoles; de s'assurer que chaque famille dispose de ressources pécuniaires s'élevant à cinq mille francs au moins; de diriger enfin sur les ports d'embarquement les familles réunissant ces diverses conditions.
Art 2- L'Etat pourvoira au transport par mer des émigrants entre les ports de France et ceux de l'Algérie les plus rapprochés des colonies à établir.
Art 3- Dans chacun des trois départements algériens il sera institué par les conseils généraux des commissions à l'effet de recevoir les colons à leur débarquement, de les diriger sur des lots qui leur seront affectés et leur rendre tous les bons offices réclamés par leur situation.
Art 4- Indépendamment des lots individuels, chaque colonie devra comprendre un communal, en bois, s'il y en a, et en terres de parcours, dont l'étendue sera proportionnée au chiffre de la population présumée.
Art 5- Chaque chef de famille sera mis, par les soins de l'administration, en possession de son lot urbain et rural, avec titre et plan, aussitôt après son arrivée; autant que possible leur étendue devra être en rapport avec le nombre de membres de la famille et l'importance des ressources pécuniaires dont elle dispose.
Art 6- Chaque centre de population sera pourvu aux frais de l'Etat.
1°) d'eaux alimentaires (fontaine ou puits, lavoir et abreuvoir);
2°) d'une mairie;
3°) d'une école;
4°) d'un édifice du culte avec ses accessoires obligés;
5°) des voies de communication nécessaires pour le relier à l'artère principale de la contrée et aux centres voisins.
Art 7- Les immigrants seront employés de préférence à tous autres ouvriers aux travaux de toute nature qui sont mis à la charge de l'Etat par l'article précédent.
Art 8- En attendant la construction des maisons d'habitation, l'Etat pourvoira les colons des moyens de campement, comme pour les troupes en campagne.
Art 9- Chaque colonie sera constituée en commune de plein exercice, aussitôt l'arrivée des deux tiers des habitants qui doivent la former.

(Ces neuf articles sont successivement mis aux voix et adoptées.)
Art 10- Il sera pourvu aux diverses dépenses rendues obligatoires par la présente loi, au moyen de crédits ouverts au budget de l'Algérie, chapitre "Colonisation";

 

M. le président: la commission propose d'ajouter :

Un crédit de 400.000 francs est ouvert pour la colonisation sur l'exercice 1871.

si les débats autour de ces articles vous intéressent

 

 

 

Journal officiel du 22 septembre 1871

 

Versailles, 21 septembre 1871


l'Assemblée nationale a adopté,
Le Président de la République française promulgue la loi dont la teneur suit :
art 1er- Il est institué à Belfort et à Nancy des commissions à l'effet de recevoir les demandes des habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui, voulant conserver la nationalité française, prendraient, conformément à l'article 1er de la loi du 21 juin 1871, l'engagement de se rendre en Algérie pour y cultiver et mettre en valeur les terres dont la concession leur serait faite par l'Etat, à titre gratuit.
Ces commissions seront chargées de constater la moralité des émigrants et leur aptitude à faire des colons agricoles; de s'assurer que chaque famille dispose de ressources pécuniaires s'élevant à cinq mille francs au moins; de diriger enfin sur les ports d'embarquement les familles réunissant ces diverses conditions.
Art 2- L'Etat pourvoira au transport par mer des émigrants entre les ports de France et ceux de l'Algérie les plus rapprochés des colonies à établir.
Art 3- Dans chacun des trois départements algériens il sera institué par les conseils généraux des commissions à l'effet de recevoir les colons à leur débarquement, de les diriger sur des lots qui leur seront affectés et leur rendre tous les bons offices réclamés par leur situation.
Art 4- Indépendamment des lots individuels, chaque colonie devra comprendre un communal, en bois, s'il y en a, et en terres de parcours, dont l'étendue sera proportionnée au chiffre de la population présumée.
Art 5- Chaque chef de famille sera mis, par les soins de l'administration, en possession de son lot urbain et rural, avec titre et plan, aussitôt après son arrivée; autant que possible leur étendue devra être en rapport avec le nombre de membres de la famille et l'importance des ressources pécuniaires dont elle dispose.
Art 6- Chaque centre de population sera pourvu aux frais de l'Etat.
1°) d'eaux alimentaires (fontaine ou puits, lavoir et abreuvoir); 2°) d'une mairie; 3°) d'une école; 4°) d'un édifice du culte avec ses accessoires obligés; 5°) des voies de communication nécessaires pour le relier à l'artère principale de la contrée et aux centres voisins.
Art 7- Les immigrants seront employés de préférence à tous autres ouvriers aux travaux de toute nature qui sont mis à la charge de l'Etat par l'article précédent.
Art 8- En attendant la construction des maisons d'habitation, l'Etat pourvoira les colons des moyens de campement, comme pour les troupes en campagne.
Art 9- Chaque colonie sera constituée en commune de plein exercice, aussitôt l'arrivée des deux tiers des habitants qui doivent la former.
Art 10- Il sera pourvu aux diverses dépenses rendues obligatoires par la présente loi, au moyen de crédits ouverts au budget de l'Algérie, chapitre "Colonisation";

Délibéré en séance publique, à Versailles, le 15 septembre 1871.


                                                            Le président
                                                          Signé : Jules GREVY
Les secrétaires,
Signé : Paul Bethmont, N. Johnston, Vicomte de Meaux, Paul de Rémusat
Le Président de la République
A. Thiers

Par le président de la République
               Le Ministre de l'intérieur
                      F. Lambrecht

 

L'Assemblée nationale a adopté,

Le Président de la République française promulgue la loi dont la teneur suit :

Article unique : Un crédit de quatre cent mille francs (400.000 fr.) est ouvert sur l'exercice 1871, au budget extraordinaire du gouvernement général de l'Algérie.

Délibéré en séance publique à Versailles, le 16 septembre 1871.

                                                                     Le Président,

                                                             Signé : JULES GREVY

              Les secrétaires,

Signé : Paul BETHMONT, N. JOHNSTON, Vicomte de MEAUX, Marquis de CASTELLANE.

                                                            Le Président de la République,

                                                                                A. THIERS

Par le président de la République

           Le Ministre de l'intérieur,

                    F. LAMBRECHT

Annexe n° 580

(Séance du 1er septembre 1871)

RAPPORT fait au nom de la commission chargée, aux termes de l'article 2 de la loi du 21 juin 1871, d'étudier et de préparer la série des mesures destinées à règlementer la concession de 100.000 hectares de terre en Algérie aux émigrants de l'Alsace et la Lorraine, et de déterminer, en outre, dans quelle proportion et de quelle manière l'Etat devra intervenir pour faciliter l'installation des nouveaux émigrants (Urgence déclarée,) par M. Lucet, membre de l'Assemblée nationale.

Messieurs, la loi qui assure aux émigrants de l'Alsace et de la Lorraine 100.000 hectares des meilleures terres disponibles en Algérie, a chargé une commission nommée par vos bureaux "d'étudier et de préparer la série de mesures destinées à réglementer l'exécution de ladite loi et de déterminer, en outre, dans quelle proportion et de quelle manière l'Etat doit intervenir, en dehors de la concession gratuite des terres, pour faciliter l'installation des nouveaux émigrants."

Si votre commission a tardé, jusqu'à ce jour, à vous présenter son rapport sur cette importante ??? à suivre.....


 

Journal officiel du mardi 17 octobre 1871

Versailles, 16 octobre 1871

RAPPORT

AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE

Versailles, le 16 octobre 1871.

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de soumettre à votre approbation les mesures nécessaires pour l'exécution de la loi du 15 septembre 1871, qui elle-même organise le mode de répartition des cent mille hectares attribués par la loi du 21 juin précédent aux immigrants de l'Alsace et de la Lorraine.

Ces mesures, très simples, ont trait à la déclaration exigée pour la conservation de la nationalité française, dont il importait de régler la forme, à la délivrance des actes de concession, qui doit être entourée de quelques garanties, et à la constatation de l'accomplissement des conditions moyennant lesquelles la concession devient définitive. J'ai cru qu'il convenait, en outre, de stipuler expressément, au profit des immigrants, la dispense, pendant trois ans, des impôts qui pourraient grever la propriété immobilière et de préciser le moment où l'existence d'un corps électoral suffisant permettra de constituer des communes de plein exercice.

Tel est l'objet du titre Ier du décret ci-joint.

Le titre II, d'une application plus générale, met à la disposition des immigrants de toute catégorie, indépendamment de l'acquisition des terres à prix fixe, qui continue d'être possible, un mode d'occupation propre à attirer de France et à fixer sur le sol algérien des familles peu aisées, mais habituées aux travaux de l'agriculture et qui peuvent, avec de la persévérance et grâce à la fécondité du sol, parvenir à une prospérité dont la coloni algérienne a déjà vu des exemples; ce mode consiste dans une location à prix minime qui se convertit en pleine propriété à la seule condition d'une résidence pendant neuf ans.

Il a paru inutile d'ajouter à cette condition des clauses relatives aux travaux de mise en valeur ou de construction, puisqu'on ne peut raisonnablement supposer qu'un colon, par lui même ou par ses ayants droit, réside effectivement sur une propriété pendant plusieurs années sans essayer d'en percevoir les produits et d'en tirer le parti dont elle est susceptible; les dispositions de détail n'ont donc pour objet que les garanties à prendre contre ceux qui auraient cessé de remplir la condition de résidence.

Si vous croyez adopter ces propositions, je vous prie de vouloir bien revêtir de votre signature le projet de décret ci-joint, qui les consacre dans leur ensemble.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement.

                                                     Le ministre de l'intérieur

                                                                  CASIMIR PERRIER

 

 

 

 

 

REGLEMENT

SUR LES CONCESSIONS DE TERRES

EN ALGERIE

DECRET DU 16 OCTOBRE 1871

Le Président de la République française,

Vu la loi du 21 juin 1871, qui attribue aux immigrants de l'Alsace et de la Lorraine cent mille hectares de terres en Algérie;

Vu les articles 1, 5 et 9 de la loi du 15 septembre 1871;

Sur le rapport du ministre de l'intérieur et d'après les propositions du gouverneur général civil de l'Algérie,

Décrète :

 

 

TITRE 1er

Art. 1er- Les habitants de l'Alsace et de la Lorraine qui voudront profiter du bénéfice de la loi du 15 septembre 1871, auront à produire devant les commissions d'émigration, instituées à l'article 1er de ladite loi, une expédition en forme de déclaration qu'ils doivent faire auprès de l'autorité municipale, du lieu de leur domicile, aux termes de l'article 2 du traité du 10 mai 1871, pour conserver la qualité de citoyen français. Ce titre sera déposé, à l'arrivée des immigrants dans la colonie, au greffe du tribunal de première instance de la situation des biens, dont la concession leur sera attribuée.

Art. 2- A leur débarquement en Algérie, les immigrants alsaciens et lorrains souscriront définitivement l'engagement par eux pris devant les commissions susmentionnées, de cultiver, de mettre en valeur et d'habiter les terres dont la concession leur sera faite, à titre gratuit, par l'Etat, en même temps qu'ils justifieront qu'ils sont demeurés en possession des ressources pécuniaires éxigées par l'article 1er de la loi précitée.

Le titre de concession qui leur sera délivré aux termes de l'article 5 de la même loi mentionnera cet engagement et la déchéance pourra être prononcée contre ceux qui cesseraient de résider sur leurs terres, avant de les avoir mises en valeur dans une mesure suffisante pour prouver la loyale exécution des obligations par eux souscrites.

Art. 3- L'affranchissement de la clause résolutoire impliquant au profit des concessionnaires propriété définitive et incommutable des immeubles dont ils auront été mis en possession, sera prononcée, à la requête des concessionnaires ou de leurs ayants-cause, par arrêté du préfet du département rendu sur l'avis de la commission départementale. Cet arrêté sera enregistré gratis et transcrit sans autres frais que le salaire du conservateur.

En cas de déchéance, il sera procédé conformément aux règles établies à l'article 11 du présent décret.

Art. 4- Pendant trois ans, le concessionnaire sera affranchi de tous impôts qui pourraient être établis sur la propriété immobilière en Algérie.

Art. 5- Chaque colonie sera constituée en commune de plein exercice, aussitôt l'arrivée des deux tiers des habitants qui doivent la former. En conséquence, les conditions de peuplement seront réglées, pour chacune d'elle, de façon à ce que cette proportion puisse correspondre à l'existence d'un corps électoral de cent citoyens français au moins.

 

TITRE II

Art 6 – Le Gouverneur Général est autorisé à consentir, sous promesse de propriété définitive, et aux conditions ci-après exprimées, des locations de terres domaniales, d’une durée de 9 années, en faveur de tous français d’origine européenne autres que ceux désignés au titre 1er.

Art 7 – La location est faite à condition de résidence sur la terre louée.
Le locataire paiera annuellement et d’avance, à la caisse du Receveur des Domaines de la situation des biens, la somme de un franc, quelle que soit l’étendue de son lot.

Art 8 – La contenance de chaque lot est proportionnée à la composition de la famille du locataire, à raison de dix hectares au plus et de trois hectares au moins, par tête de résidant européen (hommes, femmes, enfants ou gens à gage).
L’acte de location déterminera, pour chaque cas particulier, le nombre d’Européens à entretenir sur l’immeuble.

Art 9 – A l’expiration de la neuvième année de résidence continue dans les conditions exprimées à l’article précédent, le bail est converti en titre définitif de propriété.
Cet acte de propriété, établi par le service des Domaines, est enregistré gratis et transcrit sans autres frais que le salaire de conservateur, le tout à la diligence du service des Domaines et aux frais du titulaire.

Art 10 – après deux années de résidence, le locataire a la faculté de céder son droit au bail et, éventuellement,  à la concession ultérieure des terres, à tout autre colon européen, aux clauses et conditions convenues entre eux, sous la réserve de la notification, en due forme, du contrat de substitution, au Receveur des Domaines de la situation des biens.
Le titre définitif de propriété est délivré, en fin de bail, au dernier locataire occupant.

Art 11 – Le bail est résilié de plein droit par le fait de l’inexécution des conditions de résidence imposées à l’article 8. –
En cas de résiliation, l’Etat reprend purement et simplement possession de la terre louée.
Néanmoins, si le locataire a fait sur l’immeuble des améliorations utiles et permanentes, il sera procédé publiquement par voie administrative, à l’adjudication du droit du bail. Cette adjudication ne pourra être prononcée qu’en faveur d’enchérisseurs européens.
Le prix d’adjudication, déduction faite des frais et compensation faite des dommages, s’il y a lieu, appartiendra au locataire déchu, ou à ses ayants cause.
S’il ne se présente aucun adjudicataire, l’immeuble fait définitivement retour à l’Etat, franc et quitte de toute charge.

Art 12 – Pendant les trois ans, le locataire sera affranchi de tous impôts qui pourraient être établis sur la propriété immobilière en Algérie

Art. 13- Le ministre de l'intérieur et le gouverneur général civil de l'Algérie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

Fait à Versailles, le 16 octobre 1871.

A. Thiers

Par le Président de la République :
Le ministre de l'intérieur
Casimir Perier

 

 

 

 

DECRET DU 10 OCTOBRE 1872
 

Article 1er – Tout locataire établi dans les conditions du Titre II du décret du 16 octobre 1871, est autorisé à transférer, à titre de garantie des prêts qui lui seraient consentis soit pour édifier ses bâtiments d’habitation et d’exploitation, soit pour se procurer le cheptel et les semences nécessaires, le droit qui lui est attribué par l’article 10 dudit décret de céder son bail.

Le transfert doit être accepté par le Préfet et mentionné sur chacun des deux exemplaires du bail lui-même, à peine de nullité. L’acte en vertu duquel il sera consenti, sera enregistré au droit fixe de 1 franc et transcrit sans autres frais que le salaire du Conservateur.

Art. 2 – A défaut de paiement dans les termes convenus, et un mois après un commandement resté sans effet, le créancier bénéficiaire du transfert aura le droit, soit de requérir de l’administration la vente par adjudication publique du droit au bail, soit une mise à prix correspondant au montant de sa créance en capital, intérêts et frais, soit de céder le bail à un tiers réunissant les conditions requises et de se rembourser sur le prix jusqu’à due concurrence

 

Dans ce cas, il notifiera l’acte de cession au locataire qui, dans les huit jours pourra, conformément  l’article 11 du décret du 16 octobre 1871, requérir qu’il soit procédé aux enchères publiques, à l’adjudication du droit au bail, sur la mise à prix déterminée par le contrat de cession. S’il ne survient pas d’enchères, la cession demeurera définitive.

Au cas d’adjudication directement requise, s’il ne survient pas d’enchères, le créancier aura le droit, ou d’abaisser la mise à prix, ou de traiter de gré à gré avec un tiers réunissant les conditions exigées, ou de requérir l’attribution définitive des constructions et bâtiments d’exploitation, ainsi que de sol sur lequel ils seront établis, le surplus faisant retour au domaine de l’Etat.

Art. 3 – En cas de déchéance du locataire ou de ses ayants cause, le droit du créancier de transférer le bail peut être exercé immédiatement, sauf l’application, s’il y a lieu, de l’article 11 du décret du 16 octobre 1871.

Art. 4 – Le Ministre de l’intérieur, etc…

Dès que le demandeur, s’il habite la France, a fait son choix dans une des localités désignées ci contre, il adresse au Préfet,si elle est en territoire civil, ou au Général commandant la division, si elle se trouve en territoire militaire ???????? une soumission conforme au modèle A, en y joignant l’état de renseignements modèle B, rempli par le Maire de sa commune. Dans les quinze jours qui suivent la réception de cette pièce, le Préfet ou le Général Il fait connaître  à l’intéressé si sa demande peut être accueillie ou non. Dans le premier cas, celui-ci reçoit un bulletin d’admission sue le vu duquel la Compagnie Valéry lui délivre le passage 3e classe avec vivres, de Marseille au port de débarquement, tant pour lui que pour sa famille et les personnes à son service. Ce bulletin lui donne également le droit de bénéficier des avantages accordés par les Compagnies de chemins de fer aux familles d’agriculteurs de la Métropole qui se rendent comme colons en Algérie. Ces avantages consistent dans le transport des personnes à moitié prix de la 3e classe du tarif général, chaque immigrant ayant droit en outre au transport gratuit de 100 kilogr. de bagages.

Si tous les lots de la localité désignée par le pétitionnaire sont déjà pris lorsque la demande parvient à l’autorité compétente, il en est prévenu immédiatement, afin qu’il puisse porter son choix sur un autre point et renouveler sa demande.

Le pétitionnaire admis sur un territoire non livré au peuplement sera informé de l’époque à laquelle son installation pourra avoir lieu, de façon à ce qu’il n’éprouve aucune perte de temps ou d’argent.

Enfin, l’attributaire qui n’aura pas pris possession de sa concession dans le délai de trois mois, à partir de son admission, sera déchu de ses droits.

Nb les mots rayés ont été retranscris tes quels.

 

 

 

Les aides n’ont pas manqué, mais ce sont les fonds qui ont souvent fait défaut ;

- Ce fut une aide de l’état : le 16 septembre 1871, un premier budget de 400.000 francs avait été voté par l'Assemblée Nationale sur le budget du gouvernement général .

Mais du fait de l'arrivée importante d'immigrés sans ressources, et dès le 25 octobre 1872, il fallut voter à nouveau un budget, cette fois de 600.000 francs Ces derniers fonds provenaient de la part de la contribution de guerre faite par les insurgés algériens.

 

Décret du 25 octobre 1872

 

"LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE,

Sur le rapport du Ministre de l'intérieur, d'après les propositions du Gouvernement général civil de l'Algérie;

Vu la loi de finance du 30 mars 1872, portant fixation du budget des dépenses et des recettes de l'exercice 1872;

Considérant que, si cette loi a affecté un crédit de 400.000 francs aux travaux de créations de centres et de construction de chemins en vue de l'immigration alsacienne et lorraine, elle n'a pas prévu et ne pouvait prévoir que, loin de posséder le capital fixé par la loi du 15 septembre 1871, la plupart des nombreux immigrants qui sont venus chercher un asile en Algérie y arrivaient dénués de ressources;

Considérant qu'il est du devoir du Gouvernement de pourvoir d'urgence aux premiers besoins de ces immigrants;

Le Conseil d'Etat entendu;

De l'avis du Conseil des Ministres,

DECRETE

ARTICLE PREMIER

Un crédit extraordinaire de 600.000 francs est ouvert au Ministre de l'intérieur (budget du Gouvernement général civil de l'Algérie), sur l'exercice 1872 (chapitre X, Colonisation), pour les dépenses imprévues résultant du développement de l'immigration alsacienne et lorraine

ART. 2

Il sera fait face à ces dépenses au moyen des sommes restant disponibles sur le montant des contributions de guerre imposées résultant du développement de l'immigration alsacienne et lorraine

ART 3

Les Ministres de l'intérieur et des finances et le Gouvernement général civil de l'Algérie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des lois.

Fait à Versailles, le 25 octobre 1872

 

Le Ministre des finances

Signé : E. DE GOULARD

Signé A. THIERS

Le Ministre de L'Intérieur

Signé : Victor LEFRANC

 

- Ce fut une aide de terrain, pour recevoir les demandes des Alsaciens Lorrains, et les comités de Belfort et de Nancy furent crées à cette fin.


- Parce que l’aide était distribuée sans trop de contrôle, le 18 décembre 1872 une loi instituait la commission Wolowski ;  Cette commission avait pour mission d’agréer les futurs colons et leur délivrer un acte d’autorisation de passage gratuit sur mer.


- Il y eut aussi la société de protection des Alsaciens Lorrains, fondée dans le courant de l’année 1871, afin de venir en aide aux familles Alsaciennes et Lorraines sorties des provinces annexées pour se fixer en France ou en Algérie.


- Les sociétés locales d’aide aux Alsaciens Lorrains : les sociétés locales d’agriculture étaient théoriquement sur place pour se rendre compte des difficultés rencontrées par les immigrés dans leur installation sur le sol de l’Algérie. Mais trop statiques, elles furent remplacées par diverses organisations plus réactives et ainsi plus à même de remplir leur fonction.

Cette liste est loin d’être exhaustive, et si vous avez connaissance d’autres formes d’aide aux Alsaciens Lorrains, vous pouvez vous exprimer sur ce site.

 

L'état


La loi de finance du 30 mars 1872 donnait un crédit de 400.000 francs pour la création de centres ;
Mais cela s’avéra très vite insuffisant ;
Les Alsaciens Lorrains se rendant en Algérie étaient loin de posséder les 5.000 francs requis au titre 1er de la loi du 15 septembre 1871.
La majorité arrivait sans ressource ; et l’état s’émut de cette situation.
Le décret du 25 octobre 1872 (texte ci dessus) vota un crédit extraordinaire de 600.000 francs, pour les dépenses imprévues résultant du développement de l'immigration alsacienne et lorraine .

pour voir le détail des ouvertures de crédit pour venir en aide aux Alsaciens & Lorrains

 

Les commissions de Belfort et de Nancy


Le décret Présidentiel du 16 novembre 1871 institue à Nancy et à Belfort, une Commission chargée de statuer sur les demandes des habitants des provinces annexées qui sollicitent la faveur d’être dirigés en Algérie, pour s’y livrer à l’exploitation agricole.
Ce décret nomme les membres des différentes commissions, sur les conseils du Préfet de Meurthe et Moselle et de l’administrateur provisoire de Belfort.

De avril 1871 à janvier 1872, 12 000 à 15 000 individus se sont présentés à Nancy à la Mairie, et ils ont été secourus à divers titres.
On verra tout au long de cette narration le rôle joué par ces deux commissions.

 

Le fonds Wolowski

 

Louis François Michel Raymond WOLWSKI est né en 1810 à Varsovie (Pologne).
Economiste, ayant participé à la révolution Polonaise de 1830, WOLOWSKI dut s’exiler en France, à Paris ; Il choisit la nationalité française.
Sa carrière est impressionnante ;  En 1871 il est pour la deuxième fois nommé membre de l’Assemblée nationale ; Lors de la session 1872, il présente une proposition de loi en faveur des Alsaciens Lorrains qui conservent la nationalité française.
Ci après un courrier fait pour éclairer les immigrants en partance pour l'Algérie, courrier adressé au Comte de Haussonville, et qui est un excellent résumé de ce qui a été fait par la commission Wolowski :.
"Voici sur les décisions de la Commission Wolowski en ce qui concerne l'Algérie, des renseignements exacts que la Société de Protection des Alsaciens Lorrains, présidée par le Comte d'Haussonville, croit devoir porter à la connaissance des familles originaires des pays annexés qui auraient l'intention de se diriger sur notre Colonie.
Partant de ce principe qu'il fallait d'abord pourvoir aux nécessités actuelles, c'est-à-dire secourir les familles Alsaciennes Lorraines qui étaient venues à l'aventure et d'elles mêmes se fixer en Algérie, la Commission a voté une première somme de 980 mille francs destinée aux familles déjà arrivées ou sur le point d'arriver.
Or, il y a en ce moment (1er juillet) en Algérie, 570 familles Alsaciennes Lorraines ayant reçu des concessions de terre au titre 2, c'est-à-dire qui sont arrivées sans ressources (le nombre total des débarqués y compris les célibataires est de 3.581).
Cette somme de 980 mille francs, ajoutée à celles qui y ont été consacrées, tant par l'Etat que par les Comités privés, est suffisante pour assurer à chacune des 570 familles concessionnaires au titre 2, une maison, un cheptel, les semences et les vivres nécessaires jusqu'à la récolte de cette année.
Disons de suite en passant que cette récolte est bonne et qu'aujourd'hui la situation des colons se présente sous l'aspect le plus favorable, ainsi que Mr le Comte d'Haussonville et Mr Guynemer ont pu le constater dans leur dernier et tout récent voyage en Algérie, presque toutes ces familles ont aujourd'hui des maisons en pierres et l'on construit en ce moment celles qui manquent encore.
Le présent étant réglé, la Commission Wolwski a prévu le cas probable où d'autres familles voudraient au mois de septembre prochain se diriger encore sur l'Algérie pour y obtenir aussi des concessions de terre que le Gouvernement accorde aujourd'hui gratuitement et sans difficulté à tous les français, à la seule condition de résidence sur la concession.
La Commission a voté en conséquence une autre somme de 1 million destinée à préparer d'avance l'installation d'un certain nombre de ces familles nouvelles ; sur ce million, 200 mille francs ont été réservés pour les besoins imprévus, les autres 800 mille francs sont affectés dès à présent à raison de 3 500 francs par famille à l'installation de 230 familles moyennant cette somme de 3 500 francs, chacune de ces familles nouvelles recevra gratuitement, outre la concession de terre et le passage sur mer, une maison en pierres couverte en tuiles d'une valeur d'environ 2 000 francs, une paire de bœufs, une charrue, des semences et des vivres pendant le temps nécessaire, mais le nombre des familles qui pourront profiter de ces avantages gratuits étant limité à 230 en raison du peu de ressources dont dispose la Commission Wolowski il a été décidé qu'on choisirait de préférence celles qui ont déjà quelques ressources et parmi les familles qui n'en ont pas, celles qui présenteront le plus de garanties et qui seront les plus aptes à devenir de véritables colons.
Les familles qui se trouvent dans les conditions voulues et qui auraient encore l'intention d'aller se fixer en Algérie, pour y obtenir des concessions de terre et profiter de ces avantages spéciaux, doivent adresser leur demande soit à la Commission Wolowski au Ministère de l'Intérieur à Paris, soit à l'une des deux commissions d'émigration pour l'Algérie, dont le siège est à Belfort et à Nancy.
Ces demandes seront examinées et c'est la Commission Wolowski qui ratifiera s'il y a lieu les choix qui lui seront proposés. Une fois ces choix faits, et en dehors de ces 230 familles et de celles que la Société de Protection d'Haussonville pourra choisir de son côté pour les deux centres qu'elle crée en ce moment à ses frais, les familles qui voudraient plus tard aller en Algérie, recevront une concession de terre au titre 2 c'est-à-dire avec condition d'y résider, mais elles ne devront plus compter que sur leurs propres ressources pour s'établir, à moins qu l’Assemblée Nationale ne vote pour elles de nouveaux fonds, ce qu’il n’est pas possible de prévoir en ce momen

La Société de protection des Alsaciens Lorrains

 

La Société de Protection a été fondée dans le courant de l’année 1871, afin de venir en aide aux familles Alsaciennes Lorraines sorties des provinces annexées pour se fixer en France ou en Algérie.
Elle sera reconnue d’utilité publique par décret du 23 août 1873.
Elle a été fondée par le comte d’Haussonville pour aider les habitants de l’Alsace Lorraine qui ont choisi de conserver la nationalité française.
C’est lui qui présidera cette association.
Les sommes qu’elle recueille proviennent pour la plus grande partie de souscriptions particulières versées par des corps constitués à Paris et dans les départements, soit de dons spontanés.

Elle créera les villages de Haussonviller et de Boukhalfa, puis Camp du Maréchal, situé entre les deux premiers.
Les colons destinés à peupler ces villages, ont été choisis avec soins, et installés à ses frais.
Ces deux villages se composent, en 1878 de 90 maisons dont 66 sont occupées.
Les colons de la Société ont reçu le mobilier, le cheptel, les vivres jusqu’à la première récolte, les instruments aratoires et les semences qui leur étaient nécessaires.
Ils sont en état de se suffire et deviendront  propriétaires définitifs de leur concession, quand ils auront remboursé les avances qui leur ont été faites.

 

Les différentes aides sont distribuées sous la forme de :

 

Subventions : sommes envoyées aux Comités organisés en province afin de subvenir journellement aux frais occasionnés par l’émigration Alsacienne Lorraine.

Secours en argent : secours remis en argent aux familles qui se sont établies sur le territoire français.

Frais de placement : offres d’emplois de tout genre mises à la disposition de la Société de protection afin de placer des personnes.

Bons de nourriture et de logement : fourniture de bons de pain et de fourneaux et bons de logement et nourriture distribués à des personnes résidant à Paris ou de passage.

Vestiaire : effets d’habillement distribués à des personnes domiciliées à Paris, dont des militaires  libérés du service qui ont obtenu l’autorisation de résider dans la capitale.

Soins médicaux : consultation gratuite hebdomadaire par les médecins de la Société de protection, et médicaments.

Frais d’éducation : dépenses d’instruction pour un certain nombre de jeunes Alsaciens Lorrains placés dans les lycées, collèges, écoles primaires ou établissement d’instruction privée.
Plusieurs maisons ont été fondées dans ce but.

 

 

Les sociétés locales d'aides aux Alsaciens Lorrains

 

D’après le Directeur Général des affaires civiles, en date du 28 juin 1872 :

« Le concours des sociétés locales d’agriculture, en tant que corps constitué, a fait défaut jusqu’à ce jour à l’immigration, et, en dehors de l’intervention administrative, c’est grâce aux sociétés privées qui se sont formées spontanément, et dont un certain nombre des membres des chambres d’agriculture et de comices agricoles font, du reste partie, que l’assistance due aux immigrants est assurée dans la mesure des ressources qu’il est possible d’y consacrer, tout en cherchant à éviter que les fainéants et les rouleurs, et ce sont justement ceux dont les plaintes trouvent un écho complaisant dans la presse, n’exploitent le sentiment de commisération qu’inspire à juste titre la situation des familles honorables qui ont quitté leur pays, arraché à la mère patrie, plutôt que de se soumettre au joug de l’étranger. »

Le travail des société locales d’agriculture a été relayé, par province :

Province d’Alger 

Le Comité dit « d’émigration et de patronage »
Il assure la réception des immigrants dès leur arrivée, et leur hébergement provisoire dans l’établissement qui a été organisé à cet effet au Fort des Anglais près d’Alger.
   Les Alsaciens et les Lorrains sont momentanément recueillis dans ce dépôt, jusqu’au jour où des abris provisoires leur étant préparé, ils pourront être dirigés dans les nouveaux centres en voie de peuplement.

Province d’Oran 

il existe à Oran un comité constitué à titre privé, sous le nom de comité d’immigration alsacienne et lorraine qui possède 25 000 f environ de ressources qu’il utilise à l’œuvre en question.
   Le comité est en relation suivie avec ceux de Belfort et de Nancy.
   Le Préfet a fait savoir, en outre, qu’il allait soumettre au Conseil général, dans sa session courante, des propositions pour la constitution de la commission qui doit être instituée dans chacun des trois départements algériens, conformément aux prescriptions de l’article 3 de la Loi du 15 septembre 1871.

Province de Constantine

C’est une Société privée qui s’est formée à Constantine pour venir en aide, par les ensemencements, aux victimes de l’invasion,,
voici le résumé des renseignements recueillis :
  La société des ensemencements a réalisé jusqu’à ce jour un bénéfice de 119 000f qui atteindra le chiffre de 200 000f si l’on parvient à faire rentrer tout ce qui reste dû, après la récolte.
   L’intention du Président de cette société est de proposer aux actionnaires et sociétaires d’affecter cette somme entière au profit des immigrants de l’Alsace et de la Lorraine aux conditions suivantes :
 Pas d’avance en argent. On construirait, pour tout immigrant qui justifierait de la possession d’un capital de 2 000f, une maison avec dépendance d’une valeur d’environ 5 000f.
Cette avance serait remboursable par le colon avec un intérêt de 4% par an, soit en totalité soit par amortissement dans une période de 10 à 12 ans.
   Tel est le projet du Président de la Société des ensemencements. Mais il n’est pas possible de préjuger les conditions qui pourraient être sanctionnées par l’Assemblée Générale. Ce n’est qu’au mois d’octobre prochain que le Président sera en mesure de faire connaître d’une manière précise la voie et moyen que la société compte définitivement employer pour venir en aide aux immigrants de l’Alsace et de la Lorraine.

 

La Commission des Alsaciens et Lorrains

 

La commission des Alsaciens Lorrains, a été instituée en exécution de la loi du 21 décembre 1872,.
Présidée par  M. Wolowski.

Les membres de la commission se sont répartis en trois comités de la manière suivante :        

 

Comité des secours

MM le comte d’Haussonville
CLAUDE (Meurthe et Moselle) ; membre de l’Assemblée nationale
AUBRY, membre de l’Assemblée Nationale.
BRICE (mm), membre de l’Assemblée Nationale
KELLER, membre de l’Assemblée Nationale.
CLAUDE (Vosges), membre de l’Assemblée Nationale
DURANGEL, conseiller d’Etat, directeur au mi
De ROUSSY, directeur général au ministère des finances.

Comité de l’instruction

MM. Wolowski, membre de l’Assemblée Nationale.
COLLIGNON, conseiller d’état.
DIETZ-MONNIN, membre de l’Assemblée Nationale.
Le Marquis de GOUVELLO, membre de l’Assemblée Nationale.
SCHEURER-KESTNER, membre de l’Assemblée Nationale.
BOMPARD, membre de l’Assemblée Nationale.
L’abbé Le HARDY du Marais.
LAUTH.

Comité de colonisation

MM. Buffet, membre de l’Assemblée Nationale.
VARROY, membre de l’Assemblée Nationale.
LEFEBURE, membre de l’Assemblée Nationale.
LUCET, membre de l’Assemblée Nationale.
BLAVOYER, membre de l’Assemblée Nationale.
SAGLIO, conseiller d’Etat.
FOURNIER, conseiller d’Etat, directeur de l’Algérie au ministère de l’intérieur.

 

Les demandes concernant la commission des Alsaciens-Lorrains devront être adressées à M. le Ministre de l’intérieur (secrétariat de la commission), au château de Versailles

 

Les orphelins d'Alsace Lorraine

 

Orphelinat du Vesinet

M. Edouard de NAUROIS a mis à la disposition de la Société de protection, dans le courant de l’année 1875, une propriété boisée qu’il possédait au Vésinet, et a consacré une somme de 50.000 francs aux frais de construction d’un orphelinat destiné aux jeunes filles Alsaciennes Lorraines.

 

St Vincent de Paul de Djidjelli

Les immigrants Alsaciens et Lorrains ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs enfants, confièrent ces derniers aux sœurs de St Vincent de Paul de Djidjelli, jusqu’à ce que leur situation s’améliore.

Lettre « Au Président du Comité de patronage Catholique des Alsaciens Lorrains, à Paris

La sœur CROQUET, supérieure de l’orphelinat de Djidjelli, province de Constantine, a donné suite à 25 jeunes filles appartenant à des familles d’Alsace Lorraine émigrées en Algérie, et qui, obligées de pourvoir à leur installation matérielle, se trouvent momentanément dans l’impossibilité de prendre soin de leurs enfants.
32 jeunes garçons ont été recueillis dans les mêmes conditions par un instituteur de la localité. Ce dernier ne reçoit ni indemnité ni traitement d’aucune espèce. On demande 0,50 f par jour pour l’entretien de chacun de ces pupilles, soit un prix sensiblement inférieur à celui qui est payé en France ; mais le comité de l’instruction des Alsaciens Lorrains n’a pas qualité pour statuer. La dépense à faire incombe naturellement au budget de la colonisation, soit au comité de l’Algérie.

Monsieur FOLLET prie Mr de LABARRE de vouloir bien lui faire connaître s’il est déjà saisi de la double réclamation dont il s’agit et de lui indiquer, en tout cas, la solution que comporterait à son avis, cette réclamation qu’appuie le colonel d’état major SMINEF. »        

 

Les départements de Meurthe et Moselle

 

extrait du site  http://fr.wikipedia.org/wiki/Meurthe-et-Moselle

Le département de Meurthe-et-Moselle fut créé le 7 septembre 1871, à partir des territoires des départements de la Meurthe et de la Moselle que le traité de Francfort avait laissé à la France. Les arrondissements de Lunéville, Nancy et Toul étaient restés Français et demeuraient partie intégrante de la Meurthe-et-Moselle, tandis que la partie issue de la Moselle forma l'arrondissement de Briey. Les arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg furent quant à eux annexés par l'Allemagne.
La limite actuelle entre les départements de Meurthe-et-Moselle et de la Moselle correspond précisément à la frontière franco-allemande entre 1871 et 1919.
La seule modification intervenue dans les limites du département, fut par la suite le rattachement en 1997 de la petite commune de Han-devant-Pierrepont, qui appartenait auparavant à la Meuse.

 

 

pour remonter

 

Avant de commencer, je vous conseille le site de aj.garcia :

http://aj.garcia.free.fr/index.htm

pour les Alsaciens Lorrains :

http://aj.garcia.free.fr/index4.htm

puis : Chap.III  L'Algérie de 1870 à 1890.

  1. Les Alsaciens-Lorrains.

 

 

 

DEBUT DE L’IMMIGRATION DES ALSACIENS LORRAINS

 

Les débuts sont difficiles.
Les Alsaciens Lorrains affluent à Belfort et à Nancy, demandeurs de secours ; mais aucune instance n’est là pour les accueillir.
Des lettres arrivent auprès du commissaire de l’émigration qui ne sait pas trop qu’en faire. Tous se tournent vers le Ministre de l’Intérieur.
De avril 1871 à janvier 1872, 12 000 à 15 000 individus se présenteront à Nancy à la Mairie, et ils seront secourus à divers titres.
Dans une note sur l’émigration des Alsaciens Lorrains provenant de la Préfecture de Meurthe et Moselle, on peut lire :
Depuis le mois d’avril 1871, on constate un mouvement continu d’émigration appartenant à toutes les classes, à toutes les catégories de la population.
L’attitude de l’Autorité Allemande a évolué vis-à-vis de l’émigration ; Au début, elle favorisait ouvertement le départ des émigrants, sans doute pour faire de la place aux Allemands, et ainsi délivrer les nouvelles provinces de tous les gens sans ressources.
Des réquisitions de transport gratuit sur les chemins de fer Français étaient prises, mais vers le mois d’août 1871, elles cessèrent, et des mesures furent prises par les autorités des provinces annexées pour gêner le mouvement d’émigration.
Il fut défendu aux maires de délivrer des certificats d’identité et de moralité.
D’après le Préfet de Meurthe et Moselle, « il eut été sage de profiter de ce mouvement pour conduire en Algérie des colons excellents et honnêtes, dont un grand nombre aurait reçu volontiers cette destination ; qu’il est temps encore de prendre cette mesure, mais qu’il faut se hâter, et se préparer à diriger le dernier courant qui sera sans doute le plus fort. »

Ci après le courrier du 19 octobre 1871 qui montre bien le désarroi des commissions existant à cette date et le manque de structure et de crédit en place pour accueillir les immigrants.

 

                             Nancy, le 19 octobre 1871

 

                 Monsieur le Ministre,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que chaque jour, je reçois des lettres d’alsaciens et de lorrains qui désirent se rendre en Algérie et sollicitent mon intervention, me croyant chargé de ce service.
Comme je n’ai aucune instruction à ce sujet, je ne crois pas devoir répondre à ces lettres, et cela d’autant moins que mes réponses, qui ne pourraient être que négatives, n’arriveraient pas à destination, vu que l’affranchissement est obligatoire jusqu’à la nouvelle frontière et que je n’ai point de fonds destinés à cet objet.
Il serait pourtant important que les cultivateurs qui veulent coloniser l’Algérie puissent obtenir tous les renseignements nécessaires à leur immigration, et dans ce but, j’ai cru, Monsieur le Ministre, devoir vous rendre compte du fait signalé ci-dessus.
                                    Je suis avec respect
                                     Monsieur le Ministre,
       Votre très humble et très obéissant serviteur.

          Le Commissaire de l’émigration

               Muller

 

Dans une note sur l’émigration des Alsaciens Lorrains provenant de la Préfecture de Meurthe et Moselle, le Préfet, Vicomte de Montesquiou dénonce l’attitude du gouvernement Allemand, et préconise plus d’aide pour les Alsaciens Lorrains.

 

 

PREFECTURE
de Meurthe et Moselle
4e division

                        NOTE SUR L’EMIGRATION DES ALSACIENS LORRAINS

 

HISTORIQUE DE LA QUESTION

Depuis le mois d’avril 1871, un mouvement d’immigration s’est produit des provinces annexées vers la France : les migrants appartiennent à toutes les classes, à toutes les catégories de la population. Toutefois, ce sont les jeunes gens en état de porter les armes ou les ouvriers qui ont passé les premiers. On peut admettre que la classe de 1871 des départements cédés à la Prusse sont en grande partie sous nos drapeaux pour engagement volontaire (d’avril en septembre 1871, il y a eu 4 000 engagements à la Mairie de Nancy).
Parmi ces émigrants, beaucoup sont sans ressources ou n’ont qu’un faible pécule qu’il leur importe de ménager. Ils viennent donc demander à Nancy le logement, des vêtements, et surtout un secours de route pour se transporter sur un point du territoire où ils puissent trouver à s’établir ou à s’occuper.
Les émigrants, isolés ou par famille, prennent des directions diverses ; ils se rendent notamment à Châlon, à Reims, à Rouen, à Besançon, à Châtellerault, à Lyon, ou, en dernier lieu surtout à Marseille d’où ils s’embarquent pour l’Algérie.
Le nombre des individus qui se sont ainsi présentés à Nancy à la Mairie, ou qui ont été secourus à divers titres, d’avril 1871 à janvier 1872, est d’environ 12 à 15 000, soit de cinquante par jour en moyenne ; mais tout porte à croire que cette proportion augmentera à mesure que l’on se rapprochera du terme assigné à l’option. Sur ce point, les renseignements que je reçois des propriétaires, des industriels, des fonctionnaires réfugiés ici sont unanimes :

Il faut prévoir vers le milieu de l’été, un mouvement plus accentué pour être une sorte de panique. Ce mouvement sera d’autant plus fort que les Allemands exécuteront plus rigoureusement la menace qu’ils commencent à répandre : d’exiger de ceux qui auront opté pour la nationalité française, l’élection de domicile réel en France. Cette mesure qui ne résulte point des conventions, aurait pour effet de déterminer beaucoup de propriétaires à vendre leurs propriétés situées en pays annexés, or il n’est pas douteux qu’en ce cas ils fussent suivis par un grand nombre de ceux qui ne possèdent ???

L’attitude de l’autorité  Allemande vis-à-vis de l’émigration est assez difficile à caractériser. Au début, elle favorisait –ouvertement- le départ des émigrants, sans doute afin de faire place à un certain nombre d’Allemands, et aussi de délivrer les nouvelles provinces de toute la gente sans ressources ou sans ???. A cet effet, elle donnait  sur réquisition le transport gratuit sur nos chemins de fer ; mais, vers le mois d’août 1871, les réquisitions Allemandes cessèrent et au contraire, des mesures furent prises par les autorités de province annexées pour gérer le mouvement d’émigration. Il fut défendu aux Mairies de délivrer des certificats d’identité et de moralité, et, sur quelques points, les émigrants furent menacés. Enfin, c’est depuis un mois environ qu’une pression semble exercée sur les propriétaires sans le sou que je viens d’indiquer.

Jusqu’ici toutefois, aucune observation ne nous a été faite par l’Autorité militaire de Nancy. Nous prenons certaines précautions pour éviter de trop attirer son attention, et la meilleure est sans doute de hâter autant que possible le départ des émigrants et d’empêcher leur encombrement à Nancy.

RÔLE DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS

Le rôle du Gouvernement Français m’a semblé devoir être celui-ci : ne pas agir dans le sens de l’émigration, mais ne pas la combattre ; ne point attirer nos malheureux compatriotes, mais ne pas les refouler sur la frontière ennemie. Quoi qu’on fasse d’ailleurs, il était impossible d’empêcher l’émigration, et nous ne pouvions nous soustraire au devoir d’aider dans leur malheur ces Français qui quittaient tout pour ne pas perdre leur nationalité. J’ajoute, et je n’ai cessé de l’écrire depuis mon arrivée ici, qu’il eut été sage, à mon avis, de profiter de ce mouvement pour conduire en Algérie des colons excellents et honnêtes, dont un grand nombre aurait reçu volontiers cette destination ; qu’il est temps encore de prendre cette mesure, mais qu’il faut se hâter et se préparer à diriger le dernier courant qui sera sans doute le plus fort.

MESURES PRISES EN 1871

Pour s’acquitter de ce devoir patriotique ainsi compris, j’ai favorisé à Nancy la formation de deux comités dont l’un institué directement par moi à la Mairie, et qui ont apporté dans cette œuvre un dévouement qu’on ne saurait trop louer. Il a été dépensé dans le courant de 1871 une somme de près de cent mille francs, y compris celle de 42 000 francs allouée par le Ministère de l’Intérieur, qui  servit à donner sous ma surveillance le logement et la nourriture, des vêtements, un passeport avec secours de route et des réquisitions de chemin de fer à tout ceux qui, ayant établi autant que possible leur identité, ont justifié de l’option pour la nationalité Française, ou d’une destination assurée, ou ont prouvé, en outre, qu’ils avaient besoin d’être aidés.

MESURES A PRENDRE EN 1872

Si le Gouvernement approuve ce qui a été fait jusqu’ici, la marche à suivre à l’avenir me paraît toute tracée. Il faut continuer à aider le Comité de Nancy qui fonctionne très régulièrement sous ma direction ou avec le secours de mes bureaux, et pour cela il faut lui assurer sans retard un subside pour 1872, car le crédit de 1871 est employé et je ne suis pas couvert en ce moment des dépenses que je fais et des réquisitions que je donne ?

CREDITS NECESSAIRES

Quelle doit être l’importance du crédit de 1872 ?
La réponse dépend du parti que le Gouvernement voudra prendre.
S’agit-il de continuer seulement l’œuvre commencée à Nancy, qui consiste à recevoir les émigrants, à les enregistrer, les assister et leur donner une réquisition de transport à moitié prix sur un point quelconque du territoire ? Le minimum de la dépense à prévoir en 1872 sera e cent mille francs, en supposant la continuation de ce qui se passe en ce moment.
Mais il convient, selon moi, de rattacher au ??????,,   de façon à n’attirer l’attention ni des populations annexées, ni de l’autorité Allemande, une somme deux ou trois fois plus forte, tenue en réserve pour le cas où l’accroissement du nombre des émigrants nous menacerait ici d’un encombrement qui pourrait devenir un danger sérieux.

Enfin, si le Gouvernement veut entrer dans la voie la meilleure, la plus sage à mon avis, il y aurait lieu de donner au Gouvernement d’Algérie, les moyens de recevoir et de soutenir au début un certain nombre de ces émigrants qui ne remplissent pas la condition prévue par la loi du 15 septembre 1871.
Dans ce cas, il conviendrait : 1° de prévoir un accroissement de dépenses du Comité de Nancy ; 2° de subventionner sous la direction du Préfet le comité qui fonctionne à Marseille ; 3° enfin, de voter un crédit, dont  M. le Gouverneur spécial de l’Algérie pourra seul connaître et indiquer l’importance.

Le Préfet de Meurthe et Moselle
Vicomte de Montesquiou

 

Le décret du 16 novembre 1871, institue la Commission de Nancy et de Belfort pour répondre aux besoins de immigrants Alsaciens et Lorrains.

 

 

Ministre
De l’Intérieur

                            Versailles, le 16 novembre 1871

Ampliation

 

Vu la loi du 21 juin 1871, qui attribue aux immigrants de l’alsace et de la Lorraine cent mille hectares de terres en Algérie ;
Vu l’art 1er de la loi du 15 septembre 1871, qui prescrit l’institution à Belfort et à Nancy de commissions chargées de l’examen des demandes de concessions formées en exécution de la loi du 21juin précitée ;
Vu le titre 1er du décret du 16 octobre 1871 ;
Vu les propositions de l’administrateur provisoire de Belfort et du Préfet de Meurthe et Moselle ;
Sur le rapport du chef du service de l’Algérie,
  Arrête :

Article 1er

Sont nommés Membres de la Commission d’Emigration Alsacienne Lorraine de Belfort :
 M.M. RENAULT, Ingénieur des Ponts et Chaussées,
Louis STEHELIN, Avocat,
Gustave MENETREZ, Avocat,
DRETEICH, secrétaire général de l’administration de Belfort,
Henri  de DARTIN, conseiller de préfecture à Belfort

Article 2

Sont nommés Membres de la Commission d’Emigration Alsacienne Lorraine de Nancy :
M.M. WILCHE, Maire de Nancy, Membre du conseil général de Meurthe et Moselle,
De MALGRAIVE, Lieutenant colonel du Génie en retraite, ancien membre du conseil général de la province d’Alger,
GUERRE, Ingénieur en chef en retraite ;
NOBLOT, Membre du conseil général de Meurthe et Moselle,
VOLLAND, Avocat, ancien conseiller général ;
Arrêté du 27 juin1872 : LEDERLIN, Professeur à la faculté de droit, 
                                      FABORG, fils,

Fait à Versailles, le 16 novembre 1871

             Signé : Casimir Perier

Pour ampliation

Le Chef du 1er Bureau du Secrétariat

Comité d’émigration pour l’Algérie
M.M.
VOLLAND,………
De MAGLOIRE, ………
GUERRE……..
LEDERLIN ……….
GOURIER, membre du conseil Gal de Meurthe et Moselle
PETIT de JULLEVILLEe, professeur à la faculté de lettre de Nancy
V. de METZ, capitaine
FABVIER,

 

 

Mais des colons issus de riches villages d’Alsace émigrent vers l’Amérique, ce que déplore la Commission d’émigration des Alsaciens Lorrains de Belfort.

Par contre, les Alsaciens qui demandent des concessions en Algérie ne sont pas des agriculteurs, mais des ouvriers sans emploi pour la majorité. En outre, ils ne disposent pas de ressources, et sont envoyés en Algérie au titre II.

En fait très peu d’immigrants ont suffisamment de ressources pour partir au titre I.

Beaucoup d’immigrants sont dirigés vers l’Algérie, mais il n’existe aucune structure pour les accompagner et les installer à leur arrivée;
Le Ministre de l’Intérieur au service de l’immigration, Casimir PERIER, lance un appel à la vigilance, afin d’éviter que des personnes ne se retrouvent en Algérie dans un état de dénuement et de maladie qui obligerait à les rapatrier.
Il préconise, par mesure d’économie, mais aussi pour ne pas engorger les ports et éviter les arrivées massives en Algérie, de constituer des groupes de 25 personnes par transport par mer, ou de 10 personnes lorsqu’il s’agit d’ouvriers proprement dits et notamment ceux qui se livrent aux travaux de la campagne, mais qui sont privés de ressources.
On verra plus tard les répercutions de cette consigne.

Voici le courrier qu’il envoie au Préfet de Meurthe et Moselle : (retranscris tel quel avec les ratures)

MINISTERE DE L’INTERIEUR

Service de l’Algérie
Colonisation

Immigration Alsacienne et Lorraine

1ère minute

« Versailles, le  29 novembre 1871

M. l’Administrateur de Belfort
M. le Préfet de Meurthe et Moselle, Nancy

Monsieur l’Administrateur, Monsieur le Préfet,
En vous transmettant l’arrêté ministériel du 16 de ce mois qui constitue les commissions d’émigration Alsacienne et Lorraine, je vous ai annoncé l’envoi prochain d’instructions destinées à guider ces commissions dans l’accomplissement de leur mandat.
Dès aujourd’hui je suis en mesure de vous fournir quelques renseignements utiles.
Je ne rappellerai que pour mémoire l’obligation où sont les immigrants de justifier en due forme, individuellement ou par famille de leur volonté de conserver la qualité de citoyen français ( art 2 du traité de paix du 10 mars 1871 et art 1er de la loi du 15 septembre et du décret du 16 octobre 1871).
La constatation des ressources pécuniaires consistant en un capital titre 1er disponible d’au moins 5.000 francs, ressources exigées par la loi du 15 septembre, doit appeler toute l’attention des les commissions devront s’entourer de toutes les garanties qu’elles croiront utiles en pareille circonstance. On ne saurait trop se garantir contre les fausses déclarations inexactes ou fausses, qui se sont produites en d’autres temps dans des circonstances identiques, et qui ont eu pour conséquence d’envoyer en Algérie des familles que la misère et la maladie ont bientôt atteintes et qu’il a fallu rapatrier aux frais de l’Etat.
La moralité et l’aptitude agricole exigées par l’article 1er de la loi du 15 septembre, doivent être également l’objet d’enquêtes sévères et de constatations authentiques.
On devra rappeler aux immigrants admis pas les commissions que la loi du 15 septembre (article 2 ) ne leur alloue aucune indemnité ni secours de route du lieu de leur domicile au port d’embarquement et qu’il leur sera accordé que le transport à la 3e classe par mer pour eux et leur bagages, à raison de 75 kilos par tête, de Marseille au port de la Province où se trouvent les terres à eux affectés.
Toutes pièces exigées des immigrants formeront des dossiers individuels groupés par courrier correspondant qui me seront adressés par vos soins et que je transmettrai par groupes semblables à Mr le Gouverneur Général de l’Algérie.
En échange de ces dossiers, je vous ferai parvenir les permis d’embarquement établis comme il a été dit ci-dessus par individus ou par familles.
M. le gouverneur Général désire que les familles admises par les commissions à se rendre en Algérie ne soient autorisées à partir que par séries d’au moins 25. Il sera nécessaire que vous m’annonciez à l’avance leur départ en m’indiquant la direction qui leur sera donnée, afin que j’en avise le Gouverneur Général et que ce haut fonctionnaire puisse prendre lui-même toutes les dispositions nécessaires pour assurer leur première installation.
Mais ce que désirerait M. l’Amiral De Gueydon et le point sur lequel je ne saurai trop insister moi-même, c’est  estime qu’il serait bon que préalablement à tout mouvement d’immigration, les chefs de familles vinssent d’abord seuls, afin de juger par eux même avant d’appeler leurs familles dans la colonie. C’est là une des conditions essentielle et le moyen de prévenir bien des désillusions ou des réclamations ultérieures, soit de faciliter la recherche de combinaisons qui permettraient aux immigrants de se placer dans des lieux déjà occupés par des habitants européens, tandis qu’une population déjà acclimatée irait créer de nouveaux centres en pays arabes. A cet effet, je leur délivrerai par votre demande, et par votre intermédiaire des permis de passage sur mer aux chefs de famille mais il est bien entendu que cette faculté se sera accordée qu’aux chefs de famille dont les droits auront été reconnus et qui auront été admis par les commissions. Voici l’indication sommaire des terres domaniales  disponibles, reconnues jusqu’à ce jour comme pouvant être livrées à l’émigration Alsacienne et Lorraine.
Dans la Province d’Alger :

  1. dans le pâté de collines qui sépare la Mitidja de la plaine des Isser, c'est-à-dire à une distance moyenne de 70 kilomètres d’Alger ; soit dans la plaine même des Isser et dans les premières vallées de la Kabylie occidentale, il y aurait place pour 150 familles.

Dans la Province de Constantine :

  1. Les Beni Ziad
  2. Aïn Tin
  3. Bled yusef

 

Les terres domaniales de la zone de Mila

A 25 kilomètres en moyenne au nord ouest de Constantine

 

A 30 kilomètres en moyenne à l’ouest de Constantine

Les deux groupes de terre de cette province suffiraient amplement à l’installation de 300 familles.
Dans la province d’Oran, on s’occupe de rechercher les terres de l’Etat disponibles ; mais on peut constater que sous le rapport de la contenance et du climat plus chaud dans l’ouest que dans le centre et dans l’est de l’Algérie, l’émigration Alsacienne et Lorraine s’y trouverait dans des conditions moins favorables.
Les Sieurs ZIEGLER (Léon) de MARBACH, (Haut Rhin), KLEIN et GRANDJEAN, ont été autorisés à se rendre en Algérie pour rechercher les endroits les plus propices à recevoir les familles Alsaciennes. Ils ont visité une partie de la Province de Constantine en compagnie des autorités locales et ils doivent s’entendre en dernier lieu avec le Gouverneur Général pour fixer leur choix.
Je n’ai pas besoin de vous rappeler qu’au point de vue du recrutement des familles d’émigrants, Les commissions conservent d’ailleurs leur compétence entière et toutes leurs attributions par l’examen des titres et le choix des familles que ces messieurs pourront présenter.
En dehors des émigrants Alsaciens et Lorrains auxquels s’appliquent spécialement les lois du 21 juin et 16 septembre, le titre 1er du décret du 16 octobre, je dois vous entretenir des émigrants cultivateurs ou ouvriers, de même origine,  mais qui ne remplissent pas les conditions stipulées dans les textes rappelés ci-dessus.
En ce qui touche les cultivateurs, il n’y aurait aucun inconvénient à ce qu’on laissât partir pour l’Algérie, des familles possédant un pécule de 1800 francs à 2500 francs, mais en les prévenant qu’elles seraient installées seulement aux conditions édictées par le titre 2 du décret du 16 octobre.
Aux termes de ce titre 2, les colons français peuvent être mis en jouissance de terres domaniales à titre de locataire, moyennant une redevance annuelle de un franc par famille et par lot, à condition de résider pendant une période maximum de neuf années à l’expiration de laquelle ils deviendront propriétaires définitifs.
Quant aux ouvriers proprement dits et notamment ceux qui se livrent aux travaux de la campagne, mais qui sont privés de ressources et sont isolés et sans famille( et cela s’entend toujours des alsaciens et lorrains restés français), le gouvernement général ne s’oppose pas à ce qu’il en soit dirigé un certain nombre sur la colonie, mais à cette double conditions, toutefois, qu’ils seront prévenus avant leur départ que l’administration ne leur assure que les frais de route et le passage gratuit par mer sur les bateaux de la Compagnie …
Qu’enfin ils seront groupés par la commission en séries de 10 au plus, avec les permis d’embarquement, alternant entre les postes d’Oran, d’Alger, de Philippeville et de Bône C’est l’unique moyen d’assurer leur placement au fur et à mesure de leur arrivée dans la colonie et d’éviter tout encombrement, toute perte de temps et par suite, toute occasion de découragement et de démoralisation
Mr le Gouverneur général civil de l’Algérie m’annonce qu’il sera prochainement en mesure de m’adresser de nouvelles indications très précises que je ne  manquerai pas de porter à la connaissance des commissions par votre intermédiaire.
Recevez, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma considération très distinguée.

                             Le Ministre de l’Intérieur »

 

 

Malgré toutes ces précautions prises afin que les arrivées soient fluides et bien organisées, les problèmes persistent : ce sont surtout les immigrés arrivés sans aucune ressource en Algérie, et qui se retrouvent à la charge de l’administration. Souvent même, ils n’ont aucune aptitude aux travaux agricoles.
Pour éviter ces problèmes, le Ministre de l’Intérieur, Casimir Perier demande à ce que seul son département soit autorisé à délivrer les autorisations de passage gratuit sur mer. Les immigrés devront prouver qu’ils ont des ressources suffisantes ou qu’ils sont attendus avec une promesse de travail.
Même les secours de route ne seront plus alloués que de façon exceptionnelle aux « individus » résidant en Algérie.
 
Les autorités s’agitent, chacun y va de sa proposition.

extrait d’un courrier du Gouverneur Général Civile de l’Algérie, le Vice Amiral Cte de GUEYDON, au Préfet de Constantine, de février 1872 :

 Une somme de 50 000 francs est débloquée pour la construction d’une centaine de « baraques ou gourbis perfectionnés » afin d’abriter les familles alsaciennes qui doivent arriver avec le 1er groupe de Me Ziegler.

Il est recommandé de traiter les immigrants en trois catégories :

  1. s’ils remplissent les conditions de la loi du 21 juin 1871, il faut les installer d’urgence d’après les dispositions du titre 1er du décret du 16 octobre 1871.
  2. S’ils arrivent de France, attributaires de terres d’après le titre 2 du décret du 16 octobre 1871, et s’ils ne possèdent qu’un faible pécule, il convient de les installer immédiatement, mais également de leur donner une subvention, mais qui soit inférieure à 300 francs.
  3. Il reste les immigrants qui voyagent avec « M.M. ZIEGLER et Cie » : il conviendrait de les placer ensemble afin d’encourager les secours mutuels, et les familles qui arrivent isolément : il faut les placer sur des concessions qui existent depuis plusieurs années, afin qu’ils puissent bénéficier du savoir faire des colons installés là de longue date.

« Le but à  atteindre c’est : le peuplement par des familles françaises d’origine européenne. Or, pour cela, il faut peu de terres et beaucoup d’enfants, point de grandes concessions que l’on fait exploiter
par des arabes, mais beaucoup de locataires, moyen de fixer des familles françaises au sol et d’éviter
 la vente des concessions à des étrangers et surtout à des indigènes. »

 

Le premier groupe d’Alsaciens Lorrains en partance pour la Province de Constantine

 

On parle, dans les courriers de «groupe » plutôt que de « convoi » comme en 1848. Par contre la presse parle, elle, plutôt de « convoi ».

Le 1er groupe part le 19 février 1872 pour se rendre à Marseille par le chemin de fer, puis en Algérie, dans la région de Constantine avec Mr Ziegler; On les appellera dans les courriers administratifs, "Ziegler and Co" puis la colonie Ziegler.
Mais le 14 février, un télégramme de ???? fait savoir que les départ pour Stora ont lieu les vendredis, et que le 19 février est un lundi ; Mr Ziegler devra donc attendre le 23 février pour s’embarquer.
Il devra se présenter la veille à Marseille pour embarquer.
Ce convoi se compose de 16 familles, soit 98 émigrants. Plusieurs chiffres sont avancés : 107 personnes pour le journal de Lyon, 120 personnes pour la préfecture de Constantine.

La Compagnie de la ligne de Lyon Marseille accorde une réduction de 50% à chaque émigrant sur présentation de son titre de concession.
Pour ceux qui sont sans ressources, la Commission leur a accordé des frais d’entretien pour leur permettre de payer le prix du transport.
C’est le Capitaine Ziegler qui amène les futurs colons vers le lieu de leur exploitation, secondé par le Docteur Rollet.
Ziegler a combattu l’ennemi dans les Vosges à la tête de ses francs tireurs ; Il a été nommé chevalier de la légion d’honneur.

Le 23 février 1872, le Journal de Lyon annonce le passage du 1er groupe d’émigrants Alsaciens pour l’Algérie.

Ce 1e groupe débarque à Stora, près de Constantine.

Ici liste des AL du 1er groupe

pour voir cette liste cliquez sur le bouton

Le 25 février 1872, le journal « .. », (le nom du journal n’apparaît pas) relate l’arrivée des colons Alsaciens à Stora.
« Le voyage ne s’est pas toujours bien passé ; Pourtant tout avait été mis en œuvre pour faciliter le voyage des immigrants :
- le gouvernement a accordé le passage gratuit d’Alsace jusqu’à Constantine ;
- la société industrielle de Mulhouse offre dix moutons à chaque colon;
- les différentes sociétés Alsaciennes et Lorraines de France ont tenu à honneur d’aider ces malheureux ;
- la société de Lyon leur a voté un secours de 500 fr.
- celle de Nice a fait parvenir 300 fr à la société de Lyon pour être remis à M. le Capitaine ZIEGLER.
Mais à l’arrivée en Algérie, rien n’est prévu.
Heureusement, un comité formé par des colons Alsaciens vient au secours des arrivants, en leur fournissant nourriture et logement.
Mais il reste le problème du voyage jusqu’à Constantine où les émigrants sont attendus.
En effet, en l’absence d’instructions, il est demandé aux voyageurs de payer leur transport.
Le problème est le suivant :
« le directeur du chemin de fer avait promis réduction de prix à tout colon muni d’un acte de concession, mais ces pièces ne devant être délivrées qu’à Constantine, on priait la Compagnie de considérer cette affirmation administrative, comme pièce officielle… »
Les colons partent donc le lundi par le train de deux heures.
Que de temps perdu à se renvoyer la responsabilité au sein de l’Administration.
Tous ces embarras proviennent de ce que la loi Lucet impose à chaque émigrant qui veut avoir des terres, la possession de 5 000 fr. au moins.
Or, pour réaliser une somme de 5 000 fr. dans les pays envahis, c’est posséder une fortune d’au moins 20 000 fr. Autant dire que peu d’Alsaciens Lorrains possèdent cette somme. »

La commission de Nancy, dans sa séance du 1er février 1872 s’inquiète du sort des familles d’immigrants qui, arrivées à Marseille sont obligées d’attendre la formation des séries déterminées par la préfecture de Meurthe et Moselle, ce qui occasionne des frais supplémentaires d’entretien.
Rappelons le courrier du Ministre de l’Intérieur du 29 novembre 1871 qui préconisait de grouper les émigrants par groupe 25 au moins ou de 10 au plus, selon leur qualité, afin d’assurer une plus grande fluidité et de pouvoir mieux assurer l’installation des colons en Algérie, éviter les encombrements, le découragement et par là même la démoralisation.

La Préfecture de Constantine constate dans un courrier du 2 mars 1872, que 142 personnes composaient ce premier convoi. Or seules 120 personnes étaient attendues.
Mais à Marseille, une vingtaine d’individus issus de divers points ont été joints au groupe des alsaciens.
Plusieurs mineurs de 15 ou 16 ans sont venus sans leurs parents en tant que colons, et ils risquent d’être dirigés vers des centres d’assistance publique.
D’autre part, le Préfet attendait des colons de catégorie I, ayant un capital d’au moins 5.000 francs ; Or les colons qui arrivent n’ont pas de ressources. C’est une association locale, crée pour venir en aide aux colons démunis qui s’est chargée de ces colons, les héberge et les nourrit avant de leur trouver des débouchés.
Mais certains refusent, déçus de ne pas trouver les conditions qu’on leur avait promises.
D’après le Préfet de Constantine, ces derniers seraient la proie de certains spéculateurs qui auraient espéré faire des avances aux colons que ceux-ci auraient été dans l’impossibilité de leur rembourser, ce qui leur permettrait d’évincer ces colons pour s’approprier leurs terres.
(un exemple en est donné dans l’histoire de Beni Amran, avec STOLZ Joseph)

 clic pour retrouver Joseph STOLZ à Beni Amran

 

La Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée publie un avis en mars 1872.

 

 

AVIS

La Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée a l’honneur de prévenir la Public qu’elle vient de faire paraître le Tarif spécial suivant PORTANT REDUCTION DE MOITIE SUR LE PRIX ORDINAIRE DES PLACES DE 3e CLASSE en faveur des immigrants qui auront à circuler sur les lignes de l’Algérie pour se rendre à leur destination définitive :

TARIF SPECIAL GRANDE VITESSE N° 4
_______

BILLETS D’IMMIGRANTS EN ALGERIE

Les colons et leurs familles se rendant en Algérie munis, soit d’un titre provisoire de propriété, soit d’un acte provisoire de location ou bien encore d’un certificat délivré par la Commission de Belfort ou de Nancy, sont transportés en voiture 3e classe : d’Alger, d’Oran ou de Philippeville, sur une gare quelconque de la ligne : à moitié prix des places de 3e classe.
CONDITIONS – Chaque colon a droit au transport gratuit de 100 kilog de bagages. L’excédent est taxé au prix ordinaire du tarif.
Les enfants accompagnant les colons sont admis, de 3 à 7 ans, à jouir du quart du prix des places de 3 classes avec allocation en leur faveur de 50 kilog. de bagages en franchise ; deux enfants de cet âge ne peuvent occuper qu’une place dans un même compartiment.
Les enfants de moins de 3 ans ne paient rien à la condition d’être tenus sur les genoux de leurs parents.
Ils n’ont droit à aucun transport gratuit de bagages ;

 

les immigrés Alsaciens et Lorrains continuent à arriver; Ils sont casés là où il y a de la place, avec l'aide de gens sur place.

 

 

Extrait du journal  l’Indépendant ?? de Constantine du 19 avril 1872
qui relate l’arrivée des 5 familles.

ASSOCIATION ALGERIENNE
EN FAVEUR
Des immigrants Alsaciens et Lorrains

BULLETIN DE L’IMMIGRATION

Débarqués à Philippeville, le dimanche 14 avril, quarante immigrants Alsaciens et Lorrains sont arrivés le lundi 15, à 10h du matin, à Constantine, où ils ont été accueillis par le Comité de l’Association.
La colonne de ces nouveaux venus se composait de cinq familles comprenant vingt six personnes, et de quinze célibataires, ouvriers d’art, cultivateurs ou terrassiers.
Six ouvriers célibataires ont été placés dans divers ateliers de la ville ; neuf jeunes gens ont été, sur leur demande, dirigés sur les chantiers de Bled Yussef (Cie de l’Oued-Atmenia), où ils sont certains de trouver un travail rémunérateur.
Deux familles ont été placées dans des fermes du Kroubs et de Lambèse ; deux familles se fixent à Constantine où elles ont trouvé des occupations lucratives.
Le Comité remercie tous ceux qui, par leur concours, lui ont permis, en si peu de temps, d’assurer l’existence de ces immigrants presque tous dénoués de ressources.
      Constantine, le 19 avril 1872.

                                        LE COMITE

Les passages gratuits étaient, en théorie, réservés aux colons ayant déjà en leur possession un titre provisoire de propriété.

Les nouvelles transmises de l’Algérie par les Alsaciens Lorrains à leurs compatriotes restés au pays, n’encouragent  pas ces derniers à émigrer, et beaucoup préfèrent aller vers la Suisse ou l’Amérique.

La presse se fait l’écho des plaintes des immigrés d’Algérie.
En fait, une dissension se fait jour entre l’administration qui a sa version des faits, et les journaux qui relatent les évènements d’une toute autre façon.

 

extrait du journal L’Ami de l’Ordre de Clermont du 19 mai 1872
Les infortunés alsaciens et lorrains qui, voulant demeurer français, se rendent en Algérie, y sont soumis aux plus dures tribulations.
Après de longs mois passés à courir de bureaux en bureaux, les malheureux, à bout de ressources, sont obligés de s’en retourner dans le plus profond dénuement et leurs mésaventures empêchent un grand nombre de nos malheureux compatriotes d’opter pour la nationalité française. Et cependant ce ne sont pas les terres qui manquent en Algérie, mais le Gouvernement aurait déclaré « qu’il ne voulait plus se mêler de colonisation »

 

 

 

Extrait du journal le Progrès de la Côte d’Or, le 5 juin 1872

«on parle d’une pétition d’Alsaciens lorrains se plaignant que les terres qu’on leur avait promises dans l’Algérie ne leur ont été données ni dans les conditions ni dans l’étendue espérées. Il serait fâcheux que de pareilles réclamations se produisent et le gouvernement ferait bien d’examiner les plaintes de nos compatriotes avant qu’elles ne soient portées à la tribune »

 

Extrait du journal le Figaro du 5 juin 1872
«  Se rappelle t-on les cent mille hectares de terre promis en Algérie aux Alsaciens ?
Eh bien ! les infortunés émigrants ont eu la naïveté de croire à ces cent mille hectares ! ils y ont dépensé leurs dernières ressources, et on ne leur a pas encore délivré un centième de terrain. Bernés par l’administration, insultés et persécutés par les maires et les conseils municipaux rouges d’Algérie, les Alsaciens émigrants ont adressé une pétition à l’Assemblée.
Cette pétition sera discutée, renvoyée au ministre, et déposée dans un carton « pour être étudiée.» Ce que les Alsaciens ont de mieux à faire, c’est d’employer leurs derniers écus à s’en aller demander asile à des pays moins civilisés que le nôtre. »

 

 

 

 

Extrait du journal La République Républicaine du 6 juin 1872 écrit :
« On annonce une chose fort triste. Sur les 100.000 hectares promis aux Alsaciens Lorrains émigrants en Algérie, rien n’a été distribué ; les intéressés, évincés par les autorités et les municipalités de la colonie, se seraient décidés à envoyer une pétition à l’Assemblée nationale.
Une telle discussion, au moment même où les Alsaciens, séparés de la France, vont choisir leur nationalité, n’est-elle pas déplorable ?
N’était-ce pas assez des conclusions du conseil d’enquête contre la garde nationale de Strasbourg ?
A quelles épreuves veut on mettre le patriotisme de nos départements conquis ?
Déjà les journaux allemands et autrichiens, prenant texte du mécontentement dont les protestations des municipalités ont été les échos, insinuent que, n’était l’application de la loi militaire prussienne, les Alsaciens opteraient avec plaisir pour la nationalité allemande.
Le gouvernement de Berlin semble, lui aussi très attentif au courant d’opinion que les faits dont nous parlons déterminent dans l’Alsace Lorraine.
Le projet de maintenir jusqu’en 1874 le régime dictatorial dans la province annexée semble écarté ; on ne recourrait qu’à la dernière extrémité à cette mesure ; en tout cas, disent les officieux d’Allemagne, un projet de loi dans ce sens ne pourrait pas être présenté dans la présente session du Reichsrath ; »

Le 7 juin 1872, le Ministre des Affaires Etrangères s’inquiète du bien être des Alsaciens Lorrains qui émigrent vers l’Algérie.
En effet, ceux-ci acceptent de partir, après des promesses qui leur sont faites de trouver là bas un asile. Or ce qui les attend est tout autre :
Arrivés à Marseille, ils sont obligés d’attendre un bateau pendant plusieurs jours et certains plusieurs semaines, car les transport ne sont pas en quantité suffisante, et personne n’est là pour les accueillir pendant ce temps d’attente.
Débarqués enfin en Algérie, aucune structure ne les attend.
Les moyens de transport vers l’Intérieur sont eux aussi insuffisants, et lorsqu’ils arrivent dans leurs terres, ils sont sans abri : pas de campement, pas de matériel d’installation, ils n’ont que le ciel pour toit, avec pendant la journée des températures qu’ils n’ont pas l’habitude de supporter.
D’autre part, les Allemands ont une façon bien à eux d’interpréter les dispositions du traité de Francfort, et les habitants des régions annexées sont pratiquement obligés de choisir entre la nationalité allemande ou l’expatriement.
Le chiffre des arrivants à Belfort et Nancy a plus que doublé.
Entre le 1er janvier et le 1er juin 1872, le nombre d’émigrants passés par Nancy, et qui ont reçu l’assistance du comité charitable s’est élevé à 3 523, dont 936 ont été envoyés, sur leur demande, à Marseille pour se rendre en Algérie.
Voici la lettre du Ministre des affaires étrangères, Vallier

«  Monsieur et cher Collègue,
Je reçois de notre commissaire extraordinaire à Nancy le rapport ci-joint sur l’émigration dans les territoires cédés à l’Allemagne. Il s’agit nullement pour nous d’exciter( ou  ??) à aucun degré le mouvement qui se produit à cet égard en Alsace et en Lorraine ; mais simplement de venir en aide par des mesures opportunes aux malheureuses populations qui ont pris spontanément le parti de nous demander asile. Il nous importe surtout qu’elles n’éprouvent pas  leurs familles, souvent dénuées de toutes ressources, parfois emmenant leurs chariots, leurs chevaux, leurs instruments oratoires ; ils s’en remettent à nous du soin de les diriger sur les points du territoire que nous leur désignons, et ils ne manifestent pas de répugnance pour l’Algérie ; mais les voyages sont coûteux et le gouvernement n’accorde qu’avec une parcimonie peut être exagérée les fonds indispensables au Préfet de Meurthe et Moselle et à l’Administration de Belfort pour assurer la subsistance et le transport des émigrants.
Je n’ai pas à insister sur le devoir urgent de faire sortir immédiatement ces pauvres familles de la zone territoriale occupée par l’armée Allemande, leur présence irrite profondément les conquérants et engendre des conflits qu’il convient d’éviter à tout prix.
De là, nécessité de tenir à la disposition de nos  fonctionnaires des fonds suffisants, ou de conclure avec les compagnies de chemin de fer un arrangement général.
Les convois d’émigrants, aussitôt qu’ils ont pu être organisés, sont dirigés conformément aux instructions du ministre de l’Intérieur, sur Marseille et sur Toulon où ils sont recueillis par des bâtiments de transport de l’Etat ou par les paquebots réguliers de l’Algérie ; mais ces transports et ces paquebots ne paraissent pas être disposés en quantité suffisante, ni sans les conditions d’hygiène et de salubrité nécessaires ; il y a surtout un rouage dont le défaut se fait trop sentir, celui d’une organisation définitive des bureaux d’émigration ayant mission d’assurer la subsistance et l’embarquement des fugitifs dont un très grand nombre demeure de longues semaines à errer dans nos ports Méditerranéens sans savoir à qui s’adresser, consommant leurs maigres épargnes et se privant ainsi des ressources qui leur auraient été indispensables pour l’établissement définitif.
Arrivés enfin en Algérie, nos compatriotes d’Alsace Lorraine n’y rencontrent pas non plus, parait il, les soins, les dispositions ni même les égards qui leur seraient bien dus.
Les moyens de transport vers l’Intérieur sont insuffisants et, parvenus sur les terres qui leur sont concédées, ils ne trouvent ni les effets de campement, ni le premier matériel d’installation sans lesquels ils doivent reposer sans abri, sous un ciel trop différent du leur pour ne pas leur être meurtrier.
Malheureusement, un certain nombre d’Alsaciens ont envoyé d’Algérie à leurs compatriotes demeurés dans le pays de tristes récits sur les souffrances que le manque de dispositions préalables de la part de l’autorité leur avait fait éprouver, ces récits sont connus des Allemands, ont été mis à profit par eux, exagérés à dessein et répandus à profusion dans les campagnes par la voie de la presse.
  L’adoption des mesures dont je parle est d’autant plus nécessaire que le mouvement de l’émigration tend à s’accroître depuis quelques temps ; il a été modéré tant que l’on a pu se flatter de la possibilité de demeurer tranquille possesseur de ses biens et de continuer à habiter l’Alsace en qualité d’étranger après avoir opté pour la nationalité françaises ; l’Interprétation Allemande des dispositions du traité de Francfort est venue dissiper ces illusions ; on a dû reconnaître qu’il ne suffirait pas d’élire un domicile, même réel sur le sol Français, mais qu’il fallait ou s’expatrier ou embrasser la nationalité Allemande ; à dater de ce moment l’émigration a pris un grand essor ; le chiffre des arrivants à Nancy variait l’an dernier de 30 à 40 par jour ; il était à peu près le même à Belfort ; mais depuis le 1er janvier, il s’est successivement élevé à 80, à 100 , à 120 et même à 150 par jour dans chacune des ces deux villes ; je crois donc qu’il convient d’aviser promptement aux moyens de le recueillir, de le diriger et d’en tirer parti.
En effet, nous ne pouvons songer à arrêter l’émigration en décourageant les émigrants par notre accueil. Ceux-ci ne retourneraient pas dans leurs anciens foyers qu’ils ont abandonnés sans esprit de retour ; ils accepteraient plutôt la proposition des agents qui ne se font pas faute de chercher à pousser ces excellents travailleurs vers la Suisse ou les Etats-Unis. Ils nous échapperaient donc, et en même temps, leurs lettres accréditeront davantage encore en Alsace le bruit soigneusement répandu et entretenu par les Allemands, que nous nous désintéresserons complètement de nos anciennes provinces, et qu’elles n’ont plus à compter sur notre aide ni sur notre secours. L’émigration est un mal, dont ni les inconvénients ; elle tend à faire disparaître du sol Alsacien la partie la plus résolument Française de la population ; elle permet à l’administration Prussienne d’introduire peu à peu dans le pays l’élément Allemand.
En définitive, et pour résumer mon sentiment sur l’émigration Alsacienne Lorraine, je la crois préjudiciable à nos intérêts ; je pense que nous ne devons pas l’encourager, mais je dois reconnaître que nous ne pouvons pas l’empêcher, et il me semble qu’il est de notre devoir de nous en occuper, de la recueillir, de ne pas la laisser se diriger vers l’Amérique ou la Suisse, mais d’en tirer parti pour notre territoire Algérien.

                        Signé : // Sr Vallier »

 

Le Moniteur de l’Algérie du 12 juin renferme, dans sa partie officielle, la communication suivante, destinée à répondre aux divers articles de journaux qui ont mis en doute la sollicitude de l’Administration pour les Alsaciens Lorrains qui, après avoir opté pour la nationalité française, ont cherché un refuge en Algérie.

 

Le Moniteur de l’Algérie du 12 juin 1872

PARTIE OFFICIELLE  COMMUNICATION

 

Le Préfet de Constantine au Gouverneur Général :

 « Il n’a été repoussé aucun Alsacien ou Lorrain à placer soit au titre 1er, soit au titre 2 ; La plupart des immigrants de cette catégorie sont installés au Beni-Ziad ; quelques uns seulement, les sieurs PFISTER, FEBER et MESIER, ont choisi d’autres endroits.                   Vous avez reçu des propositions pour ceux-ci, et vous avez bien voulu approuver la dernière. Deux Alsaciens, dont la situation est à régulariser au titre 1er, les sieurs DREYSSE et DRASCH, sont installés, d’après vos ordres, aux Eulma-Maasla.
Vous recevrez prochainement en leur faveur des propositions. Quant à ceux à placer au titre 2, ils sont, en grande partie, aux Beni-Ziad et sont en possession de leurs lots urbains, en attendant le 1er octobre. D’autres travaillent dans différentes localités du département, en attendant cette époque. On n’a refusé de terres à personne, et moins aux Alsaciens et Lorrains qu’à tout autre.»
                                                                  Le secrétaire Général
                                                                        « Mangoin »

 

Il en a été de même dans les autres provinces : partout, en Algérie , les Alsaciens Lorrains qui sont dans les conditions déterminées par les lois du 21 juin et 15 septembre 1871 reçoivent sans délai et dans la mesure fixée par ces mêmes lois les terres nécessaires à leur établissement.
Ce n’est donc pas la terre qui a fait défaut, ce sont les Alsaciens et Lorrains possédant le capital fixé par la loi. Mais le gouvernement local ne s’inspirant que de la pensée patriotique qui a dicté la loi, a placé et contenue à placer aux conditions du titre 2 tous les Alsaciens et Lorrains qui, ayant opté pour la nationalité française, arrivent en Algérie, alors même qu’ils sont dépourvus de toute espèce de ressources. Il suffit qu’ils aient l’aptitude nécessaire pour mettre des terrains en valeur pour qu’il leur en soit attribué une surface proportionnelle au nombre des membres de leur famille. Voici une note encore incomplète des attributions faites dans la province d’Alger.

Aux conditions des lois des 21 juin et 15 septembre 1871 :
Les deux seules familles qui ont justifié de la possession de 5 000 fr ont été placées, l’une à            Belle Fontaine, l’autre à Blad Guitoun.
Aux conditions du titre 2 du décret du 16 octobre 1871 :
1°- à Blad-Guitoun : 579 ha 56 ares de très bonnes terres ont été réparties entre les familles d’Alsaciens et de Lorrains ( 4 Alsaciens et 18 Lorrains) comprenant 126 personnes ; soit à raison de 4 ha 50 a par tête de résident (homme, femme, enfants).
2°- à Belle Fontaine : 682 ha 56 a de très bonnes terres ont été réparties entre 30 familles d’Alsaciens Lorrains ( 15 Alsaciens, 15 Lorrains), soit à raison de 4 ha 50 a par tête de résident (homme, femme, enfants).( environ 152 personnes)
3°- à Dra-El-Mizan : 427 ha 92 a d’excellentes terres ont été réparties entre 24 familles d’Alsaciens et Lorrains ( 16 Alsaciens, 8 Lorrains) comprenant 117 personnes, soit à raison de 3 ha 06 a par tête de résident (homme, femme, enfants).
4°- à Rebeval, ancien centre : 42 ha 56 a d’excellentes terres ont été réparties entre 3 familles Lorraines, comprenant 17 personnes, soit à raison de 2ha 56 a par tête de résident (homme, femme, enfants).
5°- à St Pierre et St Paul, 18 nouvelles familles ( 16 Alsaciens et 2 Lorrains) sont en voie d’installation ;
6°- au Col des Beni Aïcha, 3 familles, comprenant 12 personnes sont en voie d’installation.

La part  faite dans les mêmes localités aux autres immigrants français et aux colons domiciliés en Algérie est la suivante :
18 familles d’immigrants français, comprenant 64 personnes ont été admises, 254 h. 78 a leur ont été attribués, mais l’installation n’est pas achevée.
21 familles domiciliées en Algérie, comprenant 88 personnes ont été admises, 425 h. 15 a ont été attribués à 19 d’entre elles, comprenant 79 personnes, soit à raison de 5 h. 38 a par tête de résident.
La liste nominative des attributions au titre 2 du décret du 16 octobre 1871 sera publiée lorsque après rectification, s’il y a lieu, ses contenances attribuées à titre provisoire, le Gouverneur Général aura approuvé les titres définitifs. Cette publication  sera faite en temps opportun, comme l’est en ce moment celle des indemnitaires. Ainsi la lumière se fera sur les assertions anti-Algériennes de certains organes de la presse.

Mais tous les journaux ne sont pas du même avis.

extrait du journal L’Ami de l’Ordre de Clermont du 19 juin 1872

« Les infortunés alsaciens et lorrains qui, voulant demeurer français, se rendent en Algérie, y sont soumis aux plus dures tribulations.
Après de longs mois passés à courir de bureaux en bureaux, les malheureux, à bout de ressources, sont obligés de s’en retourner dans le plus profond dénuement et leurs mésaventures empêchent un grand nombre de nos malheureux compatriotes d’opter pour la nationalité française. Et cependant ce ne sont pas les terres qui manquent en Algérie, mais le Gouvernement aurait déclaré « qu’il ne voulait plus se mêler de colonisation. »

 

 

Extrait du journal « l’Indépendance Belge »
du 26 juin 1872 :

« Il n’y a plus à douter aujourd’hui du succès, je ne dis pas de l’emprunt, qui n’a jamais été mis en question, mais des négociations relatives à l’évacuation du territoire, en dépit de toutes les prévisions si obstinément pessimistes et si antipatriotiques de quelques-uns de nos journaux.
L’Allemagne prend une petite revanche en entravant, à ce qu’il paraît, en Alsace Lorraine, l’émigration en Algérie de ceux qui ont opté pour la nationalité française, et qui veulent partir pour notre colonie. On favorise beaucoup dans cette partie de la France devenue Allemande, les propositions des Compagnies américaines qui offrent des avantages séduisants à nos compatriotes ; ce qui coïncide malheureusement avec des déceptions éprouvées par ceux qui ont été s’établir en Algérie. On parle de soixante quinze familles qui auraient écouté ces avis et se seraient décidées à partir pour les Etats-Unis. »

 

 

 

Le 24 juin 1872, un courrier de A. POINSIGNON, concessionnaire au village de Blad Guitoun, adressé au Préfet, indique que l’état général des colons est « satisfaisant ».
Mais quatre familles sont à l’extrême limite de leurs possibilités : ils ont épuisé toutes leurs ressources et sont dans un dénuement profond.
Ce sont :

  1. la famille MAILLARD, composée de 4 membres
  2. la famille KIEFFER : 3 membres,
  3. la famille KIEFFER : 10 membres
  4. la famille DROUIN (dit Boulangé) : 5 membres, dont un enfant malade et qui demande des soins onéreux.

 

D’après une note annexée à une dépêche du Gouverneur Général de l’Algérie, en date du 28 juin 1872,
Au sujet du concours que la société locale d’agriculture pourrait apporter aux immigrants de l’Alsace et de la Lorraine

Il ressort que les sociétés locales d’agriculture qui ne sont plus opérationnelles depuis longtemps, ne sont pas en mesure d’aider les immigrants.
                                                      
C’est pour pallier à cette carence, que des comités se créent dans les 3 provinces d’Algérie :
Dans la province d’Alger, c’est le « comité d’immigration et de patronage » qui réceptionne et héberge provisoirement les colons au Fort des Anglais près d’Alger.
Ce comité, en outre, leur donne une avance pour faire face aux dépenses de première installation.
Dans la province d’Oran, c’est le « comité d’immigration alsacienne et lorraine » qui s’est constitué à titre privé, et qui utilise les 25.000 francs mis à sa disposition pour aider les colons qui arrivent.
Dans la province de Constantine une société privée s’est constituée pour venir en aide aux immigrants : c’est la  « société des ensemencements ».
Cette société a déjà fait un bénéfice de 119.000 francs et espère jusqu’à 200.000 francs lorsque toute la récolte sera vendue.
 « L’intention du Président de cette société est de proposer aux actionnaires et sociétaires d’affecter cette somme entière au profit des immigrants de l’Alsace et de la Lorraine aux conditions suivantes :
 - pas d’avance en argent. On construirait, pour tout immigrant qui justifierait de la possession d’un capital de 2 000f, une maison avec dépendance d’une valeur d’environ 5 000f.
Cette avance serait remboursable par le colon avec un intérêt de 4% par an, soit en totalité soit par amortissement dans une période de 10 à 12 ans.
   Tel est le projet du Président de la Société des ensemencements. Mais il n’est pas possible de préjuger des conditions qui pourraient être sanctionnées par l’Assemblée Générale. Ce n’est qu’au mois d’octobre prochain que le Président sera en mesure de faire connaître d’une manière précise la voie et moyen que la société compte définitivement employer pour venir en aide aux immigrants de l’Alsace et de la Lorraine. »

 

Au 22 juin 1872, la liste de peuplement des familles immigrantes de l’Alsace et de la Lorraine montre bien la disparité entre les familles venues au titre I et celles venues au titre II

Liste de peuplement des familles immigrantes de l’Alsace et de la Lorraine placées en Algérie dans les conditions du titre 1 et 2 du décret du 16 octobre 1871
Vue pour être annexé à une dépêche de Monsieur le Gouverneur Général de l’Algérie, en date du 22 juin 1872

Titre 1er du décret du 16 octobre 1871

Province

Désignation des villages

Situation des villages

Alsaciens

Lorrains

Récapitulation

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

Alger

Bellefontaine
Blad Guitoun

 

1
.

11
.

.
1

.
6

1
1

11
6

Constantine

Darsoun
Azel Muhla Nahar
Kef beni hamra

Commune du hameau

1
1
1

15
5
6

.
.
.

.
.
.

1
1
1

15
5
6

totaux

4

37

1

6

5

43

Dix autres familles immigrantes vont être incessamment placées aussitôt qu’elles auront justifié qu’elles se trouvent dans les conditions voulues par la loi du 15 septembre 1871 pour obtenir le bénéfice de la loi du 21 juin 1871

Titre 2 du décret du 16 octobre 1871

Province

Désignation des villages

Situation des villages

Alsaciens

Lorrains

Récapitulation

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

Nombre de familles

Nombre des membres de la famille

ALGER

 

Rebeval
Belle Fontaine
Dra El Mizan
Palestro
St Pierre
Blad Guitoun
Col Beni Aïcha

  
 Près Dellys
Comm de l’Alma
cercle Tizi ouzou
col des Buticha
St Pierre St Paul
col des B Aïcha
idem

 

7
15
8
4
17
5
1

 

30
81
46
9
68
31
3

 

5
16
13
1
2
18
2

 

22
83
64
4
5
98
9

 

12
31
21
5
19
23
3

 

52
164
110
13
73
129
12

ORAN

Mendez
Terny
Inkerman

Subd Mostaganem
Subd Tlemcen

2
1
1

5
3
1

2
3
.

2
11
.

4
4
1

7
14
1

Constantine

 

Village de la Réunion

Beni Ziad
Blad  Yousef

.
Cercle Bougie

Constantine

20

150

100

680

16

.

85

.

36

150

185

600

 

 

 

231

977

78

383

309

1360

 

Le Préfet prend alors la décision de suspendre les départs pour l’Algérie jusqu’au 15 septembre 1872. Ceci pour permettre la mise en place des colons en instance de s’installer, et pour préparer l’arrivée des prochains colons ; Cela évite également aux immigrants d’arriver en plein été et de souffrir trop brusquement de la chaleur.

Le 4 juillet 1872, un courrier du Commissariat Général d’immigration et de peuplement fait état d’une embellie dans la disponibilité des terres.
« La colonisation de l’Algérie  entre dans une nouvelle phase ; les terres qui jusqu’ici avaient fait défaut commencent à devenir disponibles ; il est temps de faire sérieusement appel aux immigrants ……
Les nouveaux colons n’auront plus à acheter leurs concessions comme ont du le faire les anciens colons ; pas de débroussaillement ou pas d’autres travaux dont la dépenses excédait la valeur du fonds.
Les terres pourront être mises à la disposition des immigrants en raison du nombre de personnes qui composent la famille, jusqu’à concurrence de 3 à 10 ha par personnes suivant la qualité du sol.
Les jeunes ménages ne seront établis que sur des territoires déjà desservis par des routes nouvelles ; ……. »

Mais la presse continue de se déchaîner contre l’administration de la colonie ;
Le 13 août 1872, l’Union Savoisienne d’Annecy, déplore que les alsaciens lorrains abandonnent l’Algérie pour émigrer au Canada ; ceci du fait qu’on ne leur donne pas les moyens de mener à bien la mise en valeur de leurs terres.
Le 27 août 1872, le journal la Gazette du midi est plus sévère et parle d’échec de la loi relative aux émigrants alsaciens lorrains qui veulent se rendre en Algérie. D’après ce journal, beaucoup sont rentrés en France ; quant à ceux qui sont restés, ils demeurent dans des « conditions détestables ». Les terres ont été refusées à la plupart.
Mais l’émigration continue, et, selon des dépêches télégraphiques entre le Ministère de l’Intérieur et le Préfet de Constantine,  le 18 septembre 1872, ce sont 600 alsaciens lorrains qui se présentent à la gare de l’Est pour être conduits en Algérie.
Des dépêches télégraphiques indiquent,le départ de nombreux colons vers l’Algérie :
le 28 septembre 1872, ce sont 15 émigrants en partance de Belfort pour Marseille et Stora ;
le 1er octobre, 13 alsaciens ;
le 28, 29, 30 septembre, 77 immigrants ;
le 30 septembre 6 alsaciens ;
le 4 octobre 33 alsaciens ; début octobre 1 000 alsaciens. Cette dernière information est donnée par Mr Arlès.

Ce monsieur Arlès est un des principaux agriculteurs de la province d’Alger, et représentant de la maison de commerce Arlès-Dufour et Cie de Lyon.
Ce colon ajoute : « Urgent pourvoir largement ou arrêter émigration ».
Il connaît bien le problème de l’immigration, et parle en connaisseur.
En effet, le Alsaciens Lorrains sont à la dernière limite du délai d’option. Ils abandonnent leur patrie pour ne pas devenir Prussiens.
Les immigrants qui arrivent en Algérie n’ont pas de ressources et ne peuvent rien construire ni cultiver, manquant pour cela de matériel, de semences, de bêtes de labour.
Le climat chaud est préjudiciable, surtout pour des gens venant de pays où ils ne sont pas préparés à de telles températures.
Dans son courrier du 5 octobre 1872, le député de Versailles, Mr Warnier, constate : « On ne peut se dissimuler que les Alsaciens et les Lorrains qui, à la dernière limite d’un délai d’option, abandonnent leur patrie pour ne pas devenir Prussiens, doivent être, après avoir subi les douleurs de l’invasion, les dangers de la guerre, la perte de leurs économies et toutes les avanies de la conquête brutale, dans les plus mauvaises conditions pour aborder les épreuves fort pénibles de la colonisation. »
Il préconise, comme Mr Arlés, l’arrêt de l’immigration, car, écrit il, « des familles jetées, sans aucun secours, ce, sur un sol nu et souvent insalubre, sont fatalement condamnées à périr de misère et de maladie, en maudissant ceux qui auraient fait briller à leurs yeux le visage trompeur d’un avenir plus prospère. »
Il critique également le fait que l’état propose un bail de location de 9 années sous promesse de propriété définitive, arguant que cela dénote une tromperie et un manque d’humanité.
Il demande donc au Gouvernement que de larges secours soient distribués et que la propriété soit immédiate.

Ces informations sont confirmées dans un courrier du 11 octobre 1872, du Gouverneur Général au Ministre.
Il y est fait référence à 334 familles actuellement placées, pour la plupart nombreuses, composée de 5 à 7 personnes en moyenne selon la province.
Les secours dont elles ont besoin pourraient s’élever à 1 500 francs par famille. Mais il faut également penser à leur nourriture jusqu’au jour de la récolte. Les rations militaires pourront alors servir.
Il faut également penser à construire des maisons pour abriter ces familles.
Les centres actuellement en vue de création pourront recevoir 1.100 familles.

Quant aux immigrants arrivant chaque jour il conviendrait de voter d’autres crédits pour les accueillir.
Le journal l’Union Comtoise de Besançon du 23 octobre 1872, fait remarquer qu’il existe en Algérie d’immenses étendues de terres en partie inculte, et qu’il suffirait de les mettre entre les mains des alsaciens lorrains qui sont de gros travailleurs pour en faire des terres riches et productives. « Il y a des millions d’hectares de bonnes terres qui n’attendent pour produire que les bras vigoureux de colons persévérants »

D’après le journal l’Union Libérale du 25 octobre 1872, l’Algérie est un pays qui ne demande qu’à être exploité : céréales, vin, coton, lin …
Ce serait le militarisme qui serait responsable par sa rigidité, du renoncement des colons à s’installer en Algérie et leur décision de s’établir en Amérique.
« Nos frères de l’est sont de bons travailleurs qui ne reculent pas devant les difficultés de la vie et qui seraient des colons comme il en faut pour fertiliser l’Algérie. Il y a là des millions d’hectares de bonnes terres qui n’attendent pour produire que les bras vigoureux de colons persévérants. Les Lorrains et les Alsaciens ont tout ce qu’il faut pour réussir. »

La loi de finance du 30 mars 1872 a affecté 400.000 francs aux travaux de création de centres pour les immigrés alsaciens lorrains.
Le décret du 25 octobre 1872 va prendre en compte le fait que les immigrants sont trop nombreux à ne posséder aucune ressource 

  1. l’article 1er : vote un crédit extraordinaire de 600.000 francs, ouvert sur l’exercice 1872 pour les dépenses imprévues du fait de l’accroissement de l’immigration alsacienne lorraine.
  2. L’article 2 précise que ce crédit supplémentaire sera pris sur ce qu’il reste des contributions de guerre imposées aux indigènes insurgés en 1871.

SITUATION DE L’IMMIGRATION ALSACIENNE et LORRAINE en ALGERIE
En JANVIER 1873

Province et territoire

centres

Nbre de familles

Installation matérielle actuelle

Alger
territoire civil

Alma
Bellefontaine
Col des Beni Aïcha
Blad Guitoun
Souq el Haad
Zaatra
Bordj Menaël
Isser el Ouïdan
Palestro
Rébeval et Od Keddich
Dra El Mizan
St Pierre et St Paul

15
33
4
25
4
1
7
8
10
29
22
18

Les immigrants ont reçu :
Abri provisoire ; vivres de campagne ; cheptel ; semences, instruments aratoires ; vêtements
41 maisons ont été construites par l’adm
80 maisons sont en construction
Le Comité alsacien contribue à cette dépense pour environ 1/5e
Une avance de 40 000 fr a été faite pour cet objet par le sous comité. Vice Présd Mr Noblemaire.
L’administration a concouru à cette dépense pour un crédit de 100 000 fr sur le budget de

Alger
territoire militaire

Néant

 

 

Oran
Territoire civil

Les Trembles
Blad Touarsa
Tamzoura

2
1
1

 

Oran
Territoire militaire

Aïn Fekan
Aïn Azereg
Terni
Boukanifi
Zemmorah
Mendie
Si Ali Ben Youb

26
10
4
18
2
2
2

Les maisons sont construites ou en cours de construction, à raison de 1 500 fr l’une. Il a été pourvu à cette dépense par le budget de la colonisation.
Jardins potagers, terres de culture de 20 à 40 hect sont en partie sur 6 à 12 hect, ensemencées en blé et en orge ; semences données par la commune subdivisionnaire ; bœufs, vaches, commencement de cheptel ; instruments aratoires achetés en partie avec les 350 fr par famille donnés par le comité d’Oran, le comité d’Haussonville et le comité des dames d’Oran. Allocation journalière de 0,50 fr par jour et par tête pour nourriture jusqu’à la récolte (Budget de l’Algérie) ; vêtements d’hommes donnés par l’administration de ???? ; vêtements et linge donnés aux femmes par les dames du comité d’Oran.

Constantine
Territoire civil

Rouffach
Bled Yousef
A di Khalifa
Bou Malek
Aïn Melouk
Aïn Smara
Oued Cherf
Souq el Sebt
Bizot
Kef beni Hamsa
Eulma Massela

48
24
18
16
16
3
2
1
1

Chaque famille a reçu en arrivant in secours de 50 fr en moyenne . on a ouvert dans chaque centre des chantiers de travaux publics où ont été employés les immigrants
Aux tentes ont succédé des baraques en bois puis des gourbis recouverts d’abord en diss (chaume) puis installés depuis au compte du budget de la colonisation.
L’administration de la guerre a avancé  des semences sous la garantie directe de l’autorité préfectorale ; elle a fourni en outre des moyens de transport en mulet et prolonger ; au titre des vêtements, des poëles ont été fournis par le comité de secours de France et du département.

Constantine
Territoire militaire

Aïn Abessa
La Réunion
Kseur
Oued Azimour
Duquesne
Akbou
Aïn Touta
Khrenchela

30
27
3
3
28
5
10
5

Les tentes ont été remplacées par des gourbis = 106 maisons définitives à 1 500 fr l’une sont achevées ou encours avancé de construction. 30 maisons restent à construire tant pour les colons déjà arrivés que pour ceux annoncés et attendus.
Le vivre en nature (représentant 0,65 ‘ ) sont avancés par l’adm militaire ;
Des vêtements militaires ont été distribués ;
Tous les colons ont des bœufs et des charrues, des semences ont été avancées à raison de 4 hectares à ensemencer par feu ;
Le reste des terres a été loué aux arabes au 1/5 de la récolte par le fermier indigène.
Un officier est placé dans chaque centre pour guider et protéger les colons.

 

 

 

 

Le 1er janvier 1873, La compagnie des chemins de fer de Paris Lyon retire la remise de demie place et les cent kg de bagages par tête.
Ce qui augmente les besoins en subvention.

 

Le 23 février 1873, le Gouvernement Général établit un relevé sommaire des renseignements réclamés par la commission Wolowski.
Il ressort de ce rapport, que le nombre de familles placées aux conditions du titre II (sans ressources) s’élève à 471, soit 2 196 personnes dans les trois provinces.
Ces immigrants ont reçu des secours en nature, mais également des maisons ou des abris provisoires,
Mais il conviendrait de ralentir l’immigration jusqu’à la fin septembre 1873, pour permettre de préparer la prochaine vague de colons.
Le nombre des Alsaciens Lorrains placés au titre II du décret du 16 octobre 1871 s’élève à :

Province d’Alger 


Province d’Oran  


Province Constantine 

Territoire Civil
Territoire militaire


Territoire Civil
Territoire militaire


Territoire Civil
Territoire militaire

176 familles
  

 

   54 familles


 123 familles
 118 familles
    

Comprenant 802 personnes

 

Comprenant 270 personnes



Comprenant 642 personnes
Comprenant 477 personnes

 

totaux

  471 familles

                  2.196 personnes

 

Le Gouverneur Générale est également d’avis de suspendre le mouvement d’immigration jusqu’à la fin septembre 1873.
« Je ne puis que m’associer au projet de suspendre le mouvement d’immigrations jusqu’à la fin de septembre 1873, si la commission juge pouvoir le faire renaître à cette époque. Outre que l’été n’est pas une saison favorable pour les premiers séjours en Algérie d’émigrants du Nord de la France, il faut, pour préparer leurs installations, deux choses qui, dans une certaine mesure m’ont jusqu’ici fait défaut : du temps et de l’argent. Le temps surtout a manqué, et l’Administration réduite à courir chaque jour au plus pressé, ne saurait continuer très longtemps cette existence d’expédients. Il serait donc très avantageux qu’un temps d’arrêt permit actuellement d’envisager l’ensemble des travaux accomplis et de les parfaire, d’étudier les moyens de coordonner ces éléments épars de colonisation, d’arrêter le programme des créations futures, et de les préparer matériellement. 
Le tableau ci-joint indique pour chaque territoire, les centres qui peuvent être installés dans le seul délai que nécessite l’exécution des travaux indispensables. Cette liste pourrait, sans difficultés, être notablement augmentée ; Mais telle qu’elle est, je crains qu’elle ne renferme des prévisions bien au dessus des ressources qui pourront être mises à ma disposition comme crédits. Selon les décisions prises à cet égard par le Gouvernement et la Commission.
   Je n’aurais donc qu’à déterminer dans les 60 centres indiqués ceux qui devront être d’abord installés, en tenant compte du chiffre de la dépense, des situations topographiques et stratégiques, des intérêts des nouveaux colons appelés à les peupler.
   Les dépenses à faire ont été, dans ce tableau, et suivant les instructions que vous avez bien voulu me donner, divisées en deux parties – La première comprend les travaux d’intérêt général ; je l’ai formulée en tenant compte des projets présentés par les autorités locales ; projets qui, pour la plupart ne sont pas définitifs et dont l’exécution amènera forcément, dans les chiffres de dépenses prévues, des modifications que je considère cependant comme sans importance sur le résultat final.
   La seconde partie donne, sous le titre d’assistance, les dépenses devant résulter de l’installation et de l’entretien de chaque famille en particulier.
Ne pouvant tenir compte des propositions divergentes qui seront qui seront fournies par chaque administrateur, j’ai calculé ces dépenses en adoptant comme taux uniforme celui que M. le Général Comt la Division d’Oran a proposé en déclarant que les expériences faites lui permettent e la présenter comme suffisant.
Ce tarif porte les frais de l’espèce à 3.600 francs par famille ; il est moins élevé que celui donné par la Préfecture d’Alger, qui n’évalue pas les dépenses d’assistance et d’entretien à moins de 4.500 francs par famille. Quant à la Province de Constantine, je n’ai reçu d’elle aucune évaluation de ce genre.
   Me fondant sur ce que vous avez bien voulu me faire connaître des intentions de la Commission de la Loi Wolowski, j’espère qu’il lui sera possible d’allouer tout d’abord au Gouvernement Général de l’Algérie, une somme représentant le chiffre des frais d’assistance dont le budget de la colonie a fait l’avance. Cette sorte de remboursement serait affectée immédiatement aux travaux généraux de créations de nouveaux centres  _ La Commission voudra bien ensuite dans le partage des fonds restés disponibles entre ses mains, s’inspirer des chiffres contenus dans le tableau ci-joint, que je vous prie de lui soumettre, en appuyant de votre haute influence des demandes de crédits dont la nécessité vous est connue.»

 

 

DEPARTEMENT DE CONSTANTINE
Colonisation
Création de nouveaux centres
Dans le cadre de l’évaluation des dépenses faite le 24 février 1873


Des villages déjà créés ou à créer

Nombre de feux composant le village

Nombre de feux réservés pour les Alsaciens

Maisons abris

Eglise ou chapelle

presbytère

Mairie et maison d’école

Caserne
de gendarmerie

Travaux
de
défense

CENTRES DEJA CREES

 

ROUFFACH (Béni Ziad)

70

50

19 200

30 000

15 000

15 000

 

10 000

ALTKIRCH (Sidi Kalifa)

24

18

1 000

 

 

11 000

 

7 000

RIBEAUVILLE (Bled Youssef)

34

24

9 600

18 000

12 000

15 000

 

10 000

EIGUISHEM (Bou Malek)

20

16

800

 

 

11 000

 

7 000

OBERNAI (Aïn Melouk)

40

18

900

6 000

 

11 000

 

7 000

La ROBERTSAU (Souk es Sebt)

50

20

1 000

6 000

 

15 000

 

10 000

TOTAUX

238

146

32 500

60 000

27 000

78 000

 

51 000

CENTRES A CREER

Guettaz el Aïch

50

30

1 500

18 000

12 000

15 000

 

10 000

Tedjezazin

8

8

12 000

 

 

 

 

 

Signa

6

6

9 000

 

 

 

 

 

Relai Seigle

40

30

45 000

18 000

12 000

15 000

 

10 000

St Donat

40

20

30 000

18 000

12 000

15 000

 

10 000

Telaghma

35

25

37 500

 

 

11 000

 

5 000

Merdj el Harris

20

15

22 500

 

 

 

 

5 000

BELFORT
Aïn Tim

50

30

45 000

25 000

12 000

15 000

35 000

10 000

MILAH
Ville française

20

20

30 000

30 000

15 000

15 000

35 000

10 000

Ferdouah

20

13

19 500

 

 

11 000

 

12 000

TOTAUX

289

197

252 000

109 000

63 000

108 000

70 000

72 000

Sidi Merouan

30

23

34.500

25.000

12.000

15.000

35.000

15.000

Bou Fouah

10

6

9.000

 

 

 

 

5.000

Zeraïa

40

30

45.000

25.000

12.000

15.000

 

15.000

Seraghna

60

50

75.000

 

 

11.000

 

15.000

Djendel

20

12

18.000

 

 

11.000

 

 

Aïn Cherchar

40

25

37.500

6.000

 

11.000

 

 

Totaux

489

343

470.000

165.000

87.000

170.000

105.000

122.000

CENTRES A CREER

Des villages déjà créés ou à créer

Travaux nivellement

Eaux et fontaine

Lavoir et abreuvoir

Travaux d’irrigation

Acquisition de terre ou immeuble

TOTAL

Observations

Guettaz el Aïch

15 000

16 000

5 000

 

 

92 000

 

Tedjezazin

1 000

5 000

 

 

 

18 000

 

Signa

 

 

 

 

 

9 000

 

Relai Seigle

5 000

2 000

4 000

4 000

15 000

130 000

 

St Donat

5 000

 

4 000

10 000

 

104 000

 

Telaghma

5 000

2 000

4 000

 

 

64 500

 

Merdj el Harris

5 000

2 000

4 000

 

 

49 500

 

BELFORT
Aïn Tim

15 000

20 500

7 500

 

 

185 000

 

MILAH
Ville française

6 000

25 000

8 000

 

45 000

219 000

 

Ferdouah

8 000

6 000

5 000

 

 

61 500

 

TOTAUX

 

78 500

41 500

14 000

60 000

933 000

 

 

Des villages à créer

Nombre de feux composant le village

Nombre de feux réservés pour les Alsaciens

GUETTAR EL AÏCH

50

30

TEDJERAZIN

8

8

SIGNA

6

6

DUN ‘Relai Seigle)

40

30

(St Donat )

40

2O

Telaghma

35

25

Merdj el Harris

20

15

BELFORT (Aïn Tinn)

50

30

MILAH (Ville française)

20

20

Ferdouah

20

13

Sidi Merouan

30

23

Bou Fouach

10

6

Zeraïa

40

30

Seraghna

60

50

Djendel

20

12

Aïn Cherchar

40

25

Le Gouverneur Général ajoute :
(P.S.) J’ai l’honneur de vous confirmer ma dépêche télégraphique en date de ce jour, et je joins à ma lettre le type de maison ? Je suis dans l’intention d’adopter et de faire exécuter partout où des habitations définitives ne sont pas encore élevées. Ce type étudié par le Service du Génie de la Division d’Alger, reviendra au prix de 1.500 francs, adopté sur les propositions du Général d’Oran

 

Mais une dépêche télégraphique du 28 mai 1873 provenant de la Préfecture de Constantine vient tirer la sonnette d’alarme au sujet destypes de maisons préconisées par le Gouverneur Général:
« Gouverneur général déclare suffisantes  seulement les maisons des Béni Ziad.
il ne paraît pas avoir compris vos dépêches.
Prière de lui télégraphier que vous avez vu nos deux types de maisons, le petit type à la Robertsau, le grand type à Béni Ziad et que votre avis est que l’un et l’autre sont suffisants partout.
Villages construits avec le petit type : Robertsau : Ain bou malek, Sidi Kralifa, ?? el aich,
Villages construits avec le grande type : Blad youssef et Beni Ziad »

 

L’industriel Alsacien de Mulhouse du 27 mars 1873 communique :
«dans le cas où des cultivateurs d’Alsace auraient l’intention d’aller se fixer dans la colonie française, il est essentiel que les départs soient reculés jusqu’à la fin du mois de septembre prochain. Les premiers allotissements sont faits et les semailles sont terminées, il ne faudrait pas moins de plusieurs mois pour l’installation de nouveaux colons ; et ceux-ci ne pourront pas, avant le mois d’octobre, user utilement des allocations domaniales qui leur seraient faites et en commencer la culture. Enfin, du mois de mars au mois d’octobre, la chaleur rend l’acclimatation difficile. Pour toutes ces raisons, ceux de nos compatriotes qui ont l’intention d’émigrer en Algérie, feront bien, dans leur intérêt, de remettre leurs départs au mois de septembre prochain ; mais ils peuvent dès maintenant transmettre leur demande au Comité alsacien lorrain de Belfort qui s’emploiera pour eux avec tout le zèle et le dévouement possibles ».

 

SITUATION DE L’IMMIGRATION ALSACIENNE et LORRAINE en ALGERIE
En Octobre 1873

 

 

 

 

Constantine
Zône du Zouagha et de Mila, dont la remise par l’autorité Militaire est à l’étude

Ferdoua
Sidi Merouan
Zeraïa
Bou Fouah
Sergna

13
23
30
6
53

200 familles

projet d’ensemble du Préfet

Constantine
Territoire civil actuel

Aïn Tinn
Guettar el Aïch
Saint Donnat

30
20
25

Constantine
Territoire militaire

Sidi M’Barek
Brdj Medjina

100
100

 

Constantine
Territoire militaire

Aïn Abessa
Aïn Rouha
Aïn Tagrouth
La Réunion
Ksour
Oued Amizour
Khrenchela
Strasbourg
Duquesne
Aïn Touta

20
12
10
2
2
12
25
70
12
14

 

 

Province

Cercles
ou
arrondissements

 

Désignation des centres
A créer

Nombre de feux

Dépenses d’installation du centre

Alger
Territoire Civil

Alger

Zaâtra
Zamouri
Isserbourg
Palestro (agrandt)

30
40
50
35

80.00
80.00
80.00
126.00

Dra el Mizan

Bou Thaïma
Aomar
Dra El Mizan (agrandt)
Aïn Zaoua
Boghni
Chaber el Amen

30
15
40
20
35
40

100.00
50.00
50.00
100.00
100.00
100.00
100.00

Tizi Ouzou

Tizi Ouzou (agrandt)
Pharaoui
Dra ben Khedda

150
40
40

100.00
100.00
100.00

Dellys

Azeron
Darbeïda

30
40

160.00
100.00

Alger
Territoire Militaire

Orléansville
Aumale

Oued Fodda
Oued bou Kader
Bordj Bouïra

80
80
50

 

Oran
(Territoire militaire)

Oran

Ouillia
Blad el Hadjadj
Sidi Ali
Mazonna
Zemmorah (agrandt)

5
35
40
40
10

 

Mascara

Dra el Ramel
Froha
Aïn Fekan
Oued Traria
Nazereg

12
24

30

 

Tlemcen

Aïn Fezza

10

 

Constantine
(territoire Civil)

Jemmapes

Souk el Sebt

18

 

Sétif

St Donnat et zelai seigle

80

 

Sétif

Guettar el Aïech
Aïn Tims
Zacara en Fkaline
Sidi Merouan
Ferdouah
Bou Fouha
Zeraïa
Seraghina

30
40
12
40
14
7
40
40

 

Ff Constantine
(territoire militaire)

Batna

Aïn Touta
Krenchela

15
25

 

Djidjelli

Strasbourg
Duquesne
Cheddia (hameau)

70
20
20

 

Sétif

Aïn Abessa
Aïn Rouah
Aïn Tagrom

20
12
10

 

Bougie

La Réunion
El K’seur (Bitche)
Oued Amizour
Akbou

15
10
11
10

 

Borj bou areridj

Sidi M barech
Bordj Medjana

10
10

 

Pour mémoire
4 villages et 5 hameaux projetés dur lecercle de Bougie

Village
De
30 à 40 feux

El Maten
Ighzer amokean
Seddouck
Sidi Khéau

 

 

Hameaux
De
10 à 15 feux

Sidi Aïche
Oued Marsa
Beni Hassen
Beni Haman
Darguina

 

 

Le 2 octobre 1873, le 1er groupe est appelé. Ce sont les familles admises par la Commission Wolowsky. Il est composé de 31 familles.
Tous ne répondent pas à l’appel ; certains sont déjà en Algérie, d’autres sont déjà partis, d’autres ont renoncé.

 

 

 

Le 12 octobre 1873, c’est le au tour du 2e groupe formé de 4 familles d’être appelé

 

 

Le 16 octobre 1873, c’est le 3e groupe

 

 

 

Le 4e groupe est appelé le 30 octobre 1873

 

Le 5e groupe part le 30 octobre 1873

 

 

Le 6e groupe est appelé le 18 octobre 1873

Le 7e groupe est appelé le 6 novembre 1873

 

 

Le 8e groupe est appelé le 12 novembre 1873

 

Le 9e groupe le 26 novembre 1873

 

 

Le 10e groupe le 17 novembre 1873

 

Le 11e groupe le 27 novembre 1873

 

 

 

Le 12e groupe est formé par les militaires

 

 

Les autres groupes seront appelés début 1874


Le 13e groupe le 11 février 1874

Le 14e groupe le 16 février 1874

 

 

 

Le 15e groupe admis le 8 février 1874

 


                                                                                                                   

Le 16e groupe est admis le 8 février 1874 également

 

 

 

En octobre 1873, le comité d’Haussonville fait construire des maisons pour les émigrants alsaciens lorrains.

Une situation des mouvements des immigrants Alsaciens Lorrains donne les résultats suivants :

Etat des familles Alsaciennes et Lorraines admises par le Comité de colonisation de la Commission Wolowski
à dater du 20 août 1872 en mars 1874
Résultat constaté le 28 mai 1874 après les rectifications de Belfort

Numéro du groupe

Nbre de familles admises

Déjà en Algérie

Parties de France

Rayées

N’ayant pas répondu

Total égal aux admissions

Observations

1

32

3

14

10

5

32

 

2

4

 

3

1

 

4

 

3

18

7

6

3

2

18

 

4

9

 

5

 

4

9

 

5

34

9

17

3

5

34

 

6

6

 

6

 

 

6

 

7

29

1

20

1

7

29

 

8

28

9

15

1

3

28

 

9

36

 

19

7

10

36

 

10

13

 

7

5

1

13

 

11

29

3

 

2

7

29

 

12

46

 

 

 

 

46

Familles de militaires

13

22

6

11

3

2

22

 

14

29

13

9

 

7

29

 

15

21

19

 

2

 

21

 

Totaux

356

70

149

38

53

356

 

 

En avril 1874, l’autorité militaire cède la place à l’autorité civile. Il s’ensuit la suppression des vivres ainsi que la suppression des secours en argent et en habits.
Les alsaciens lorrains écrivent à leur ange gardien : le Comte de Haussonville pour lui demander de les aider comme il l’a déjà fait depuis toujours.
En voici un extrait :
« Par arrêté de Monsieur le Préfet de Constantine en date du 20 mai, les bœufs qui nous avaient été donnés par l’autorité militaire, ne nous sont plus que confiés par l’autorité civile et nous devons en rendre compte.
La paire de bœufs confiée au Né MARTZ vient de lui être volée, l’autorité civile, loin de faire opérer les recherches qu’elle ne peut pas, à la vérité, exiger du Commandement indigène se retranche derrière un mauvais vouloir qu’elle ne peut qu’à peine déguiser et se fâche quand on ne lui réclame que son bien.
Quant aux instruments aratoires, tels que charrue (chacun en a reçu une), herses (une herse pour trois colons alsaciens), c’est tout ce qui nous a été donné à l’Oued Amizour ; L’arrêté porte aussi que nous ne sommes que détenteur de ces instruments qui nous avaient été donnés suivant promesse avant notre départ de l’Alsace.
Or qui n’est que détenteur est loin d’être propriétaire.
L’arrêté mentionné plus haut qui a été affiché à la porte même d’un Alsacien conclut que l’Administration s’est jusqu’ici imposé des grandes charges, qu’elle ne saurait indéfiniment renouveler d’aussi lourds sacrifices ; que les immigrants doivent comprendre qu’ils ne doivent plus compter exclusivement sur son concours, mais qu’il est de leur devoir de veiller à leurs propres intérêts et de se créer des ressources au moyen de leur travail. Pour nous, des êtres qui n’ont plus de chez eux, et qui ont quitté leur pays natal vu la présence des Prussiens et alléchés par des pompeuses promesses. C’est à nous faire perdre la tête, nous, alsaciens arrivés à l’Oued Amizour depuis sept mois environ ne peuvent aux dires d’hommes très compétents, nous suffire de deux ans au moins ; Pourtant, nous nous demandons tous les jours quels sont les si grands sacrifices qu’ait fait pour nous l’administration surtout l’administration civile, pour que tout l’argent réuni par les Comités soit épuisé et qu’on  nous laisse à nos propres ressources et avec la perspective peu engageante de mourir de faim

Signatures : S.Cherny                 Sellet              Fehr            Marte           Genk     Shreiter
Ottenwaelter       Widemann     Midemann

 

En Janvier 1874, parmi les villages peuplés par l’immigration alsacienne lorraine :

  1. Souk el Haâd (création) : 10 feux
  2. Reybéval (agrandissement) : 12 feux
  3. Bordj Menaël (agrandissement) : 7 feux
  4. Zaatra (création) : 30 colons
  5. Col des Beni Aïcha (agrandissement) : 3 feux
  6. Belle Fontaine (agrandissement) : 31 feux
  7. Palestro (agrandissement) : 12 feux et 2 attendus
  8. Oued Fodda (création) : 34 feux et 26 attendus
  9. Beni Amran (création) : 5 feux

 

Et bien d’autres à venir …………..

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